vérité doit faire le chemin inverse, retrouver <strong>la</strong> conscience qui n’est pas limitée par lecorps, i<strong>de</strong>ntifiée au corps, et, pour <strong>com</strong>mencer, une conscience moins i<strong>de</strong>ntifiée au corps,moins i<strong>de</strong>ntifiée au nom, une conscience plus vaste, plus inclusive (<strong>com</strong>préhensive) etnon exclusive.« Je » est vérité, le mental est mensonge. Le véritable Créateur, c’est le mental. Lemental crée sans cesse autre chose que ce qui est. Mais, s’il n’y a pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>grés ou <strong>de</strong>niveaux dans le « Je », qui est absolu, il en existe à l’infini dans le mental qui est re<strong>la</strong>tif.On peut les distinguer selon leur <strong>de</strong>gré d’irréalité.Le sage, le « libéré-vivant », est affranchi du mental. Il est un tattwa darsee quelqu’unqui voit ce qui est. Tat signifie ce<strong>la</strong>. Tattwa est traduit en ang<strong>la</strong>is par thatness, le faitd’être ce<strong>la</strong>. Tattwa jnana est <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité, <strong>la</strong> connaissance suprême. <strong>Les</strong>age vit dans <strong>la</strong> conscience supra-normale <strong>de</strong> l’Unité. Tout ce qu’on dit du Brahman, <strong>de</strong>l’Absolu, on peut le dire <strong>de</strong> lui : « Je suis sans un second », « Je suis et rien d’autre. »Non pas : « Je suis et tout est moi », ce qui est <strong>la</strong> vaine et caricaturale prétention <strong>de</strong> l’ego,mais : « Je suis et je suis chaque chose. »Non pas : « Vous êtes moi » mais : « Je suisvous. » S’il y a « autre chose », quoi que ce soit, je suis aussi ce<strong>la</strong>.Dès que le mental apparaît, <strong>la</strong> dualité apparaît ou dès que <strong>la</strong> dualité apparaît, le menta<strong>la</strong>pparaît. Dès que <strong>la</strong> dualité apparaît, le conflit apparaît. Si un autre que moi n a avec moiaucun champ d’action <strong>com</strong>mun, si nos intérêts n’interfèrent jamais, c’est <strong>com</strong>me s’iln’existait pas pour moi et on ne peut plus parler <strong>de</strong> dualité. Mais s’il y a effectivement<strong>de</strong>ux, un mouvement s’élève tout <strong>de</strong> suite en moi pour annihiler cette dualité, pour quel’autre <strong>de</strong>vienne « un autre moi-même » (alter ego) dont je n’aie rien à craindre et tout àattendre. Le schéma du mécanisme général est très simple. On s’i<strong>de</strong>ntifie à ce que l’onaime chez l’autre, on s’attribue ce qui apparaît positif en lui. On refuse et condamneviolemment les traits que l’on ne veut pas reconnaître en soi-même et que l’on reconnaîten l’autre. Enfin, on projette sur lui tout ce que l’on ressent en soi <strong>com</strong>me négatif et onl’accuse <strong>de</strong> ce dont, au plus profond <strong>de</strong> son cœur, on est bien obligé <strong>de</strong> s’accuser soimême.Ces trois points donnent l’indéfinie variété <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions humaines nonconscientes. « Tu ne convoiteras pas », « tu ne tueras pas » s’appliquent au champpsychologique tout autant qu’aux actions concrètes. « Tu aimeras ton prochain <strong>com</strong>metoi-même. » Oui, à tous les niveaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité, notre prochain, c’est nous-même.Ce triple mécanisme joue au niveau <strong>de</strong>s sociétés autant qu’au niveau <strong>de</strong>s individus.Une collectivité, l’Europe mo<strong>de</strong>rne, celle qui naquit au XVIIIe siècle avec <strong>la</strong> révolutionindustrielle, a jugé aveuglément les cultures asiatiques ou africaines. Ainsi, c’est cettesociété dite scientifique qui a, plus que toute autre — et même contrairement à toute autre— donné à l’homme une position supérieure et à <strong>la</strong> femme une position inférieure. Elle aété justement qualifiée <strong>de</strong> « virilo-centrique ». A partir <strong>de</strong> là, elle a vu l’oppression et lemépris <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme là même où <strong>la</strong> femme était non seulement respectée mais vénérée.Cette société a développé et hypertrophié, <strong>de</strong> façon proprement monstrueuse, l’égoïsme etl’indifférence aux vraies <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s autres. A partir <strong>de</strong> là, elle s’est crue investie d’unemission salvatrice pour le reste <strong>de</strong> l’humanité. Elle a refusé <strong>de</strong> voir l’hospitalité, <strong>la</strong>*
générosité, le sens du service <strong>de</strong> l’autre <strong>com</strong>me un <strong>de</strong>voir sacré, qui ont subsisté jusqu’àaujourd’hui en Orient et en Afrique. Une société fondée sur l’acquisition <strong>de</strong> l’avoir nepeut pas <strong>com</strong>prendre une société fondée sur l’apprentissage <strong>de</strong> l’être.Il n’y a pas <strong>de</strong> différence radicale entre le ma<strong>la</strong><strong>de</strong> mental — le fou — et l’hommenormal. Il n’y a pas une conscience pathologique ou morbi<strong>de</strong> radicalement différente <strong>de</strong><strong>la</strong> conscience saine. Ce que nous appelons conscience est toujours non-conscience car lemental est toujours mensonge et sommeil. La différence radicale se situe entre <strong>la</strong> pseudoconscience<strong>de</strong> l’homme soumis à <strong>la</strong> séparation ou dualité et <strong>la</strong> conscience non duelledujivan mukta.Toute l’existence est donc re<strong>la</strong>tion entre le moi et le non-moi, re<strong>la</strong>tion qui définit lemon<strong>de</strong> « re<strong>la</strong>tif » ou phénoménal. Le jeu du mental nous aveugle à <strong>la</strong> Réalité nouménale.Mais en outre, parfois, souvent, <strong>de</strong> plus en plus souvent, on voit jouer un mental anormalà l’intérieur du mental normal, une maya à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> maya.Le mental, normal ou anormal, crée toujours quelque chose d’autre que ce qui est.Mais — puisque nous sommes dans le re<strong>la</strong>tif — il crée plus ou moins autre chose ouquelque chose <strong>de</strong> plus ou moins autre. On peut distinguer quatre <strong>de</strong>grés.À l’extrême limite <strong>de</strong> l’aliénation, <strong>de</strong> l’anormal, c’est <strong>la</strong> folie, <strong>la</strong> psychose. Pendantque j’écris, en ce moment, je suis installé à une petite table <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> hutte que j’occupeau fond du jardin <strong>de</strong> l’ashram. Imaginons que quelqu’un <strong>de</strong> ma connaissance entre etvient vers moi. Le fait est là, neutre un homme que je reconnais s’approche. Si je « sais »qu’il est un envoyé <strong>de</strong> mes ennemis, venu pour m’ assassiner sur l’ordre exprès du papeou du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s États-Unis, si je « sais » que <strong>la</strong> main qu’il a dans <strong>la</strong> poche tient unrevolver, je suis en plein délire. Aucune conversation, aucune discussion n’est possibleavec moi. Le mon<strong>de</strong> dans lequel je vis n’a à peu près plus rien à voir avec le mon<strong>de</strong>phénoménal normal. Tout est dans le mental. Nous pouvons appeler ce p<strong>la</strong>n «<strong>com</strong>plètement anormal ».Viennent ensuite tous les <strong>de</strong>grés d’« anormal »correspondant à peu près aux névroses.Par exemple, sans m’en rendre <strong>com</strong>pte, je projette sur le visiteur qui s’approche <strong>de</strong> moiune image infantile inconsciente et l’émotion <strong>la</strong>tente qui y correspond. Si j’ai un menta<strong>la</strong>normal, centré sur un « nœud » inconscient, ma situation infantile en face <strong>de</strong> ma mère ou<strong>de</strong> mon père est excitée à mon insu. Je vois « un autre (frère, sœur, père...) qui peut mefrustrer <strong>de</strong> l’objet <strong>de</strong> mon amour ». À mon insu, <strong>la</strong> venue <strong>de</strong> cet être humain, dont je neconnais pas les intentions, n’est plus neutre. Voilà le mental anormal mis en branle, avecpeut-être <strong>de</strong>s répercussions somatiques, et entraînant toutes sortes <strong>de</strong> réactions quiconstituent un emportement faux. Ce genre <strong>de</strong> nœuds (granthi) dans l’inconscient estinfiniment plus fréquent que les non avertis ne sont prêts à l’accepter. Avec un mental «simplement anormal » nous sommes moins loin dans l’irréalité qu’avec un mental «<strong>com</strong>plètement anormal » et il semble qu’une conversation véritable <strong>de</strong>meure possible.C’est d’ailleurs un critère <strong>de</strong> distinction <strong>de</strong>s névroses et <strong>de</strong>s psychoses. Mais, en vérité, onne peut pas parler utilement à un mental anormal pour peu que ses émotions <strong>la</strong>tentes, ses*
- Page 1 and 2:
Les chemins de la sagesse - Arnaud
- Page 3 and 4:
pas, comme des frères et comme des
- Page 5 and 6:
peut devenir un sage. J’en ai app
- Page 7 and 8:
que si je pouvais atteindre l'Illim
- Page 9 and 10:
tant que vague n’est rien, tellem
- Page 11 and 12:
hindou, je suis coupé du musulman,
- Page 13 and 14:
maîtres hindous mettent au contrai
- Page 15 and 16:
suis brun. » Personne ne songerait
- Page 17 and 18:
Libération. Comment pourraitil y
- Page 19 and 20:
voir, voir où sont la dépendance
- Page 21 and 22:
pensées, le pivot autour duquel le
- Page 23 and 24:
frapper un enfant inoffensif à cou
- Page 25 and 26:
Depuis la petite enfance, sous la p
- Page 27 and 28:
informations sur ce qui se passe av
- Page 29 and 30:
échantillon. Il ne succombe plus p
- Page 31 and 32:
vers une simplification de plus en
- Page 33 and 34:
3. Trouver son maîtreToute science
- Page 35 and 36:
éducation s’est conservée tant
- Page 37 and 38:
sexuelles mais de pouvoir les arrê
- Page 39 and 40:
Cette dépendance du passé déterm
- Page 41 and 42:
chirurgie psychique extrêmement cr
- Page 43 and 44:
une nécessité, comme de manger, o
- Page 45 and 46:
s’éliminent d’euxmêmes à l
- Page 47 and 48:
mangerez un champignon dont vous ê
- Page 49 and 50:
immuable, permanente à laquelle ri
- Page 51 and 52:
plus de maîtrise sur soi et sur le
- Page 53 and 54:
certains, qui n’avaient besoin ni
- Page 55 and 56:
fortes chances, s’ils ne sont pas
- Page 58 and 59:
5. Oser dire ouiAujourd’hui, ma v
- Page 60 and 61:
suis » dans toutes les plantes, to
- Page 62 and 63:
comportement une série de réactio
- Page 64 and 65:
toutes choses concourent au bien de
- Page 66 and 67:
cramponnons aux émotions agréable
- Page 68 and 69:
l’ego, une des meilleures attrape
- Page 70 and 71:
prenons toujours nos réactions pou
- Page 72 and 73:
accepte, s’ouvre, s’élargit, p
- Page 74 and 75:
mettons pas en doute la situation d
- Page 76 and 77:
se situe en dehors de cette catégo
- Page 78 and 79:
notions intellectuelles discutées.
- Page 80 and 81:
ares, très rares sont ceux qui par
- Page 82 and 83:
Bouddha, Nagarjuna ou Bodhidharma e
- Page 84 and 85:
J’ai assez voyagé et travaillé
- Page 86 and 87:
s’agit et de la transformation po
- Page 88 and 89:
éunion d’une tariqa et on me fit
- Page 90 and 91:
Ces affirmations sont présentées
- Page 92 and 93:
intervient, justement, la libérati
- Page 94 and 95:
Libéré, libération. Le sage est
- Page 96 and 97:
Le drame de la plupart des existenc
- Page 98 and 99:
l’Identité suprême, l’identit
- Page 100 and 101:
peuvent pas s’empêcher de fumer.
- Page 102 and 103:
demeure présent, bien présent, da
- Page 104 and 105:
(tenue de la colonne vertébrale, c
- Page 106 and 107:
Si nous sommes emportés par nos mo
- Page 108 and 109:
L’expérience montre que la pens
- Page 110 and 111:
liquidée — au prix d’un abando
- Page 112 and 113:
3. Vivre au présentNon seulement l
- Page 114 and 115:
qu’aucune véritable croissance d
- Page 116 and 117:
éphémères et sans peines passag
- Page 118 and 119: feu, et pour la réadaptation au mo
- Page 120 and 121: que luimême. Te voilà, lecteur,
- Page 122 and 123: « miséreuxL’horreur des banlieu
- Page 124 and 125: Qui ne s’est écrié : « Ah! ne
- Page 126 and 127: Soi impersonnel, il est vrai aussi
- Page 128 and 129: séparation. S’il y a deux, deux
- Page 130 and 131: opinions. Si je suis la paix, je ne
- Page 132 and 133: L’opposition plus ou moins incons
- Page 134 and 135: ultrasensible éprouve la séparati
- Page 136 and 137: L’homme ou la femme ordinaire —
- Page 138 and 139: » à plusieurs deviennent ou redev
- Page 140 and 141: les femmes, beaucoup de femmes cher
- Page 142 and 143: par l’énergie fondamentale, l’
- Page 144 and 145: s’il est un homme ou une femme, l
- Page 146 and 147: L’homme et la femme qui s’aimen
- Page 148 and 149: et si l’on tient compte de tous l
- Page 150 and 151: contemporain peutil accepter de v
- Page 152 and 153: conflit, la répression inconscient
- Page 154 and 155: transmis oralement avant d’être
- Page 156 and 157: distinction entre être et non-êtr
- Page 158 and 159: elative peut être nié au nom de l
- Page 160 and 161: faut faire alors attention à ne pa
- Page 162 and 163: qu’ils sont plus ou moins éloign
- Page 164 and 165: En sanscrit vairagya signifie la di
- Page 166 and 167: Entre le monde sensible, ou physiqu
- Page 170 and 171: propensions, soient mises en jeu. L
- Page 172 and 173: manifestation d’une division int
- Page 174 and 175: est en lui et qu’il ne veut pas l
- Page 176 and 177: le voir et l’accepter. Plus ses a
- Page 178 and 179: aspirations, ses craintes, sa souff
- Page 180 and 181: quelqu’un nous pose la question :
- Page 182 and 183: particulier. En beaucoup il y a un
- Page 184 and 185: chercher et trouver un maître —
- Page 186 and 187: maîtres » sévissant en France n
- Page 188 and 189: exemples à l’infini. Ce que nous
- Page 190 and 191: considérée comme un bien. Le bien
- Page 192 and 193: parlait de guerre et de levées de
- Page 194 and 195: commettre l’acte, il peut avoir d
- Page 196 and 197: son accomplissement parfait. Ce seu
- Page 198 and 199: suggérer qu’il devrait toujours
- Page 200 and 201: de ce qu’il ressent comme bon et
- Page 202 and 203: mental, psychique, subtil. Tout ce
- Page 204 and 205: leur enfance l’éducation appropr
- Page 206 and 207: « criminel ou non », « acceptabl
- Page 208 and 209: enforcent l’une l’autre. L’in
- Page 210 and 211: Il faut toutefois tenir compte du f
- Page 212 and 213: mental. Elles consistent à fixer s
- Page 214 and 215: Gautama ? Le prince-moine a d’abo
- Page 216 and 217: attachés au succès, à l’argent
- Page 218 and 219:
ont encore besoin de leur gloire, i
- Page 220 and 221:
une affinité spéciale avec lui le
- Page 222 and 223:
Le désir de gloire et le désir d
- Page 224 and 225:
Cette subjectivité : je veux cet h
- Page 226 and 227:
Dharma régit artha et kâma et rep
- Page 228 and 229:
que je sois dans cette profession e
- Page 230 and 231:
mon épouse. » « Je l’ai accept
- Page 232 and 233:
distinction peut paraître, au prem
- Page 234 and 235:
souffrance. Or ceci n’est que le
- Page 236 and 237:
peut pas envisager. Et, pourtant, c
- Page 238 and 239:
de la psychologie mais la Réalité
- Page 240:
toutes choses. » Quel homme ? L’