cramponnons aux émotions agréables pour qu’elles ne meurent pas, pour les faire durer,et nous tuons par n’importe quel moyen une émotion <strong>de</strong> souffrance afin qu’elle meure. Etpar ce<strong>la</strong> nous bâtissons et rebâtissons à chaque instant notre prison, nous sommes lespropres auteurs <strong>de</strong> notre malheur. Toute joie ou toute peine, parce qu’elle est le produitd’une cause, parce qu’elle a un début conditionné et re<strong>la</strong>tif, est condamnée à disparaître.Seul est durable le sentiment <strong>de</strong> perfection, <strong>de</strong> plénitu<strong>de</strong> et d’amour universel qui serévèle lorsque toutes les émotions qui le voilent ont disparu. C’est le sentiment d’unitéavec tous les événements, un oui total et permanent. C’est l’Amour.N’oubliez jamais que <strong>la</strong> pire angoisse, <strong>la</strong> peur <strong>la</strong> plus inacceptable, l’impression <strong>de</strong>cauchemar, <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’impasse absolue, le désespoir n’ont qu’une réalité re<strong>la</strong>tive etsont <strong>de</strong>stinés à se dissiper. La voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix qui dépasse toute <strong>com</strong>préhension passe parl’acceptation sans aucune réserve du jeu naturel <strong>de</strong>s émotions : ne plus chercher à fairedurer les émotions positives et ne plus vouloir faire mourir prématurément les émotionsintolérables. Oh ! je sais que ce n’est pas facile et surtout que ce<strong>la</strong> ne paraît pas facile <strong>de</strong>dire oui à une terreur ou une angoisse que nous refusons <strong>de</strong> tout notre être. L’ai<strong>de</strong> d’unmaître, <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> cette ai<strong>de</strong> en nous est indispensable pour nous donner <strong>la</strong> convictionque l’inacceptable doit être accepté. Seul un sentiment profond <strong>de</strong> soumission à <strong>la</strong>volonté divine peut y suppléer chez celui qui a vraiment visàvis <strong>de</strong> <strong>la</strong> Provi<strong>de</strong>ncel’attitu<strong>de</strong> du petit enfant. Toute émotion doit être accueillie <strong>com</strong>me une expression ennous <strong>de</strong> <strong>la</strong> manifestation universelle, <strong>de</strong> l’unique énergie infinie. J’accepte pleinementque cette joie ne dure pas et j’accepte pleinement que cette souffrance soit là. Je les <strong>la</strong>issel’une et l’autre suivre leur cours. Je suis un avec elles. Si je veux qu’un bonheur dure,ce<strong>la</strong> signifie qu’il y a moi et mon bonheur. Si je veux que ma douleur cesse, ce<strong>la</strong> signifiequ’il y a moi et ma douleur. En adhérant à ma souffrance, en me détournant du non quis’élève en moi et qui est mensonge puisqu’il nie ce qui est, en prenant appui au contrairesur ce qui est, sur mon angoisse, pour lui dire oui, oui, oui, vient tôt ou tard un momentoù l’acceptation est si entière que <strong>la</strong> dualité disparaît : je suis mon émotion. Il ne resteplus personne pour souffrir. Et, à ce moment précis, <strong>la</strong> souffrance s’évanouit<strong>com</strong>plètement et fait p<strong>la</strong>ce à <strong>la</strong> paix. C’est <strong>com</strong>me le monstre ou le crapaud <strong>de</strong>s contes quise change en prince charmant lorsque <strong>la</strong> princesse, surmontant sa répulsion, lui donneenfin « un baiser d’amour ». C’est le sou<strong>la</strong>gement parfait et surtout définitif. Rien n’a étéréprimé et refoulé pour grossir en nous le stock du nonmanifesté qui cherche sans cesse àse manifester par <strong>de</strong>s moyens détournés et empoisonne notre existence. Cette terrible,horrible oppression a bel et bien disparu.Mais naturellement, accepter l’émotion douloureuse avec l’idée que ce<strong>la</strong> va <strong>la</strong> fairedisparaître serait une autre façon <strong>de</strong> ne pas l’accepter, <strong>de</strong> continuer à être <strong>de</strong>ux.L’adhésion doit être sans aucune réserve ou réticence. Le point <strong>de</strong> départ est <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong>qu’aucune émotion n’est <strong>la</strong> vérité ultime, le <strong>de</strong>rnier mot du réel, mais dans l’acceptationtotale, il n’est plus question <strong>de</strong> durée. Que <strong>la</strong> souffrance doive durer une minute, toute <strong>la</strong>vie ou l’éternité est oublié. On n’est plus dans le temps mais dans l’instant pur, sansaucune référence au passé ni au futur. Une fois que l’émotion a disparu et que nous nousretrouvons libres sans avoir rien refoulé, il est possible <strong>de</strong> voir les faits tels qu’ils sont, <strong>la</strong>lettre, <strong>la</strong> mauvaise nouvelle, et <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r calmement et délibérément les mesures qui
doivent être prises, en tenant <strong>com</strong>pte <strong>de</strong> tous les éléments qui constituent <strong>la</strong> situationdonnée et <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s autres autant que <strong>de</strong>s siens.<strong>Les</strong> gran<strong>de</strong>s joies sont aussi menteuses que les gran<strong>de</strong>s douleurs et nous aveuglent toutautant. Je les <strong>la</strong>isse simplement les unes et les autres suivre leur cours. Ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> uneexceptionnelle vigi<strong>la</strong>nce. Car le mouvement naturel est <strong>de</strong> se <strong>la</strong>isser emporter parl’émotion. Être emporté par son émotion ne signifie pas du tout faire un avec elle : il y a<strong>de</strong>ux, mon émotion et moi, et mon émotion m’entraîne, qu’il s’agisse d’une joie ou d’unesouffrance. Il y a trois façons <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre en canoé un torrent <strong>de</strong> montagne. Si <strong>de</strong>sgarçons mal intentionnés embarquent <strong>de</strong> force dans un kayak un camara<strong>de</strong> terrifié et luidonnent <strong>la</strong> poussée <strong>de</strong> départ, le malheureux navigateur involontaire va faire toute <strong>la</strong><strong>de</strong>scente emporté malgré lui, sans aucune maîtrise ou contrôle, ballotté, bousculé, cogné,précipité, retourné, refusant sa situation, criant intérieurement non <strong>de</strong> toutes ses forces àtous les rochers et toutes les chutes d’eau, vou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> toutes ses forces que les zones <strong>de</strong>calme durent toujours. Jusqu’à ce que fourbue, furieuse, pleurant, blessée peutêtre, <strong>la</strong>victime arrive en bout <strong>de</strong> course, elle aura été distincte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scente, ne faisant jamaisun avec celleci bien qu’elle ait été emportée <strong>com</strong>me un bouchon. Au contraire, un sportifqui trouve sa joie dans les dangers du torrent accepte chaque obstacle, chaque remous,chaque dénivel<strong>la</strong>tion, chaque tourbillon, accepte <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre avec le courant, d’êtremouillé, secoué et, s’il le faut, il ac<strong>com</strong>pagne le kayak qui se retourne et utilise <strong>la</strong> forcedu mouvement <strong>de</strong> retournement pour se redresser. Instant après instant il fait un avec <strong>la</strong><strong>de</strong>scente, disant oui aux difficultés, oui au fait que les zones d’accalmie ne soient quepassagères. Mais il y a aussi une troisième façon qui consiste à éviter <strong>de</strong> se <strong>la</strong>isseremporter en arrêtant <strong>la</strong> <strong>de</strong>scente chaque fois que c’est possible, par exemple ens’accrochant à une branche qui pend au<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l’eau. Tant qu’on a l’énergie <strong>de</strong> secramponner à <strong>la</strong> branche, le mouvement est en effet arrêté. Mais dès que vous lâchez,vous êtes emporté <strong>de</strong> nouveau. La seule attitu<strong>de</strong> juste consiste à être un avec le courant.C’est <strong>la</strong> vraie immobilité, <strong>la</strong> vraie immuabilité. Le malheureux qu’on a poussé <strong>de</strong> forcesur <strong>la</strong> rivière passe <strong>de</strong> <strong>la</strong> crainte à l’espoir et <strong>de</strong> l’espoir à <strong>la</strong> crainte du début à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong>course, selon les vicissitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scente. Le sportif qui se fait l’esc<strong>la</strong>ve volontaire dutorrent est libre <strong>de</strong> ces vicissitu<strong>de</strong>s et son attitu<strong>de</strong> intérieure ne change pas c’est le ouipermanent. En s’adaptant <strong>com</strong>plètement à tous les acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>la</strong> course, il <strong>de</strong>meuretoujours le même, toujours luimême, <strong>com</strong>me l’eau qui prend <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> tous les verreset <strong>de</strong> toutes les cruches sans être jamais affectée.Il en est ainsi dans l’existence. Tout change tout le temps et <strong>la</strong> seule chose qui nechange pas est l’acceptation du changement. Celui qui ne change jamais est celui qui estun avec tous les changements. Mais, pour celui qui ne veut plus être emporté <strong>com</strong>me unebrindille dans le ruisseau ou un canoé perdu sur le torrent, <strong>la</strong> tentation est gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s’isoler artificiellement du mouvement, du flux <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. Bien <strong>de</strong>s exercices <strong>de</strong> yoga,concentration, attention, présence à soimême peuvent être utilisés, <strong>com</strong>me <strong>de</strong>s branchespendant au<strong>de</strong>ssus du torrent, pour persévérer dans une voie sans issue. Je pense enparticulier au piège très réel que représente <strong>la</strong> « position <strong>de</strong> témoin », mentionnée danstant d’ouvrages dont les auteurs répètent une connaissance <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main sans avoireuxmêmes l’expérience <strong>com</strong>plète <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie. Cette position est un <strong>de</strong>s meilleurs trucs <strong>de</strong>
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peut pas envisager. Et, pourtant, c
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toutes choses. » Quel homme ? L’