jour, indéfiniment. Le disciple <strong>de</strong>meure toujours dans le re<strong>la</strong>tif, certes. Mais il accé<strong>de</strong>ratôt ou tard à l’absolu, à <strong>la</strong> perfection au vrai sens d’achèvement. Comment,géométriquement, une ligne courbe dont on diminue <strong>la</strong> courbure peutelle se confondreavec <strong>la</strong> ligne droite ? Aujourd’hui, dans le temps, voilà qu’un apprenti qui était incapable<strong>de</strong> p<strong>la</strong>nter un clou sans le tordre sait p<strong>la</strong>nter un clou. « Il a ça dans le sang », dit <strong>la</strong> <strong>sagesse</strong>popu<strong>la</strong>ire ce<strong>la</strong> fait partie <strong>de</strong> son être. L’apprenti peut passer à l’étape suivante et un jour ilexécutera à son tour son chefd'œuvre, une merveille d’ébénisterie, et il <strong>de</strong>viendra «maître ». Plus tard il aura aussi <strong>de</strong>s élèves et <strong>la</strong> chaîne <strong>de</strong>s maîtres n’est pas rompue, <strong>la</strong>transmission <strong>de</strong> l’enseignement se poursuit. Mais pas un enseignement dans l’air, dans legénéral: un enseignement dans le concret, toujours personnalisé.D’échantillon en échantillon, le disciple progresse <strong>de</strong> vérité en vérité, <strong>de</strong> véritére<strong>la</strong>tive, c’estàdire reliée à un certain p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> manifestation, à une autre véritére<strong>la</strong>tive. La vérité n’est jamais ce qui <strong>de</strong>vrait être mais toujours ce qui est. Cetteprogression exige une vigi<strong>la</strong>nce perpétuelle. Car l’ego est tout le temps là qui essaye <strong>de</strong>sauver sa peau et <strong>de</strong> ramener <strong>la</strong> sadhana à une prétendue ascèse qui vienne le servir.L’ego n’aime pas tel attachement qui lui dép<strong>la</strong>ît. « Eh bien, pensetil, s’il existe <strong>de</strong>smoyens <strong>de</strong> me libérer, je les utilise ; s’il faut voir, je verrai. » Cette attitu<strong>de</strong> conduit à uneimpasse. Le critère <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité c’est qu’il ne faut jamais vouloir détruire mais accepteravant <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser disparaître. Maya, l’hypnotisme du mensonge, est toujours là aussi. Elleac<strong>com</strong>pagne le sadhaka dans ses plus authentiques moments <strong>de</strong> vision, elle le tient par <strong>la</strong>main, elle lui permet une petite expérience <strong>de</strong> vérité et tout <strong>de</strong> suite lui dit : « Tu vois, tues dans <strong>la</strong> vérité, enfin tu vois <strong>la</strong> différence. » Et c’est déjà fini. L’ego s’est déjà appropriéce moment d’éveil et le règne <strong>de</strong> Maya continue.Qu’estce qui fait aujourd’hui ma certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> n’être qu’une vague et non l’océan ?Mes désirs et leur négatif, mes refus (donc mes peurs que ce que je refuse me soitimposé). Si j’étais l’océan je ne pourrais rien désirer. Qu’estce que l’océan qui est tout etqui contient tout en luimême peut désirer à part se manifester par <strong>la</strong> multiplicité (<strong>la</strong> plusgran<strong>de</strong> multiplicité possible) et le changement (le plus <strong>de</strong> changement possible) ? Tout sepasse en lui. Une vague peut désirer bien <strong>de</strong>s choses : être plus haute, plus <strong>la</strong>rge, pluslente, plus rapi<strong>de</strong>, et elle peut tout craindre : le bateau qui <strong>la</strong> fend, le rocher qui <strong>la</strong> brise.L’océan ne peut rien désirer. Pour lui il n’y a plus ni bon ni mauvais. La connaissance <strong>de</strong>soi, <strong>la</strong> seule connaissance libératrice, <strong>com</strong>mence donc avec <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>s désirs et<strong>de</strong>s refus, <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>s émotions — j’aime, c’est bon ; je n’aime pas, c’estmauvais —, qui tissent une existence humaine. Regardons, voyons, pas le désir mais cedésir, pas <strong>la</strong> souffrance mais cette souffrance, ce désir qui est le mien et pas celui duvoisin, cet échantillon. De l’échantillon on remonte à <strong>la</strong> source : <strong>de</strong>s émotions enapparence très différentes se révèlent <strong>com</strong>me les expressions d’une même émotionfondamentale. <strong>Les</strong> naturalistes ont constaté que <strong>de</strong>s dizaines d’animaux différents, trèsgrands, tout petits, vivant dans l’eau, sur terre, dans les arbres, avec ou sans poils, avec ousans cornes, avec ou sans queue, avaient tous un trait <strong>com</strong>mun et on les a appelés <strong>de</strong>smammifères. La souris est un mammifère et <strong>la</strong> baleine est un mammifère . Des désirs et<strong>de</strong>s craintes en apparence si variés et nombreux se ramènent à quelques gran<strong>de</strong>s émotionspersonnelles permanentes dont on retrouve <strong>la</strong> marque partout. La connaissance <strong>de</strong> soi va
vers une simplification <strong>de</strong> plus en plus gran<strong>de</strong>.Lorsqu’en cherchant à être soimême, à être sage et non pas à avoir l’air d’un sage, ontrouve une vérité, il n’y a qu’un critère qui puisse prouver qu’on est arrivé à une véritabledécouverte. C’est une vision qui ne déclenche plus en nous d’émotion, ni <strong>de</strong> déception ou<strong>de</strong> révolte ni d’enthousiasme — car l’excitation du succès est une réaction, une<strong>com</strong>pensation qui cache encore quelque chose.La vision juste est libre <strong>de</strong> toute coloration émotionnelle. <strong>Les</strong> émotions ont fait p<strong>la</strong>ce àce sentiment d’adhésion, d’adhésion à ce qui est reconnu <strong>com</strong>me vrai. C’est le oui, au<strong>de</strong>làdu « j’aime » et « je n’aime pas ». Sur ce point précis <strong>la</strong> vérité a été « découverte ».Tant qu’un trait <strong>de</strong> nousmêmes ou une situation dans <strong>la</strong> vie suscite encore une réaction,c’est que je suis touché dans mon ego donc qu’il y a encore quelque chose que je n’ai pasvu et par quoi je suis emporté malgré moi. Car on est toujours libéré, libre, <strong>de</strong> ce qu’on atotalement vu et on n’a totalement vu que ce qu’on a <strong>com</strong>plètement été. On ne connaîtque ce qu’on a « dans le sang ». Il faut se connaître, connaître ses peurs, ses mensonges,ses attachements <strong>com</strong>me un bon mécano connaît les voitures.Si une chose est, elle est. Ne pas <strong>la</strong> voir ne change rien au fait qu’elle soit là et rendmême <strong>la</strong> situation encore plus dangereuse. Tous les abîmes <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> désespoir, <strong>de</strong>lâcheté, d’agressivité, <strong>de</strong> mensonge que le disciple <strong>com</strong>mençant l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> soi sérieusesent s'ouvrir en lui <strong>com</strong>me <strong>de</strong>s gouffres terrifiants doivent être vus et éc<strong>la</strong>irés. Aussiinacceptables soientils, ces enfers, s’ils sont en nous, doivent être acceptés. Car <strong>la</strong> paixest au fond, au fond du fond. Ce n’est pas en leur tournant le dos que vous trouverez leRoyaume <strong>de</strong>s Cieux. Car le Royaume <strong>de</strong>s Cieux n’est pas à l’opposé, il est <strong>de</strong>rrière. Pourl’atteindre, il faut traverser les enfers. Certains jours <strong>de</strong> novembre ou <strong>de</strong> janvier, quandles nuages sont opaques, noirs et lourds et que le temps sombre et hostile donnerait lecafard aux plus optimistes, l’habitant <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> ville regar<strong>de</strong> ce p<strong>la</strong>fond menaçant où <strong>la</strong>brume a con<strong>de</strong>nsé toutes les fumées et il se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si le ciel bleu et le soleil ont jamaispu exister. Ailleurs, très loin, si loin, en quelques tropiques par<strong>de</strong>là les mers. Ouautrefois peutêtre, le mois <strong>de</strong> juin, le mois <strong>de</strong> juillet, c’était il y a longtemps, Silongtemps. À Orly, les pistes se distinguent à peine dans le brouil<strong>la</strong>rd. Et le Boeing quis’élève si vite pique vers le p<strong>la</strong>fond <strong>de</strong> nuages noirs, s’enfonce, s’enfonce dans l’opacitéoppressante et, en quelques instants, débouche dans <strong>la</strong> gloire étince<strong>la</strong>nte d’un cieluniformément bleu, radieux <strong>de</strong> lumière. Le ciel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Côte d’Azur au mois d’août est là, àParis, en décembre, le même ciel bleu lumineux, illimité, infini, vi<strong>de</strong>, resplendissant, ceciel bleu qui était, qui est et qui sera. <strong>Les</strong> nuages passeront mais le ciel bleu ne passerapas. Ce ciel <strong>de</strong> lumière est toujours là, toujours, en chacun <strong>de</strong> nous, quand nous sommesétouffés par nos angoisses, désespérés, brisés, vaincus. Notre tumulte intérieur estsimplement le voile <strong>de</strong> nuages à travers lequel il faut passer au lieu <strong>de</strong> lui tourner le dos.Le <strong>com</strong>mandant <strong>de</strong> bord, avec son Boeing, s’enfonce dans <strong>la</strong> couche <strong>de</strong> nuages noirs. Ilne cherche pas à les fuir. En tournant le dos à notre couche <strong>de</strong> ténèbres qui nous sépare <strong>de</strong>notre ciel bleu nous ne trouverons jamais le ciel bleu. En cherchant coûte que coûte àtourner notre attention ailleurs, nous ne passerons jamais à travers. Agitation,bouillonnement <strong>de</strong>s idées, émotions contradictoires, tous les « obstacles » à <strong>la</strong> méditationje les accepte, je les vois, je les vis, je les reconnais. Pour passer à travers. Le bien n’est
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peut pas envisager. Et, pourtant, c
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toutes choses. » Quel homme ? L’