conflit, <strong>la</strong> répression inconsciente et <strong>la</strong> névrose. Quand les cadres <strong>de</strong> l’existences’estompent ou s’effritent, <strong>la</strong> poussée <strong>de</strong>s instincts et <strong>de</strong>s pulsions, <strong>la</strong> division intérieureentre les tendances contradictoires, tous les « problèmes personnels » finissent pardéferler sur cette société sans consistance. C’est une loi que l’histoire a toujours vérifiée.Mais, surtout, ces structures offraient aussi toujours <strong>la</strong> soupape <strong>de</strong> <strong>la</strong> vraie libération. Lereligieux, le sannyasin, est au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s castes et affranchi <strong>de</strong>s lois. Il n’a plus ni état civilni i<strong>de</strong>ntité personnelle.Si l’on s’intéresse aux spiritualités orientales, aux enseignements traditionnels, àl’ésotérisme, au védanta, au yoga, il faut voir en face cette première vérité : il s’agit <strong>de</strong>libération et <strong>de</strong>s moyens qui y conduisent et il ne s’agit <strong>de</strong> rien d’autre. A moins qu’on netrouve normal <strong>de</strong> faire sauter <strong>de</strong>s ponts, dérailler <strong>de</strong>s trains, exploser <strong>de</strong>s bombes, sansbut, pour <strong>la</strong> beauté <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose en elle-même, sans savoir ni pourquoi, ni ce que l’on veut,ni où l’on va.Des hommes libres n’ont aucune raison <strong>de</strong> lutter et <strong>de</strong> souffrir pour gagner unelibération qu’ils ont déjà. Le chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sagesse</strong>, le yoga, <strong>la</strong> religion s’adressent donc à<strong>de</strong>s hommes qui ne pensent pas du tout qu’ils sont libres, qui ont reconnu, au contraire,qu’ils n’étaient pas libres. Une libération ne peut concerner que <strong>de</strong>s hommes répondant àl’une <strong>de</strong>s conditions suivantes : asservis, soumis, dépendants, esc<strong>la</strong>ves, prisonniers. Parconséquent, si l’on n’est pas absolument convaincu <strong>de</strong> sa servitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> sa soumission, <strong>de</strong>sa dépendance, <strong>de</strong> son esc<strong>la</strong>vage et <strong>de</strong> sa prison, on n a rien à faire dans <strong>la</strong> spiritualité, leyoga ou le zen. Il ne s’agirait que <strong>de</strong> malentendu, contradiction, inconséquence,amateurisme. Je ne pense pas que <strong>de</strong>s prisonniers <strong>de</strong> Buchenwald auraient trouvé drôles<strong>de</strong>s gens jouant à s’éva<strong>de</strong>r d’un camp <strong>de</strong> déportation. Je ne trouve pas non plus très utile<strong>de</strong> jouer à <strong>la</strong> méditation, au yoga, à l’ascèse, à <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> soi, etc., si l’on nesuffoque pas dans sa prison.Quand on est prisonnier, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux choses l’une. Ou bien on se satisfait <strong>de</strong> sa geôle : lesgardiens sont gentils, <strong>la</strong> nourriture est bonne et <strong>la</strong> bibliothèque bien fournie, il y a un filmle samedi et on peut recevoir <strong>de</strong>s visites tous les jours. Ou bien on a <strong>com</strong>me but premier<strong>de</strong> s’éva<strong>de</strong>r: <strong>la</strong> prison est un camp <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, <strong>la</strong> salle d’attente <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction finale ;les gar<strong>de</strong>s-chiourme ont les pleins pouvoirs ; ni le cinéma hebdomadaire, ni le p<strong>la</strong>t sucré<strong>de</strong>s dimanches et jours <strong>de</strong> fête, ni l’homosexualité forcée ne peuvent donner le change.Que fait alors un directeur avisé ? Il promet aux prisonniers une amélioration <strong>de</strong> leur sortet il leur confie quelques responsabilités. Ceux qu’il tient en son pouvoir imaginenttrouver un sens à leur vie sans avoir besoin <strong>de</strong> prendre les risques et d’encourir lesdangers inhérents à toute évasion, même avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> libérateurs agissant <strong>de</strong> l’extérieur.Et ils oublient leur projet.N’importe qui peut lire Freud, Mé<strong>la</strong>nie Klein ou Françoise Dolto et même toutexpliquer par <strong>la</strong> psychanalyse <strong>de</strong>puis les événements <strong>de</strong> mai 68 jusqu’à <strong>la</strong> constipation <strong>de</strong>sa belle-mère. Mais pour entreprendre et surtout poursuivre une psychanalyse, avec cequ’une telle entreprise coûte à tant d’égards, il faut en ressentir l’impérieuse nécessité.N’importe qui peut vibrer aux paroles du Christ, respirer alternativement par les <strong>de</strong>uxnarines, se prosterner <strong>de</strong>vant tous les gurus hindous et tibétains connus, rester immobile
les jambes croisées, pleurer <strong>de</strong> bonne foi sur sa corruption, collectionner et lire les textessacrés, parler avec enthousiasme <strong>de</strong> ses découvertes. Mais pour s’engager et avancer surle chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sagesse</strong>, même péniblement et lentement, il faut d’abord être certain <strong>de</strong> sadépendance, son aliénation, son esc<strong>la</strong>vage, ou encore nullité et son inexistence en tantqu’être humain digne <strong>de</strong> ce nom. Tous les enseignements traditionnels sont unanimesdans <strong>la</strong> sévérité <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s hommes « perdus », « déchus », « morts », «endormis », « stériles », « aveugles », « prisonniers » .Pour vouloir et pouvoir se libérer d’un asservissement, il faut être convaincu que l’onse trouve en effet prisonnier. Être convaincu <strong>de</strong> son emprisonnement implique une idée<strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté, <strong>com</strong>me se savoir ma<strong>la</strong><strong>de</strong> implique une idée <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé. Tout homme porteen lui, tout homme a toujours porté en lui, le goût <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté, le besoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté, ouplutôt l’idée, le goût et le besoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> libération. Mais tous ne considèrent pas <strong>de</strong> <strong>la</strong>même façon leur prison, ni leur libération. Aujourd’hui, selon l’opinion courante, <strong>la</strong>prison est dans les conditions, <strong>la</strong> libération dans le changement <strong>de</strong>s conditions par <strong>la</strong> luttepolitique ou syndicale, par <strong>la</strong> révolution, par <strong>la</strong> technique: « <strong>la</strong> machine libérera l’homme». Pour d’autres, dépendre <strong>de</strong>s circonstances extérieures est en soi-même <strong>la</strong> prison.La servitu<strong>de</strong> n’est pas au-<strong>de</strong>hors mais au-<strong>de</strong>dans <strong>de</strong> nous. Certes, nous sommes soumisen esc<strong>la</strong>ves aux pressions, influences, stimu<strong>la</strong>tions qui nous impressionnent <strong>de</strong> l’extérieuret auxquelles nous réagissons. Mais le mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison est en nous, le gardien <strong>de</strong> <strong>la</strong>prison est en nous.Si <strong>la</strong> notion orientale <strong>de</strong> libération ou délivrance (mukti, moksha) était connue <strong>de</strong>puislongtemps en Europe par tous ceux qui avaient quelque idée <strong>de</strong> l’hindouisme, <strong>la</strong> plupart<strong>de</strong>s Occi<strong>de</strong>ntaux informés n’estimaient nullement qu’elle puisse les concerner eux aussi.En effet, cette libération était toujours définie <strong>com</strong>me: échapper au samsara, se libérer<strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>de</strong>s morts et <strong>de</strong>s naissances, <strong>de</strong> <strong>la</strong> transmigration. Comme 99 % <strong>de</strong>sEuropéens ne « croient pas à <strong>la</strong> réincarnation », considérée <strong>com</strong>me une superstitionasiatique, <strong>la</strong> question était close : les hindous et les bouddhistes consacrent leurs efforts àse libérer d’une servitu<strong>de</strong> qui n’existe pas.Il a fallu <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong>s «pouvoirs» (siddhis) <strong>de</strong> certains yogis, <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong>ssages les plus convaincants par le seul rayonnement <strong>de</strong> leur présence, pour que se répan<strong>de</strong>peu à peu, dans l’opinion publique mondiale, l’idée que l’Asie avait conservé unespiritualité vivante <strong>de</strong> valeur universelle. On s’aperçut qu’il y avait quelque chose <strong>de</strong> vraidans le « fatras <strong>de</strong>s doctrines orientales », et quelque chose qui <strong>de</strong>meurait vrai même sansadmettre a priori <strong>la</strong>dite croyance en <strong>la</strong> réincarnation.L’enseignement <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison et <strong>de</strong> <strong>la</strong> libération <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison se révé<strong>la</strong>it véridique ausein même d’une seule existence et concernait tous les hommes. En même temps, selonses propres métho<strong>de</strong>s, l’Europe découvrait le pouvoir <strong>de</strong> l’inconscient psychologique sur<strong>la</strong> raison humaine et niait les prétentions <strong>de</strong> celle-ci à l’autonomie. Il était au moins admisque <strong>la</strong> conscience <strong>de</strong> l’homme est soumise à son inconscient et que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> nos actesnous sont imposés par une source en nous, inconnue, refusée, mais <strong>com</strong>bien efficiente.Ce<strong>la</strong>, l’Asie le sait <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> nuit <strong>de</strong>s temps, puisque les enseignements ont d’abord été
- Page 1 and 2:
Les chemins de la sagesse - Arnaud
- Page 3 and 4:
pas, comme des frères et comme des
- Page 5 and 6:
peut devenir un sage. J’en ai app
- Page 7 and 8:
que si je pouvais atteindre l'Illim
- Page 9 and 10:
tant que vague n’est rien, tellem
- Page 11 and 12:
hindou, je suis coupé du musulman,
- Page 13 and 14:
maîtres hindous mettent au contrai
- Page 15 and 16:
suis brun. » Personne ne songerait
- Page 17 and 18:
Libération. Comment pourraitil y
- Page 19 and 20:
voir, voir où sont la dépendance
- Page 21 and 22:
pensées, le pivot autour duquel le
- Page 23 and 24:
frapper un enfant inoffensif à cou
- Page 25 and 26:
Depuis la petite enfance, sous la p
- Page 27 and 28:
informations sur ce qui se passe av
- Page 29 and 30:
échantillon. Il ne succombe plus p
- Page 31 and 32:
vers une simplification de plus en
- Page 33 and 34:
3. Trouver son maîtreToute science
- Page 35 and 36:
éducation s’est conservée tant
- Page 37 and 38:
sexuelles mais de pouvoir les arrê
- Page 39 and 40:
Cette dépendance du passé déterm
- Page 41 and 42:
chirurgie psychique extrêmement cr
- Page 43 and 44:
une nécessité, comme de manger, o
- Page 45 and 46:
s’éliminent d’euxmêmes à l
- Page 47 and 48:
mangerez un champignon dont vous ê
- Page 49 and 50:
immuable, permanente à laquelle ri
- Page 51 and 52:
plus de maîtrise sur soi et sur le
- Page 53 and 54:
certains, qui n’avaient besoin ni
- Page 55 and 56:
fortes chances, s’ils ne sont pas
- Page 58 and 59:
5. Oser dire ouiAujourd’hui, ma v
- Page 60 and 61:
suis » dans toutes les plantes, to
- Page 62 and 63:
comportement une série de réactio
- Page 64 and 65:
toutes choses concourent au bien de
- Page 66 and 67:
cramponnons aux émotions agréable
- Page 68 and 69:
l’ego, une des meilleures attrape
- Page 70 and 71:
prenons toujours nos réactions pou
- Page 72 and 73:
accepte, s’ouvre, s’élargit, p
- Page 74 and 75:
mettons pas en doute la situation d
- Page 76 and 77:
se situe en dehors de cette catégo
- Page 78 and 79:
notions intellectuelles discutées.
- Page 80 and 81:
ares, très rares sont ceux qui par
- Page 82 and 83:
Bouddha, Nagarjuna ou Bodhidharma e
- Page 84 and 85:
J’ai assez voyagé et travaillé
- Page 86 and 87:
s’agit et de la transformation po
- Page 88 and 89:
éunion d’une tariqa et on me fit
- Page 90 and 91:
Ces affirmations sont présentées
- Page 92 and 93:
intervient, justement, la libérati
- Page 94 and 95:
Libéré, libération. Le sage est
- Page 96 and 97:
Le drame de la plupart des existenc
- Page 98 and 99:
l’Identité suprême, l’identit
- Page 100 and 101:
peuvent pas s’empêcher de fumer.
- Page 102 and 103: demeure présent, bien présent, da
- Page 104 and 105: (tenue de la colonne vertébrale, c
- Page 106 and 107: Si nous sommes emportés par nos mo
- Page 108 and 109: L’expérience montre que la pens
- Page 110 and 111: liquidée — au prix d’un abando
- Page 112 and 113: 3. Vivre au présentNon seulement l
- Page 114 and 115: qu’aucune véritable croissance d
- Page 116 and 117: éphémères et sans peines passag
- Page 118 and 119: feu, et pour la réadaptation au mo
- Page 120 and 121: que luimême. Te voilà, lecteur,
- Page 122 and 123: « miséreuxL’horreur des banlieu
- Page 124 and 125: Qui ne s’est écrié : « Ah! ne
- Page 126 and 127: Soi impersonnel, il est vrai aussi
- Page 128 and 129: séparation. S’il y a deux, deux
- Page 130 and 131: opinions. Si je suis la paix, je ne
- Page 132 and 133: L’opposition plus ou moins incons
- Page 134 and 135: ultrasensible éprouve la séparati
- Page 136 and 137: L’homme ou la femme ordinaire —
- Page 138 and 139: » à plusieurs deviennent ou redev
- Page 140 and 141: les femmes, beaucoup de femmes cher
- Page 142 and 143: par l’énergie fondamentale, l’
- Page 144 and 145: s’il est un homme ou une femme, l
- Page 146 and 147: L’homme et la femme qui s’aimen
- Page 148 and 149: et si l’on tient compte de tous l
- Page 150 and 151: contemporain peutil accepter de v
- Page 154 and 155: transmis oralement avant d’être
- Page 156 and 157: distinction entre être et non-êtr
- Page 158 and 159: elative peut être nié au nom de l
- Page 160 and 161: faut faire alors attention à ne pa
- Page 162 and 163: qu’ils sont plus ou moins éloign
- Page 164 and 165: En sanscrit vairagya signifie la di
- Page 166 and 167: Entre le monde sensible, ou physiqu
- Page 168 and 169: vérité doit faire le chemin inver
- Page 170 and 171: propensions, soient mises en jeu. L
- Page 172 and 173: manifestation d’une division int
- Page 174 and 175: est en lui et qu’il ne veut pas l
- Page 176 and 177: le voir et l’accepter. Plus ses a
- Page 178 and 179: aspirations, ses craintes, sa souff
- Page 180 and 181: quelqu’un nous pose la question :
- Page 182 and 183: particulier. En beaucoup il y a un
- Page 184 and 185: chercher et trouver un maître —
- Page 186 and 187: maîtres » sévissant en France n
- Page 188 and 189: exemples à l’infini. Ce que nous
- Page 190 and 191: considérée comme un bien. Le bien
- Page 192 and 193: parlait de guerre et de levées de
- Page 194 and 195: commettre l’acte, il peut avoir d
- Page 196 and 197: son accomplissement parfait. Ce seu
- Page 198 and 199: suggérer qu’il devrait toujours
- Page 200 and 201: de ce qu’il ressent comme bon et
- Page 202 and 203:
mental, psychique, subtil. Tout ce
- Page 204 and 205:
leur enfance l’éducation appropr
- Page 206 and 207:
« criminel ou non », « acceptabl
- Page 208 and 209:
enforcent l’une l’autre. L’in
- Page 210 and 211:
Il faut toutefois tenir compte du f
- Page 212 and 213:
mental. Elles consistent à fixer s
- Page 214 and 215:
Gautama ? Le prince-moine a d’abo
- Page 216 and 217:
attachés au succès, à l’argent
- Page 218 and 219:
ont encore besoin de leur gloire, i
- Page 220 and 221:
une affinité spéciale avec lui le
- Page 222 and 223:
Le désir de gloire et le désir d
- Page 224 and 225:
Cette subjectivité : je veux cet h
- Page 226 and 227:
Dharma régit artha et kâma et rep
- Page 228 and 229:
que je sois dans cette profession e
- Page 230 and 231:
mon épouse. » « Je l’ai accept
- Page 232 and 233:
distinction peut paraître, au prem
- Page 234 and 235:
souffrance. Or ceci n’est que le
- Page 236 and 237:
peut pas envisager. Et, pourtant, c
- Page 238 and 239:
de la psychologie mais la Réalité
- Page 240:
toutes choses. » Quel homme ? L’