séparation. S’il y a <strong>de</strong>ux, <strong>de</strong>ux sont différents, toujours. Mais ils sont les manifestations<strong>de</strong> <strong>la</strong> même unique réalité. L’acceptation <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence est <strong>la</strong> voie vers l’unité. Endonnant à mon prochain le droit d’être luimême, je me libère <strong>de</strong> mon esc<strong>la</strong>vage à sonégard, je me donne à moi aussi le droit d’être moimême, en ang<strong>la</strong>is : my self mon moi.Mon soi est le chemin du Soi (the Self).Être emporté, c’est être un autre. Encore <strong>la</strong> dualité, alors que le but <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie est d’êtreun sans idée d’un second. Quand je suis emporté, ce n’est pas « je » qui « fait », qui « agit». Or il y a bien quelqu’un qui parle, qui intervient, qui «réagit ». Ce quelqu’un est unautre que moi, que « mon soi ». « Je » est réduit au silence. Il y a <strong>de</strong>ux. C’est tout letemps ainsi. L’adhyatma yoga, ou chemin vers le Soi, est <strong>la</strong> démarche inverse. Si « je »maintiens l’autre, être ou objet, à sa propre p<strong>la</strong>ce et en son propre droit, je <strong>de</strong>vienslibrement lui et il <strong>de</strong>vient moi. L’unité est exactement le contraire <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification.C’est <strong>la</strong> voie qui va du re<strong>la</strong>tif à l’Absolu. L’ego a sa propre exigence d’absolu : il veutque tout soit parfait... tel qu’il l’entend. Sa perfection à lui, il veut <strong>la</strong> trouver dans l’amouret il est toujours déçu, dans le métier et il est toujours déçu, chez lui, au parti ou au club etil est toujours déçu. Il veut faire du re<strong>la</strong>tif l’Absolu parce que le petit enfant croyait etvou<strong>la</strong>it que l’amour et <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> son père et <strong>de</strong> sa mère soient absolus. L’egon’accepte ni les différences ni les changements qui le mettent en question. Il n’acceptepas <strong>la</strong> mort.L’ego a raison <strong>de</strong> vouloir l’Absolu. L’homme ne peut se satisfaire que <strong>de</strong> l’Absolu.Mais l’ego le cherche là où il n’est pas.L’ego ne sait pas que <strong>la</strong> mort et <strong>la</strong> naissance sont une seule et même chose, qu’il n’y apas <strong>de</strong> mort sans naissance et <strong>de</strong> naissance sans mort, qu’un même unique terme désignecette double réalité et que ce terme c’est « fluxL’ego ne sait pas que l’Absolu est là, dans le re<strong>la</strong>tif. L’Absolu est l’Absolu s’il n’y apas un autre que Lui. S’il y a un autre en face <strong>de</strong> lui, l’Absolu n’est plus l’Absolu. Dire,<strong>com</strong>me on le fait souvent, que l’Absolu est « au<strong>de</strong>là » du re<strong>la</strong>tif, c’est poser le re<strong>la</strong>tif «en <strong>de</strong>çà » <strong>de</strong> l’Absolu. En termes d’advaïta, nondualisme, Dieu n’est Dieu que sil’homme est Dieu. L’Absolu n’est l’Absolu que si le re<strong>la</strong>tif est l’Absolu. Le re<strong>la</strong>tif estl'Absolu s’il est totalement accepté en tant que re<strong>la</strong>tif si on lui retire toute fausse valeurd’absolu.Si, re<strong>la</strong>tivement, je suis moimême et non pas « un autre », si, re<strong>la</strong>tivement, je vois etsens l’objet en face <strong>de</strong> moi et non pas « un autre », le re<strong>la</strong>tif peut être l’Absolu, ici etmaintenant.À cet instant, je m’éveille et je suis dans <strong>la</strong> vérité. Qu’estce qui m’empêche <strong>de</strong><strong>de</strong>meurer dans <strong>la</strong> vérité ? Je dois écarter, supprimer ce qui me condamne à quitter lemon<strong>de</strong> pour retourner dans mon mon<strong>de</strong>, ce qui me condamne à ne plus être moimêmemais un autre, ce qui me condamne à <strong>la</strong> dualité au<strong>de</strong>dans et avec l’extérieur, ce qui mecondamne à être emporté et i<strong>de</strong>ntifié.Pour en être délivré, je dois d’abord le découvrir. Je dois <strong>de</strong>venir plus fort que <strong>la</strong> force
<strong>de</strong> l’habitu<strong>de</strong> et <strong>la</strong> force <strong>de</strong>s réactions.La réaction est <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sortes soit <strong>la</strong> réaction <strong>de</strong> <strong>com</strong>pensation, soit <strong>la</strong> réactiond’inertie. Par exemple, je n’ai pas d’argent. Je peux réagir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux façons « J’aurai <strong>de</strong>l’argent », ou « Je n’en aurai jamais. » Toute action ou toute situation peut faire naître enmoi, soit le dynamisme contraire, <strong>com</strong>pensateur, soit le dynamisme <strong>de</strong> continuation(force d’inertie), sous forme d’émotion, <strong>de</strong> pensée ou <strong>de</strong> <strong>com</strong>portement. Dans <strong>la</strong> réactionje ne suis jamais moimême, c’estàdire un, mais toujours un autre, c’estàdire <strong>de</strong>ux.Intérieurement et extérieurement mon mon<strong>de</strong> subjectif et le mon<strong>de</strong> réel objectif sesuperposent. Ma vie se déroule <strong>com</strong>me un film exposé <strong>de</strong>ux fois et qui donne sur l’écran<strong>de</strong>ux images en même temps.Je vais prendre un exemple aussi simple que possible. Quelques amis et amies sontréunis dans <strong>la</strong> même maison quand, tard le soir, <strong>la</strong> sonnerie du téléphone retentit. Le faitobjectif certain est « Le téléphone sonne. » À cette réalité chacun surimpose son mon<strong>de</strong>individuel. Une mère sent « Mon fils a eu un acci<strong>de</strong>nt d’auto » ; un mé<strong>de</strong>cin: « J’ai donnéce numéro à <strong>la</strong> clinique, c’est <strong>la</strong> sagefemme qui m’appelle » ; un amant « Ça y est c’estelle, je lui avais dit <strong>de</strong> ne pas m’appeler ici » ; etc. En fait, aucune <strong>de</strong> ces interprétationsn’est juste.Cet échantillon banal est lourd <strong>de</strong> signification et d’enseignement en ce qui concerne<strong>la</strong> tragique dualité du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong> car il illustre <strong>de</strong> façon évi<strong>de</strong>nte ce qui necesse <strong>de</strong> se passer. Personne n’a entendu <strong>la</strong> sonnerie, puisque cette sonnerie n était rien <strong>de</strong>ce que chacun a cru. Individuellement, tous les participants à <strong>la</strong> soirée ont entendu leursonnerie, une sonnerie mensongère, illusoire. Y atil <strong>la</strong> moindre possibilité d’unité et <strong>de</strong><strong>com</strong>préhension lorsque jouent <strong>de</strong> tels mécanismes?Que pouvonsnous espérer, tant que notre mental fonctionnera impunément, si ce n’est<strong>la</strong> mésentente, <strong>la</strong> déception, <strong>la</strong> frustration? Le mental est l’ennemi <strong>de</strong> l’amour et l’ennemidu bonheur.Avoir ou être ? La civilisation <strong>de</strong> consommation, inhumaine et aberrante, nous imposedès l’enfance <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> l’avoir donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance. Une civilisation juste, dès notreenfance, nous ai<strong>de</strong> à être et à croître.Être, c’est simplement être indépendant et, pour <strong>com</strong>mencer, avoir sa dépendance ensoimême. Ce que nous avons si longtemps cherché à avoir nous le sommes. Alors,<strong>com</strong>mence <strong>la</strong> possibilité du véritable nonégoïsme, du véritable amour. Je ne crains plusrien parce que je n’ai plus rien à perdre, je ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> plus rien parce que je n’ai plusrien à gagner. Si je suis <strong>la</strong> paix, <strong>la</strong> joie, <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong>, cette paix, cette joie, cette certitu<strong>de</strong>sont inépuisables. Je peux donner, donner, donner. Ce que nous sommes, nous pouvons ledonner aux autres, indéfiniment, nous le sommes toujours. Ce que nous avons, si nous ledonnons, nous le perdons. Ce que nous avons a toujours une limite. Même le <strong>com</strong>pte enbanque d’Onassis a une limite. Mais ce que nous sommes peut être illimité.Si je suis <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong>, je ne cherche plus quelqu’un pour me confirmer dans mes*
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peut pas envisager. Et, pourtant, c
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toutes choses. » Quel homme ? L’