manifestation d’une division intérieure. On dit oui mais on pense non. C’est un oui surlequel on reviendra, ou un oui que le reste du <strong>com</strong>portement contredira. Un témoin qui estlui-même neutre, qui n’est pas impliqué émotionnellement, percevra cette réticence. Maisun interlocuteur qui veut entendre oui, qui aime ce oui et n’aime pas le non possible, netiendra <strong>com</strong>pte que du mot oui lui-même et sera sourd à l’intonation, aveugle àl’expression <strong>de</strong> celui qui paraît répondre affirmativement. « Il a dit oui », « elle a dit oui.» Toute attention, toute vigi<strong>la</strong>nce ont disparu car l’auditeur est i<strong>de</strong>ntifié à ce qui, en lui,aime ou n aime pas. Il n’y a plus trace du « je », même re<strong>la</strong>tif, mais seulement le mentalpour penser au lieu <strong>de</strong> voir et pour réagir au lieu d’agir.Enfin, à l’opposé, il y a le oui proc<strong>la</strong>mé trop fort, le oui exagéré, le oui emphatique, leoui répété, le oui ac<strong>com</strong>pagné <strong>de</strong> : « absolument », « c’est certain », « j’en suis sûr à 120% », etc. Du moment que ce oui n est ni simple, ni naturel, il témoigne, autant que <strong>la</strong>restriction, d’un refus profond que l’on veut nier, étouffer et qui peut, en effet, ne pas êtreconscient. Il témoigne d’une division intérieure. On peut en dire autant <strong>de</strong> toutes lesparoles et toutes les actions dans lesquelles on met une intensité inutile. Une femme quiaime un homme <strong>de</strong> tout son cœur dit simplement : « Je l’aime. » Une femme qui ne veutpas entendre <strong>la</strong> voix intérieure criant que son amour ne durera pas ajoute : « pour toujours». L’insistance exagérée est une <strong>com</strong>pensation. Comme dans le cas précé<strong>de</strong>nt, celui quiest i<strong>de</strong>ntifié à ses émotions n’entend que les mots qui lui font p<strong>la</strong>isir ou qui le fâchent. Cequ’il y a autour <strong>de</strong>s mots, donc ce qu’il y a <strong>de</strong>rrière les mots, lui échappe <strong>com</strong>plètement.Pour tout effet, il y a une cause. S’il y a répétition, tension, fébrilité, éc<strong>la</strong>t ou intensitéparticulière, il y a une raison. C’est toujours <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur qui est vraie, non <strong>la</strong> surface.Combien souvent, dans un oui, <strong>la</strong> vérité est le non qui est <strong>de</strong>rrière.<strong>Les</strong> hommes sont divisés intérieurement et ils se prennent les uns les autres pour <strong>de</strong>sêtres unifiés : « Mais tu as fait ceci », « Mais tu as dit ce<strong>la</strong>. » Qui « tu » ? <strong>Les</strong> hommeschangent, changent, et ils se prennent les uns les autres pour <strong>de</strong>s êtres immuables : « Maistu as fait ceci », « Mais tu as dit ce<strong>la</strong> ». Qui « tu » ? L’homme d’aujourd’hui n’est pluscelui d’hier.Il existe bien <strong>de</strong>s expressions révé<strong>la</strong>trices d’une condition intérieure différente <strong>de</strong> <strong>la</strong>surface. Ce que les gens pensent ou disent à propos du futur, par exemple, trahit leur étatprésent, ce qu’ils sont, ce qu’ils aiment et ce qu’ils veulent maintenant. <strong>Les</strong> craintes pourle futur manifestent, au contraire <strong>de</strong> l’apparence, que l’on souhaite voir <strong>la</strong> chose seproduire (et qu’on refuse cet aspect <strong>de</strong> soi-même). Souvent le mot « si », au lieud’exprimer le doute ou l’incertitu<strong>de</strong>, traduit une certitu<strong>de</strong> inconsciente réprimée. « Si monentreprise réussit » veut alors dire : « Mon entreprise ne réussira pas », ou même « Je neveux pas que mon entreprise réussisse. » Il se peut fort bien que l’interlocuteur n’enten<strong>de</strong>pas non plus un doute mais l’affirmation opposée : « Mon entreprise réussira » parce que,lui, il désire, il a besoin que <strong>la</strong>dite entreprise aboutisse. En d’autres termes, l’un a dit unechose et l’autre a entendu le contraire. La différence entre le véritable « si » conditionnelet le « Si » d’apparence se perçoit aussi à l’intonation, à <strong>la</strong> mimique... à condition d’avoir<strong>de</strong>s yeux pour voir et <strong>de</strong>s oreilles pour entendre.Pourquoi tant <strong>de</strong> difficulté à voir et à entendre ? Parce que les hommes atten<strong>de</strong>nt
quelque chose, espèrent quelque chose du <strong>de</strong>hors, <strong>de</strong>s autres. C’est cette attente qui lesmet dans <strong>la</strong> dépendance <strong>de</strong> l’extérieur et les exile <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépendance <strong>de</strong> soi-même, chemin<strong>de</strong> <strong>la</strong> non-dépendance qui est <strong>la</strong> seule vraie indépendance. Que <strong>de</strong> gens dont <strong>la</strong> prétendueindépendance n’est qu’une immense réaction, donc <strong>la</strong> dépendance totale. Et qu’est-cequ’un homme « attend » ? Il attend que <strong>la</strong> loi naturelle fasse une exception spécialementpour lui, cesse d’agir pour lui et que <strong>de</strong>ux ne soient plus différents. Il attend que lesautres, ou tel autre en particulier soit un autre lui-même, un alter ego, ressentant <strong>com</strong>me ilressent, faisant ce qu’il espère, aimant ce qu’il aime, lui donnant ce qu’il veut, <strong>com</strong>me s’ilse regardait dans une g<strong>la</strong>ce, partout. C’est lui, lui-même, que l’homme cherchedésespérément à voir dans <strong>la</strong> peau <strong>de</strong> son patron, dans <strong>la</strong> peau <strong>de</strong> sa maîtresse, dans <strong>la</strong>peau <strong>de</strong> son fils, dans <strong>la</strong> peau <strong>de</strong> son ami et dans celle <strong>de</strong> son ennemi. Quand le sage, lelibéré dit <strong>de</strong> chacun : « Je suis lui », l’homme asservi crie <strong>de</strong> chacun : « Il est moi. »Une autre expression <strong>de</strong> surface trahissant les mécanismes profonds consiste à projetersur <strong>de</strong>s causes extérieures les raisons <strong>de</strong> son <strong>com</strong>portement. « J’ai fait ceci parce que ce<strong>la</strong>,étranger à moi, m’y a obligé » — sans vouloir, ou plutôt sans pouvoir, reconnaître que,dans les mêmes circonstances, un autre eût agi tout différemment. Certains ren<strong>de</strong>ntresponsable Satan ou <strong>de</strong>s forces maléfiques : « Je ne sais pas ce qui m’a pris », c’est-àdire« ce qui s’est emparé <strong>de</strong> moi ». Ce qui les a pris, c’est leur vraie nature profon<strong>de</strong>, à cemoment précis <strong>de</strong> leur évolution, due à l’ensemble <strong>de</strong>s causes et conditions préa<strong>la</strong>bles.Mais parce que cette nature ne correspond pas à l’image qu’ils ont d’eux-mêmes, à leuridéal, ils <strong>la</strong> nient, <strong>la</strong> répriment et l’ignorent. Le chemin <strong>de</strong> l’effet vers <strong>la</strong> cause consiste àchercher cette cause en soi. C’est une tâche difficile une partie <strong>de</strong> nous veut voir, unepartie ne veut pas voir et oppose <strong>de</strong> terribles résistances. Je ne peux pas voir parce que jene veux pas voir. Le mental se met à penser, penser, penser, pour masquer coûte quecoûte l’accès à <strong>la</strong> racine émotionnelle profon<strong>de</strong> d’où naissent nos actes.D’autres accusent <strong>la</strong> pluie ou le beau temps, leur frère ou leur belle-sœur, les postes ou<strong>la</strong> police, <strong>la</strong> connerie <strong>de</strong>s responsables ou <strong>la</strong> mer<strong>de</strong> générale et je ne sais qui ou quoiencore. Faire retomber <strong>la</strong> faute sur les autres est un <strong>com</strong>portement essentiellementinfantile. L’enfant n’a pas <strong>la</strong> moindre idée <strong>de</strong> ce que peut être <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> soi oules mécanismes psychiques. Son existence ayant <strong>com</strong>mencé par <strong>la</strong> dépendance totale, ilcontinue à tout attribuer à <strong>de</strong>s agents extérieurs. Il ne pensera pas : « Je me suis brûléavec le réchaud » mais « le réchaud m’a brûlé ».La surface est donc le jeu <strong>de</strong>s événements tels que chaque homme les ressent et lesinterprète « C’est à cause <strong>de</strong> ceci que j’ai fait ce<strong>la</strong> », « Ceci et ceci étant, j’ai dû faire ce<strong>la</strong>», « Parce qu’il avait agi <strong>com</strong>me ceci, j’ai décidé <strong>de</strong> faire ce<strong>la</strong>. » Apparences, autrementdit mensonges. Parce qu’il y a ceci au fond <strong>de</strong> vous, vous avez eu telle émotion, vousavez réagi <strong>de</strong> telle façon et vous avez fait ce<strong>la</strong> parce que vous ne pouviez pas faireautrement. Voilà <strong>la</strong> vérité. Toutes les bonnes raisons, toutes les justifications sont <strong>de</strong>ssécrétions du mental. La façon dont j’ai agi était-elle <strong>la</strong> justice <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation perçue parun sentiment libre et une intelligence c<strong>la</strong>ire, ou ma réaction aveugle à ce que j’aime oun’aime pas?Si un homme est excité, provoqué, par un facteur quel qu’il soit, c’est que cet élément
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toutes choses. » Quel homme ? L’