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Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

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5. Oser dire ouiAujourd’hui, ma vérité est celle <strong>de</strong> l’ego et <strong>de</strong> l’individualisme. Tel que je suisaujourd’hui, je n’éprouve pas: « Je suis brahman » ou encore: « Cette forme, cetteapparence est brahman, seul brahman est. Je n’est pas. » J’éprouve : «Je suis moi. » Et jeperçois le mon<strong>de</strong> en fonction <strong>de</strong> ce: « Je suis moi. » Même altruiste, même m’intéressantaux autres, je <strong>de</strong>meure, pour moi, le centre du mon<strong>de</strong>. Je vis dans mes pensées, je vis dansmes émotions, je vis dans mon corps. Je suis pour moi <strong>la</strong> personne <strong>la</strong> plus importante aumon<strong>de</strong>. C’est l’aveuglement (avidya) , c’est le sommeil et le rêve (maya), c’est l’irréel(asat). Mais c’est ainsi. Et s’il y a « je », il y a obligatoirement: « Je veux » et « Je neveux pas ».Même par <strong>la</strong> concentration, <strong>la</strong> méditation, je n’arrive pas à me décharger du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong>moi­même et à réaliser le vi<strong>de</strong> et le silence, l’infini et l’éternel présent. Ou bien j’y arrive— et c’est extraordinaire, in<strong>de</strong>scriptible, mais ce<strong>la</strong> ne dure pas. Si vous y êtes arrivé etque ce<strong>la</strong> dure, l’histoire finit là et je ne vois pas pourquoi vous auriez poursuivi jusqu’ici<strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> ce livre.Donc « je » suis. Un tout petit « je », qui n’a rien, vraiment rien à voir avec le «Je suisCelui qui suis » <strong>de</strong> Dieu à Moïse. Je suis et je « pense » tout le temps, tout le temps. Laméditation consiste, par un moyen ou par un autre, à se situer au­<strong>de</strong>là du fonctionnement<strong>de</strong>s pensées (manas) pour éprouver le seul véritable «Je suis », sans aucune mesure<strong>com</strong>mune avec «je suis Untel ». « Je pense donc je suis moi. » Mais « je pense donc je nesuis pas ». Je suis le centre <strong>de</strong> mon mon<strong>de</strong> et, vivant dans mon mon<strong>de</strong>, je suis le centre dumon<strong>de</strong>. J’attends que les autres soient et agissent en fonction <strong>de</strong> moi, <strong>de</strong> ce que je veux etne veux pas. Il faudrait que l’univers entier danse selon mon caprice. Comme ce<strong>la</strong> ne seproduira pas, je ne serai jamais parfaitement heureux.Je suis. Mon ego est. Je suis une individualité. Toute mon existence consiste àproc<strong>la</strong>mer « Je suis ». « Je suis sage », « je suis méchant », « je suis bon élève », «je suisnul », « je suis triste », « je suis sublime » ou « je suis <strong>la</strong>mentable », « je suis un con » ou«je suis cocu », mais je suis moi.La toute simple, tout évi<strong>de</strong>nte constatation qui contient en puissance toute <strong>la</strong>Libération, c’est qu’il y a six milliards d’êtres humains qui pensent aussi : « Je suis moi», six milliards <strong>de</strong> centres du mon<strong>de</strong> sur cette p<strong>la</strong>nète. Six milliards d’êtres humains dontchacun est le plus important pour lui­même et qui proc<strong>la</strong>ment tous ensemble et tout letemps : « Je suis moi. » Et ce n’est pas seulement le cri <strong>de</strong> chaque homme, chaquefemme, chaque enfant, mais celui <strong>de</strong> tout ce qui existe. Si nous sommes capables <strong>de</strong> voiret d’entendre ce qui nous entoure, si nous ne sommes plus sourds et aveugles, nouspouvons réaliser que le moindre élément <strong>de</strong> <strong>la</strong> création, un insecte, un arbre, même unobjet inanimé proc<strong>la</strong>me : « Je suis. » Je parle là d’une expérience bien précise. Mais pource<strong>la</strong> il faut que notre propre « je suis » se taise, c’est­à­dire, une fois <strong>de</strong> plus, qu’il n’y aitpas <strong>de</strong> dualité. Non pas : «Je regar<strong>de</strong> l’arbre », l’arbre et moi. Mais : « L’arbre estregardé. » Ce que je décris ici est très subtil mais fondamental. Voilà <strong>la</strong> vraieconcentration, voilà <strong>la</strong> vraie méditation. De même que lorsque le maître et le disciple sont

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