11.07.2015 Views

Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

chan<strong>de</strong>lles sont tombées sur les ri<strong>de</strong>aux, les chan<strong>de</strong>lles sont tombées parce que le marquisles a entraînées dans sa chute, le marquis a chuté parce qu’il s’est suicidé, il s’est suicidéparce qu’il était ruiné, etc. Et voilà <strong>com</strong>ment, dans mon enfance, Ray Ventura prêchait —sans y songer, je suppose — les fon<strong>de</strong>ments mêmes <strong>de</strong> l’enseignement du Bouddha(pattica samuppada).Il n’y a rien qui ne soit un moment d’une chaîne <strong>de</strong> causes et d’effets. Rien n’arrivequi ne découle d’autres choses. Rien n’arrive non plus dont d’autres choses nedécouleront pas. Disons simplement que, <strong>la</strong> plupart du temps, les re<strong>la</strong>tions entre lescauses et les effets nous échappent <strong>com</strong>plètement. Mais cette façon <strong>de</strong> voir qui imprègnetous les enseignements traditionnels se retrouve dans les différentes sciencescontemporaines. Quand je parle <strong>de</strong> cause et d’effet, il est bien entendu qu’on ne peutisoler ni rendre « réelle » ou indépendante aucune cause — ni aucun effet. D’autre part, ilfaut toujours parler <strong>de</strong> causes (ou <strong>de</strong> conditions) et d’effets au pluriel.Il n’y a pas un détail insignifiant <strong>de</strong> notre vie, un geste inutile, une pensée futile qui aitune existence indépendante, qui advienne « <strong>com</strong>me ça », fortuitement, sans re<strong>la</strong>tion avecquoi que ce soit d’autre.Re<strong>la</strong>tivement, tandis que j’écris ces pages dans un petit ashram près <strong>de</strong> Ranchi, auBihar, j’ai sous les yeux un arbuste, <strong>de</strong>s fleurs, une femme en sari qui nettoie <strong>la</strong> vaisselleavec du sable. Absolument, il n’y a ni arbuste, ni fleurs, ni femme. Cet arbuste s’esttransformé <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> <strong>la</strong> mousson, ces fleurs n’étaient pas là quand je suis arrivéet ne seront plus là quand je partirai, cette femme est une succession <strong>de</strong> gestes que jeperçois, <strong>de</strong> pensées que j’ignore, d’émotions que je <strong>de</strong>vine. Cet arbuste n’est qu’uneexpression, une forme d’une énergie plus vaste que lui. Si je ne tiens pas à l’arbuste, si jen’y suis pas « attaché », si je n’attends rien <strong>de</strong> lui,je peux le percevoir <strong>com</strong>me un momentd’un <strong>de</strong>venir, d’un flux, dépendant <strong>de</strong> l’air, <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, <strong>de</strong> <strong>la</strong> pluie, du jardinier. Je perçois,au­<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’arbuste transitoire, une vie ou une énergie fantastiquement intense, illimitée,éternelle. J’entends « le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> <strong>la</strong> création ». Mais si l’arbuste en lui­même me<strong>de</strong>vient à moi, pour moi, important, cette vision disparaît.C’est l’attachement qui nous aveugle à <strong>la</strong> Réalité. Et c’est l’aveuglement qui nousmaintient dans l’attachement. Cet attachement s’exprime par : « Je veux » et par: « J’aime», exactement le contraire <strong>de</strong> l’amour véritable. Qu’en français le même mot amourtraduise les <strong>de</strong>ux termes sanscrits <strong>de</strong> moha etprem ne nous facilite pas une approche c<strong>la</strong>ire<strong>de</strong> <strong>la</strong> question.Avant tout, cet attachement refuse d’accepter l’impermanence et <strong>la</strong> transformation.C’est absolu, radical : je n’accepte pas que tout soit transitoire. Or il n’y a pasd’affirmation générale qui n’ait <strong>de</strong> source particulière: un événement précis dont lesouvenir est conservé dans l’inconscient. « En amour on est toujours trahi », par exemple,signifie : « Une fois bien précise — fût­ce à l’âge <strong>de</strong> trois ans... ou <strong>de</strong> trois semaines —j’ai été trahi en amour. » De <strong>la</strong> même façon, le refus du changement général estl’expression du refus total d’un certain changement précis advenu dans notre petiteenfance, vécu <strong>com</strong>me intolérable ou terrifiant, et <strong>com</strong>plètement refoulé dans l’inconscient; tant que <strong>la</strong> source particulière <strong>de</strong> ce refus général n’a pas été retrouvée, revécue et

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!