Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com
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enforcent l’une l’autre. L’in<strong>com</strong>préhension au p<strong>la</strong>n intellectuel crée l’émotion.L’émotion rend le mental encore un peu plus aveugle. Le but est donc <strong>de</strong> contribuer à <strong>la</strong>diminution <strong>de</strong>s émotions jusqu’à <strong>la</strong> liberté vis-à-vis <strong>de</strong>s émotions. Je préfère dire « libre<strong>de</strong>s émotions » plutôt que « sans émotions » car une pierre ou un morceau <strong>de</strong> bois sontaussi sans émotions et ce n’est évi<strong>de</strong>mment pas là l’idéal dont il s’agit. <strong>Les</strong> émotions ontfait p<strong>la</strong>ce au sentiment.Alors les hommes peuvent se <strong>com</strong>prendre. Pour tous ceux qui ont <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s’adresser au public : écrivains, journalistes, artistes, cinéastes, auteurs <strong>de</strong> radio et <strong>de</strong>télévision — et qui cherchent à vivre consciemment — il y a là un critère simple pourapprécier leurs propres œuvres. Il existe toutefois <strong>de</strong>ux sortes d’émotions : celles quirenforcent l’attachement à l’ego et celles qui en é<strong>la</strong>rgissent les intérêts. Tant qu’un être<strong>de</strong>meure susceptible d’émotions — et que cherche-t-on dans <strong>la</strong> presque totalité <strong>de</strong>sspectacles, <strong>de</strong>s lectures, <strong>de</strong>s œuvres d’art sinon <strong>de</strong>s émotions ? — ces émotions sont <strong>de</strong>qualité différente. Certaines accentuent le sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparation, <strong>la</strong> crispation <strong>de</strong> l’ego surlui-même, le refus <strong>de</strong>s opinions différentes. Rentrent dans cette catégorie les émotions quiexaltent <strong>la</strong> supériorité du milieu, <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture, du pays auxquels ons’i<strong>de</strong>ntifie et conduisent au mépris <strong>de</strong>s autres <strong>com</strong>munautés. Certaines émotions aucontraire ouvrent l’ego vers tout ce qui n’est pas lui. Certaines émotions abaissent,d’autres élèvent jusqu’à ce qu’ait été découverte <strong>la</strong> nature illusoire <strong>de</strong> l’émotion, ce quiconduit à <strong>la</strong> plénitu<strong>de</strong>.Aussi longtemps qu’il y a absorption <strong>de</strong>s influences, possibilité d’être impressionné,cette absorption produit le <strong>com</strong>plexe corps-mental, l’ego, l’être re<strong>la</strong>tif « moi » impliquantle sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparation.Cet ego peut être érodé, dissous ou — ce qui revient au même — é<strong>la</strong>rgi, épanoui. Unego vaste est le contraire d’un ego hypertrophié. L’ego peut aussi être renforcé, durci.C’est ce<strong>la</strong>, et ce<strong>la</strong> seulement qui pourrait être considéré <strong>com</strong>me « bien » et « mal » selonun critère non subjectif et qui ne dépen<strong>de</strong> pas <strong>de</strong>s préférences <strong>de</strong> chacun.Tant qu’un homme est encore situé au p<strong>la</strong>n re<strong>la</strong>tif et dépendant, <strong>la</strong> seule façon pour lui<strong>de</strong> se libérer immédiatement <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison du bien et du mal est d’abandonner cettedistinction pour celle <strong>de</strong> « plus près » ou « plus loin »du but. Bien sûr, il s’agit encored’une distinction. En vérité, dans le poing replié <strong>la</strong> main déployée est déjà là.Cette perspective s’applique aussi à cet aspect particulier du bien et du mal qu’est celuidu beau et du <strong>la</strong>id, donc à <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s artistes.L’art est l’expression (ou l’imitation <strong>de</strong>s expressions) <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. Il y a donc toutessortes <strong>de</strong> niveaux d’art selon les niveaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie représentés. Aucune œuvre d’art,aucune forme, ne peut représenter l’Absolu, l’Informel. Seuls certains symboles — unpoint, un cercle, une surface vi<strong>de</strong> — peuvent orienter dans cette direction <strong>com</strong>me « ledoigt qui pointe vers <strong>la</strong> lune, tant pis pour ceux qui regar<strong>de</strong>nt le doigt ». Mais <strong>de</strong>s œuvresd’art peuvent évoquer ou rappeler le but <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie ou exprimer le chemin vers ce but.*