Tant que le yoga, tel qu’il se répand <strong>de</strong> plus en plus en Occi<strong>de</strong>nt, consiste en uneadmirable gymnastique <strong>com</strong>plétée d’exercices respiratoires simples, on peut en attendre<strong>de</strong>s résultats remarquables et il ne présente pas <strong>de</strong> dangers, si ce n’est quelques douleursmuscu<strong>la</strong>ires. Mais à partir du moment où on dépasse le p<strong>la</strong>n du corps physique(annamaya kosha) pour un domaine qui touche aux émotions, à <strong>la</strong> pensée, au psychisme,au champ <strong>de</strong> conscience, aux énergies vitales (pranamaya kosha et manomaya kosha) ,les choses sont moins simples et souvent plus dangereuses.Le premier principe, qui ne <strong>de</strong>vrait jamais être perdu <strong>de</strong> vue, c’est qu’on ne peutpratiquer va<strong>la</strong>blement aucune technique sans être guidé par quelqu’un ayant une vision<strong>com</strong>plète <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation (point <strong>de</strong> départ, point d’arrivée, obstacles àfranchir et p<strong>la</strong>ce exacte <strong>de</strong> chaque exercice dans <strong>la</strong> totalité du chemin à parcourir) etcapable d’appliquer cette vision à chaque cas individuel particulier. Car diriger <strong>de</strong>sdisciples est un jardinage minutieux dans lequel chaque p<strong>la</strong>nte, chaque arbuste, doit êtretraité personnellement, redressé, taillé, émondé, repiqué, et non <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture en série où ilsuffit d’ensemencer un champ et <strong>de</strong> moissonner <strong>la</strong> récolte. Si une personne ne réunit pasces <strong>com</strong>pétences, elle n’est en aucun cas un maître mais un <strong>de</strong> ces aveugles guidant lesaveugles dont parle l’Évangile et que l’on voit partout autour <strong>de</strong> nous aujourd’hui. Si onessaye <strong>de</strong> travailler seul à partir <strong>de</strong> livres ou <strong>de</strong> conférences, on arrive très vite à <strong>de</strong>simpasses et à <strong>de</strong>s contradictions. Par exemple <strong>la</strong> concentration. Tous les ouvrages <strong>de</strong>sswamis hindous, <strong>de</strong> plus en plus prolifiques, insistent sur cette fameuse concentration. Iln’est question que <strong>de</strong> one pointed mind, to focuss the mind, du mental <strong>com</strong>paré auxrayons du soleil passant à travers une loupe et qui <strong>de</strong>viennent si concentrés qu’ils peuventenf<strong>la</strong>mmer une feuille <strong>de</strong> papier. Mais d’autres auteurs font au contraire ressortir <strong>la</strong>nécessité d’un esprit ouvert à tout le réel, vaste, <strong>la</strong>rge, disponible et il n’est plus questionmaintenant que <strong>de</strong> all embracing. Ou encore <strong>de</strong> nombreux ouvrages et conférenciersdéveloppent les idées <strong>de</strong> distinction ou <strong>de</strong> séparation par rapport à <strong>la</strong> manifestation hors<strong>de</strong> nous et en nous (pensées, émotions). Il est question <strong>de</strong> retrait <strong>de</strong>s sens par rapport auxobjets sensibles (pratyahara), <strong>de</strong> position <strong>de</strong> témoin (witness position) et du netti, netti(na itti = pas ce<strong>la</strong>) <strong>de</strong>s Upanishads et <strong>de</strong> Shankaracharya « Je ne suis pas le corps, je nesuis pas les pensées, je ne suis pas les émotions. » Mais l’argument contraire s’élèveaussitôt. Il y a vous et vos émotions ? Vous êtes en plein dans le dualisme ou <strong>la</strong> dualité,en contradiction avec le fon<strong>de</strong>ment même <strong>de</strong> l’hindouisme et du bouddhisme : <strong>la</strong> vérité(ou <strong>la</strong> réalité) est toujours non duelle. Et en effet, on retrouve dans tous les livres hindous<strong>de</strong>s expressions <strong>com</strong>me : you are everything, vous êtes chaque chose, vous êtes ceci, vousêtes ce<strong>la</strong>, le contraire du célèbre netti, netti.Combien <strong>de</strong> nos concitoyens, membres <strong>de</strong> tel ou tel Centre, Association, Groupe,Mouvement <strong>de</strong> recherche spirituelle, sont <strong>de</strong> moins en moins certains et <strong>de</strong> plus en plusmalheureux à force <strong>de</strong> pratiquer <strong>de</strong>s exercices qui les enferment dans un dualismetoujours pire, le refus <strong>de</strong> ce qui est et le renforcement <strong>de</strong> l’ego. Toute technique,concentration, position <strong>de</strong> témoin, etc., peut être évaluée par rapport au fait fondamental<strong>de</strong> <strong>la</strong> disparition <strong>de</strong> l’ego. Estce que cette concentration dissipe le « je » individuel séparésoumis à <strong>la</strong> souffrance ou estce qu’elle ne le fait pas disparaître?Nirvana veut dire c’est fini. La Réalisation est une perfection totale et définitive,
immuable, permanente à <strong>la</strong>quelle rien ne peut être ajouté ou enlevé. C’est <strong>la</strong> plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’Etre et le passage au<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Être qui est <strong>la</strong> première détermination. C’est donc touteautre chose que <strong>de</strong>s expériences exceptionnelles, <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> conscience supérieurs, <strong>de</strong>sextases ou <strong>de</strong>s samadhis dans lesquels on « entre » et dont on « sort », qui ont une cause(par exemple un exercice <strong>de</strong> yoga ou <strong>de</strong> méditation), un <strong>com</strong>mencement et une fin. Il nesubsiste aucun je (ego, individualité) qui ait une expérience. Aucune expression ne peutêtre plus impropre que celle, trop souvent entendue à propos du bouddhisme zen « Il a eule satori. » Il a eu le satori. Ce<strong>la</strong> veut dire il a subsisté, il au sens <strong>de</strong> Monsieur Untel, avecson nom, son hérédité, son histoire personnelle. Il a eu le satori. Donc il ne l’a pas gardé.Rien <strong>de</strong> ce qu’on a n’est éternel. La question n’est pas d’avoir mais d’être. Tout ce quenous avons peut nous être enlevé. Ce que nous sommes ne peut pas nous être enlevé.Soyons très c<strong>la</strong>ir sur ce point: quand nous parlons voie, ascèse, enseignement, yoga,sadhana, exercices, avonsnous en vue une réalisation totale à <strong>la</strong>quelle plus rien nemanque et <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle rien non plus ne peut être enlevé ou bien pensonsnous à <strong>de</strong>sexpériences transcendantes et à <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> conscience extraordinaires ? Il s’agit d’éveil.Vous faites, <strong>la</strong> nuit, un cauchemar : vous avez un examen à passer dont vous ignorez tout,votre enfant est en train <strong>de</strong> mourir, vous êtes infirme. Puis vous vous réveillez. C’est uneréalisation définitive, du moins par rapport au rêve <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit.Il y a <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> samadhi ou <strong>de</strong> satori qui sont <strong>de</strong>s visions justes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réalité<strong>de</strong>rrière les apparences mais qui ne sont pas définitives et ne dureront qu’un temps. Il estpossible, par certains exercices (d’ailleurs fort divers) menés avec une très gran<strong>de</strong>intensité, d’obtenir tout d’un coup et très vite une expérience <strong>de</strong> conscience fulgurante,ayant un goût <strong>de</strong> réalité et <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> à quoi rien ne peut être <strong>com</strong>paré et qui contredit<strong>com</strong>plètement le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> surface dans lequel nous vivons. Mais ce momentexceptionnel étant lui aussi conditionné, re<strong>la</strong>tif et produit par une cause sera perdu et nesubsistera plus que <strong>com</strong>me un souvenir inoubliable. C’est ce qui se produit avec toutes lesdrogues qui ne peuvent pas changer véritablement l’être d’un homme. Il arrive même quel’expérience en question, d’une façon encore plus abrupte, à <strong>la</strong> suite d’un choc ou d’unacci<strong>de</strong>nt par exemple, tombe sur <strong>de</strong>s êtres qui ne <strong>la</strong> cherchent pas. Elle sera le point <strong>de</strong>départ d’une ma<strong>la</strong>die relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> psychiatrie parce que le sujet n’a pas été capabled’assumer cette expérience, d’y soumettre ses cadres mentaux et émotionnels etd’harmoniser avec elle son <strong>com</strong>portement social dans <strong>la</strong> vie quotidienne. Là pas plusqu’ailleurs l’expérience ellemême, toujours perçue <strong>com</strong>me exaltante et positive, ne dure.Mais ce qui subsiste c’est <strong>la</strong> perturbation grave et douloureuse <strong>de</strong>s fonctions ordinaires.Jusqu’à <strong>la</strong> Libération <strong>com</strong>plète toute <strong>la</strong> voie est faite <strong>de</strong> libérations partielles maisdéfinitives. Des liens sont enlevés, <strong>de</strong>s limitations sont dépassées, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns <strong>de</strong>conscience plus vastes sont réintégrés. Le processus n’est pas avoir mais être. Ce quenous sommes ne peut pas nous être enlevé. C’est acquis et il n’y a pas là un état (ou unp<strong>la</strong>n <strong>de</strong> conscience) qui soit sans cesse perdu et qui nécessite d’être tous les jours recréé ànouveau. On ne revient plus « à son niveau habituel » : l’être entier ayant été concerné,l’être entier a été changé.D’autre part, <strong>la</strong> voie ne peut être confondue avec aucune psychothérapie. <strong>Les</strong>
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peut pas envisager. Et, pourtant, c
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