éphémères et sans peines passagères. Car ni les joies ni les peines ne durent. Pasd’émotions mais un sentiment permanent d’amour et <strong>de</strong> paix, <strong>de</strong> participation et <strong>de</strong>sécurité. Il existe <strong>de</strong> tels hommes (et <strong>de</strong> telles femmes). C’est notre nature véritable, faited’équilibre et d’harmonie. C’est à ce<strong>la</strong> que nous aspirons tous, <strong>de</strong>rrière notre poursuitedésordonnée <strong>de</strong>s joies ou <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>isirs et nos réactions aveugles aux souffrances et auxangoisses. Nous rêvons d’aimer et nous considérons l’amour <strong>com</strong>me une <strong>de</strong>s plus hautesformes du bonheur humain. Mais dès qu’un être est tombé amoureux, <strong>de</strong>rrière sonexaltation, il prend peur inconsciemment. Le centre en lui ne veut pas être emporté etveut retrouver le calme qui n’a pas <strong>de</strong> contraire. Il ne peut, bien sûr, se faire entendre.Alors, inconsciemment, celui qui croit aimer le plus souhaite être libéré <strong>de</strong> son amour.Inconsciemment il désire <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> cette passion ou <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne aimée,promesse que son amour ne sera jamais déçu, jamais trahi, et que le pendule ne basculerapas autour <strong>de</strong> son axe vers <strong>la</strong> blessure, l’amertume, <strong>la</strong> détresse. Ces sentiments sontnaturellement niés et refusés et, consciemment, l’amoureux est, au contraire, en proie à <strong>la</strong>peur <strong>de</strong> cette mort qu’il craint d’autant plus qu’il <strong>la</strong> veut sans le savoir et qu’il ne<strong>com</strong>prend pas l’origine <strong>de</strong> son anxiété.Il existe bien un amour entre l’homme et <strong>la</strong> femme, et même une re<strong>la</strong>tion sacrée entreles <strong>de</strong>ux sexes dont je parlerai dans un autre chapitre. Mais cet amour n'a rien — ou bienpeu — à voir avec ce que l’Occi<strong>de</strong>ntal contemporain entend par ce mot.Il faut bien distinguer émotion et sentiment. Le sage, l’être « libéré », éprouve enpermanence le sentiment d’amour et <strong>de</strong> joie suprême (félicité, béatitu<strong>de</strong>). Mais l’hommepeut vivre sans émotions. L’émotion est <strong>la</strong> <strong>com</strong>pagne du mental. Sans mental pasd’émotion. Sans émotion pas <strong>de</strong> mental. Avec le mental et l’émotion, pas <strong>de</strong> vérité.En ang<strong>la</strong>is, le même mot feeling désigne le sentiment et <strong>la</strong> sensation. Ce<strong>la</strong> paraîttoujours confus aux Français. Mais ce terme traduit une perception directe sans l’écran dumental ou <strong>de</strong> l’émotion, que ni « ressentir » ni « éprouver » ne ren<strong>de</strong>nt parfaitement. Tofeel, c’est avoir « <strong>de</strong>s yeux pour voir et <strong>de</strong>s oreilles pour entendre » et non un mental pourne point voir et ne point entendre, pour voir et entendre autre chose que ce qui est. Lementalémotion (mind, thinking par opposition à feeling ou seeing) est parfaitementinutile mais c’est en quoi consiste presque toute <strong>la</strong> vie intérieure <strong>de</strong> presque tous leshommes et toutes les femmes au<strong>de</strong>là <strong>de</strong> quelques années d’âge.Le mental naît, <strong>com</strong>mence à fonctionner, lorsque l’enfant — ou le bébé — refuse lesconditions <strong>de</strong> vie qui lui sont faites. Souvent, je l’ai dit, il s’agit d’un événementparticulier, un choc bien précis, un changement brutal survenu dans ses habitu<strong>de</strong>smatérielles ou sentimentales, que l’enfant livré à luimême n’a absolument aucunepossibilité <strong>de</strong> <strong>com</strong>prendre, d’assumer, d’assimiler. À l’insu <strong>de</strong> ses parents aveugles quiconstateront simplement que « le gosse — ou le bébé — est <strong>de</strong>venu bien nerveux toutd’un coup », le malheureux petit être est terrassé, terrifié, suffoqué au sens propre duterme, et, si une éducation véritable ne vient pas redresser <strong>la</strong> situation, toute sa croissancephysique, émotionnelle et mentale a été, en cet instant, déterminée pour toujours.*
Parfois aussi <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison du mental —mensonge, écran permanent entrenous et le reste du mon<strong>de</strong>, source <strong>de</strong> toutes les souffrances — se fait peu à peu, grâce à <strong>la</strong>bienveil<strong>la</strong>nte attention <strong>de</strong>s parents et <strong>de</strong>s éducateurs. Je n’en donnerai qu’un exemplemais il est significatif. En courant sans faire attention, un enfant se cogne contre <strong>la</strong> table(qui n’y peut mais) et se fait mal. La maman, <strong>la</strong> mémé, le tonton — celui qui est là — dità l’enfant « Vi<strong>la</strong>ine table, méchante table, on va taper <strong>la</strong> table qui t’a fait mal. Tiens. Panpan, bien fait pour toi, table, <strong>la</strong> prochaine fois tu feras pas mal à Toto. »Assassin. Oui, assassin, et malheur à ceux qui tuent non les corps mais les âmes. Latable est là, immobile, neutre. L’enfant est venu frapper <strong>la</strong> table. Ce sont les faits.L’enfant pouvait voir et sentir une vérité à sa mesure. On l’empoisonne, on le tue, enl’engageant dans un mon<strong>de</strong> irréel, illusoire, qui vient encore recouvrir le mon<strong>de</strong> déjàirréel et illusoire <strong>de</strong>s phénomènes sensibles.Brusquement ou peu à peu — ou les <strong>de</strong>ux à <strong>la</strong> fois —, l’enfant quitte le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> cequi est pour vivre dans son mon<strong>de</strong> à lui, le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce qui <strong>de</strong>vrait être et <strong>de</strong> ce qui ne<strong>de</strong>vrait pas être. Il n’est plus unifié mais divisé entre le mon<strong>de</strong> et son mon<strong>de</strong>, prisonnier<strong>de</strong> <strong>la</strong> dualité.Ainsi l’enfant refuse ou apprend à refuser le mon<strong>de</strong> extérieur. Il faut bien dire queparfois, souvent, beaucoup plus souvent qu’on ne pense, ce mon<strong>de</strong> a été, pour le petit oule tout petit, atroce. Ce sont les fameux « traumatismes » si à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> dans lesconversations. Mais il faut absolument tout ignorer <strong>de</strong> ses propres traumatismes, siprofondément enfouis, si soigneusement oubliés, pour pouvoir en parler à <strong>la</strong> légère. <strong>Les</strong>stupi<strong>de</strong>s et bienveil<strong>la</strong>nts adultes ne voient rien, ne perçoivent rien, ne <strong>com</strong>prennent rien.Près d’eux — et dans les familles les plus respectables, harmonieuses, unies — <strong>de</strong>s petitset <strong>de</strong>s toutpetits agonisent <strong>de</strong> désespoir et <strong>de</strong> terreur, suffoquent, paniqués, affolés,incapables <strong>de</strong> <strong>com</strong>prendre ce qui leur arrive et pourquoi une telle horreur leur arrive. Toutlecteur qui ne connaît pas <strong>de</strong> quoi je parle ou qui seulement croit le connaître, dira: «Desjardins ne sait plus ce qu’il raconte. » Mais je ne suis pas seul à savoir que c’est vrai...Que penserionsnous d’un adulte qui, le même jour, <strong>de</strong>vrait faire face à sa ruine, <strong>la</strong> mort<strong>de</strong> sa femme, l’internement <strong>de</strong> son fils dans un asile ? Bien <strong>de</strong>s petits enfants autour <strong>de</strong>nous, à l’insu <strong>de</strong> tous, connaissent à leur échelle <strong>de</strong>s souffrances aussi gran<strong>de</strong>s, bien plusmême car ils n’ont aucune armature pour les affronter, aucune référence pour les situer.Ces drames, ces déchirements sont tellement impossibles à supporter qu’en effet ils nele sont pas : ils sont niés, refoulés, <strong>com</strong>pensés et oubliés. Si oubliés et si étouffés que jeconnais, hé<strong>la</strong>s, plusieurs adultes qui après <strong>de</strong>s années coûteuses <strong>de</strong> psychanalyse n’ontjamais pu les retrouver, les <strong>la</strong>isser remonter à <strong>la</strong> surface, les revivre. Alors on camouflel’échec et on dit simplement que <strong>la</strong> névrose n’est pas d’origine traumatique. Comme lepatient a pleuré en avouant qu’il aimait sa bellesœur, hurlé « salope » en pensant à samère et sangloté « maman, maman » <strong>la</strong> séance suivante, avant <strong>de</strong> découvrir qu’il était faitpour être marin et non pas professeur et <strong>com</strong>me tout ce<strong>la</strong> sonne vrai, il est émerveillé parsa découverte <strong>de</strong> l’inconscient.., et <strong>de</strong>meure en prison.L’éducation traditionnelle, dans <strong>la</strong> famille d’abord, auprès <strong>de</strong>s maîtres ensuite, étaitconçue pour éviter au maximum les traumatismes brutaux et les empoisonnements à petit
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toutes choses. » Quel homme ? L’