contemporain peutil accepter <strong>de</strong> vivre sans connaissance <strong>de</strong> soi et sans connaître les lois<strong>de</strong> <strong>la</strong> manifestation?1.Vivre pour les autresJe me promenais un soir, à travers les rizières du Bengale, avec un élève français <strong>de</strong>mon maître. Je lui <strong>de</strong>mandai quelle définition brève il donnerait <strong>de</strong> cette expression sivague et confuse <strong>la</strong> vie spirituelle. Il répondit : « La vie spirituelle, ce sont tous lesmiracles qui se produisent dès qu’on <strong>com</strong>mence à faire passer l’intérêt <strong>de</strong>s autres avant lesien. »Miracles pour les autres, c’est à eux <strong>de</strong> le dire.Mais, pour soi, sans aucun doute.L’égoïsme est <strong>la</strong> souffrance. Le nonégoïsme est le bonheur permanent.Plus on aime, plus on est libre. Cet amour n'a rien a voir, bien sûr, avec l’attachement,le désir et <strong>la</strong> peur.C’est ton bien qui m’intéresse et non le mien. Je suis toi. Si j’ai en moi <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong>joie pendant que tu te débats encore dans ta prison,je t’appelle silencieusement à cettepaix et à cette joie qui sont aussi ton héritage.Je n’ai pas écrit souvent le mot Dieu dans tout cet ouvrage. Je le fais maintenant. Dieu,a dit le Christ, c’est le Père. Qu’estce que tout père digne <strong>de</strong> ce nom veut et souhaitepour ses enfants? Son but le plus cher est que ses enfants l’égalent ou le dépassent enintelligence, en santé, en savoir, en richesse, en bonheur. S’il n’a pas pu avoird’instruction, il travaille pour pouvoir leur en faire donner. Dieu, le Père, Créateur <strong>de</strong>l’univers, appelle chaque homme et chaque femme à L’égaler, à hériter <strong>de</strong> l’infini, <strong>de</strong>l’illimité, <strong>de</strong> l’éternel, à être un sans un second.Tout est moi. Je suis tout. J’aime mon prochain <strong>com</strong>me étant moimême. Je ne suis pasplus moi que je ne suis toi. Je suis libre du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> moimême.III. Troisième partie1. Se situerJ'écris ce chapitre en juin 1971, tandis que je séjourne dans un petit ashram <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong>.Deux expressions reviennent sans arrêt dans les conversations, aux premières pages <strong>de</strong>sjournaux, sur les affiches. Deux expressions en <strong>la</strong>ngue bengalie mukti fauj, Armée <strong>de</strong> <strong>la</strong>Libération, mukti bahini, Mouvement <strong>de</strong> Libération. Rien ne paraît plus contemporain,plus xxe siècle, que ce terme <strong>de</strong> mukti et son équivalent français libération. Mukti bahinidésigne le <strong>com</strong>bat <strong>de</strong>s Pakistanais <strong>de</strong> l’Est pour un Bang<strong>la</strong><strong>de</strong>sh indépendant mais nousavons aussi connu <strong>la</strong> Libération <strong>de</strong> <strong>la</strong> France et le « Paris libéré, libéré par son peuple »du Général <strong>de</strong> Gaulle, puis le « Front <strong>de</strong> Libération Nationale » en Algérie et le « Frontpopu<strong>la</strong>ire pour <strong>la</strong> Libération <strong>de</strong> <strong>la</strong> Palestine ».
Non seulement le désir <strong>de</strong> libération est une <strong>de</strong>s idées-forces du mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne maisbeaucoup affirment que ce désir est, en effet, une conquête récente <strong>de</strong> l’humanité. Ilsemble que, pendant <strong>de</strong>s millénaires, les hommes ont trouvé normal <strong>de</strong> vivre dans <strong>la</strong>servitu<strong>de</strong> femmes soumises aux maris, fris soumis aux pères, peuples soumis aux<strong>de</strong>spotes et tout le mon<strong>de</strong> soumis à <strong>de</strong>s contraintes religieuses et sociales. A en croirecertains, jusqu’au XVII e (ou, au mieux, au XVI e siècle) en Europe — et sauf dansquelques rares sociétés éphémères, ici ou là, <strong>com</strong>me <strong>la</strong> Démocratie athénienne — leshommes ont toujours vécu sans liberté <strong>de</strong> pensée, sans liberté <strong>de</strong> conscience. <strong>Les</strong> espritslibres ou les libres penseurs qui avaient <strong>la</strong> lucidité et le courage <strong>de</strong> s’insurger contrel’asservissement politique, social, religieux, intellectuel étaient bannis, ex<strong>com</strong>muniés,exilés ou torturés. Galilée, Luther, Hugo, pour ne considérer que notre Occi<strong>de</strong>nt, sont lesexemples les plus souvent cités. Aujourd’hui, au contraire, partout et <strong>de</strong> tous les côtés, onlibère à tour <strong>de</strong> bras on libère l’art, on libère <strong>la</strong> femme, on se libère sexuellement, on selibère <strong>de</strong>s tabous et <strong>de</strong>s préjugés. Et pourtant, l’oppression militaire, totalitaire, policièreou financière, règne sur <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> l’humanité tandis que l’autre moitié est soumise à <strong>la</strong>pression <strong>de</strong>s idéologies, <strong>de</strong> <strong>la</strong> publicité, <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> <strong>la</strong> suggestion ou <strong>de</strong> l’« intoxication» sous toutes leurs formes. Ceci est connu et je ne m’étendrai pas.Un fait important, par contre, est <strong>de</strong> plus en plus méconnu ce que je viens d’écrire sur<strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté, aussi généralement accepté soit-il, est une caricature <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité.Le mot bengali mukti, libération, au nom duquel les ponts sautent et les bombesexplosent, n’est autre que le terme sanscrit mukti qui a été, pendant plusieurs milliersd’années, le but ultime <strong>de</strong> tous les ascètes d’Asie, tous les yogis et, plus généralement,tous les hindous et tous les bouddhistes. Le sage parfait est appelé jivanmukta, « libérédans cette vie même ». Que mukti ait parfois été traduit en français par délivrance au lieu<strong>de</strong> libération n’infirme en rien mon propos. Tout l’hindouisme, sa métaphysique, sonsymbolisme, ses pratiques, ses lois, ses règles, son organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille et <strong>de</strong> <strong>la</strong>société, y <strong>com</strong>pris — pour ne pas dire à <strong>com</strong>mencer par — ce que nous considérons<strong>com</strong>me <strong>de</strong>s carcans dont les Indiens réussissent enfin à s’émanciper, tout ce que l’In<strong>de</strong> aété pendant cinq ou même six mille ans, culmina dans cet idéal <strong>de</strong> libération. Parfois, aulieu <strong>de</strong> mukti, les textes font apparaître le mot kaivalya. Il signifie indépendance absolueou, encore mieux, non-dépendance. L’idée transmise est <strong>la</strong> même. Pendant cinq mille ans<strong>de</strong>s hommes dont l’idéal était le mot libération ont accepté un ordre et <strong>de</strong>s structuresdurables sans penser que celles-ci soient « aliénantes » ou « oppressives ». Il a fallu <strong>la</strong>confusion mentale mo<strong>de</strong>rne pour inverser toute <strong>la</strong> vérité, voir l’oppression là où est <strong>la</strong>liberté et <strong>la</strong> libération là où se trouve <strong>la</strong> servitu<strong>de</strong>.Cet ordre se précisait, c’est vrai, à travers <strong>de</strong>s interdictions «Tu ne tueras pas », « Tune convoiteras pas », « Tu ne <strong>com</strong>mettras pas l’adultère. » C’est bien ce que dit aussi <strong>la</strong>loi <strong>de</strong> Moïse dont les chrétiens — et tout l’Occi<strong>de</strong>nt — ont hérité. Remarquons d’ailleursque ces <strong>com</strong>man<strong>de</strong>ments sont exprimés au futur et non à l’impératif, ce qui correspond,en effet, au texte hébreu. Ils désignent un but vers lequel nous pouvons marcher et nonune contrainte immédiate imposée à ceux qui ne sont pas mûrs pour s’y soumettre parleur propre <strong>com</strong>préhension. La société était fondée sur ces interdictions mais cesstructures offraient une garantie contre <strong>la</strong> déstructuration individuelle par le doute, le
- Page 1 and 2:
Les chemins de la sagesse - Arnaud
- Page 3 and 4:
pas, comme des frères et comme des
- Page 5 and 6:
peut devenir un sage. J’en ai app
- Page 7 and 8:
que si je pouvais atteindre l'Illim
- Page 9 and 10:
tant que vague n’est rien, tellem
- Page 11 and 12:
hindou, je suis coupé du musulman,
- Page 13 and 14:
maîtres hindous mettent au contrai
- Page 15 and 16:
suis brun. » Personne ne songerait
- Page 17 and 18:
Libération. Comment pourraitil y
- Page 19 and 20:
voir, voir où sont la dépendance
- Page 21 and 22:
pensées, le pivot autour duquel le
- Page 23 and 24:
frapper un enfant inoffensif à cou
- Page 25 and 26:
Depuis la petite enfance, sous la p
- Page 27 and 28:
informations sur ce qui se passe av
- Page 29 and 30:
échantillon. Il ne succombe plus p
- Page 31 and 32:
vers une simplification de plus en
- Page 33 and 34:
3. Trouver son maîtreToute science
- Page 35 and 36:
éducation s’est conservée tant
- Page 37 and 38:
sexuelles mais de pouvoir les arrê
- Page 39 and 40:
Cette dépendance du passé déterm
- Page 41 and 42:
chirurgie psychique extrêmement cr
- Page 43 and 44:
une nécessité, comme de manger, o
- Page 45 and 46:
s’éliminent d’euxmêmes à l
- Page 47 and 48:
mangerez un champignon dont vous ê
- Page 49 and 50:
immuable, permanente à laquelle ri
- Page 51 and 52:
plus de maîtrise sur soi et sur le
- Page 53 and 54:
certains, qui n’avaient besoin ni
- Page 55 and 56:
fortes chances, s’ils ne sont pas
- Page 58 and 59:
5. Oser dire ouiAujourd’hui, ma v
- Page 60 and 61:
suis » dans toutes les plantes, to
- Page 62 and 63:
comportement une série de réactio
- Page 64 and 65:
toutes choses concourent au bien de
- Page 66 and 67:
cramponnons aux émotions agréable
- Page 68 and 69:
l’ego, une des meilleures attrape
- Page 70 and 71:
prenons toujours nos réactions pou
- Page 72 and 73:
accepte, s’ouvre, s’élargit, p
- Page 74 and 75:
mettons pas en doute la situation d
- Page 76 and 77:
se situe en dehors de cette catégo
- Page 78 and 79:
notions intellectuelles discutées.
- Page 80 and 81:
ares, très rares sont ceux qui par
- Page 82 and 83:
Bouddha, Nagarjuna ou Bodhidharma e
- Page 84 and 85:
J’ai assez voyagé et travaillé
- Page 86 and 87:
s’agit et de la transformation po
- Page 88 and 89:
éunion d’une tariqa et on me fit
- Page 90 and 91:
Ces affirmations sont présentées
- Page 92 and 93:
intervient, justement, la libérati
- Page 94 and 95:
Libéré, libération. Le sage est
- Page 96 and 97:
Le drame de la plupart des existenc
- Page 98 and 99:
l’Identité suprême, l’identit
- Page 100 and 101: peuvent pas s’empêcher de fumer.
- Page 102 and 103: demeure présent, bien présent, da
- Page 104 and 105: (tenue de la colonne vertébrale, c
- Page 106 and 107: Si nous sommes emportés par nos mo
- Page 108 and 109: L’expérience montre que la pens
- Page 110 and 111: liquidée — au prix d’un abando
- Page 112 and 113: 3. Vivre au présentNon seulement l
- Page 114 and 115: qu’aucune véritable croissance d
- Page 116 and 117: éphémères et sans peines passag
- Page 118 and 119: feu, et pour la réadaptation au mo
- Page 120 and 121: que luimême. Te voilà, lecteur,
- Page 122 and 123: « miséreuxL’horreur des banlieu
- Page 124 and 125: Qui ne s’est écrié : « Ah! ne
- Page 126 and 127: Soi impersonnel, il est vrai aussi
- Page 128 and 129: séparation. S’il y a deux, deux
- Page 130 and 131: opinions. Si je suis la paix, je ne
- Page 132 and 133: L’opposition plus ou moins incons
- Page 134 and 135: ultrasensible éprouve la séparati
- Page 136 and 137: L’homme ou la femme ordinaire —
- Page 138 and 139: » à plusieurs deviennent ou redev
- Page 140 and 141: les femmes, beaucoup de femmes cher
- Page 142 and 143: par l’énergie fondamentale, l’
- Page 144 and 145: s’il est un homme ou une femme, l
- Page 146 and 147: L’homme et la femme qui s’aimen
- Page 148 and 149: et si l’on tient compte de tous l
- Page 152 and 153: conflit, la répression inconscient
- Page 154 and 155: transmis oralement avant d’être
- Page 156 and 157: distinction entre être et non-êtr
- Page 158 and 159: elative peut être nié au nom de l
- Page 160 and 161: faut faire alors attention à ne pa
- Page 162 and 163: qu’ils sont plus ou moins éloign
- Page 164 and 165: En sanscrit vairagya signifie la di
- Page 166 and 167: Entre le monde sensible, ou physiqu
- Page 168 and 169: vérité doit faire le chemin inver
- Page 170 and 171: propensions, soient mises en jeu. L
- Page 172 and 173: manifestation d’une division int
- Page 174 and 175: est en lui et qu’il ne veut pas l
- Page 176 and 177: le voir et l’accepter. Plus ses a
- Page 178 and 179: aspirations, ses craintes, sa souff
- Page 180 and 181: quelqu’un nous pose la question :
- Page 182 and 183: particulier. En beaucoup il y a un
- Page 184 and 185: chercher et trouver un maître —
- Page 186 and 187: maîtres » sévissant en France n
- Page 188 and 189: exemples à l’infini. Ce que nous
- Page 190 and 191: considérée comme un bien. Le bien
- Page 192 and 193: parlait de guerre et de levées de
- Page 194 and 195: commettre l’acte, il peut avoir d
- Page 196 and 197: son accomplissement parfait. Ce seu
- Page 198 and 199: suggérer qu’il devrait toujours
- Page 200 and 201:
de ce qu’il ressent comme bon et
- Page 202 and 203:
mental, psychique, subtil. Tout ce
- Page 204 and 205:
leur enfance l’éducation appropr
- Page 206 and 207:
« criminel ou non », « acceptabl
- Page 208 and 209:
enforcent l’une l’autre. L’in
- Page 210 and 211:
Il faut toutefois tenir compte du f
- Page 212 and 213:
mental. Elles consistent à fixer s
- Page 214 and 215:
Gautama ? Le prince-moine a d’abo
- Page 216 and 217:
attachés au succès, à l’argent
- Page 218 and 219:
ont encore besoin de leur gloire, i
- Page 220 and 221:
une affinité spéciale avec lui le
- Page 222 and 223:
Le désir de gloire et le désir d
- Page 224 and 225:
Cette subjectivité : je veux cet h
- Page 226 and 227:
Dharma régit artha et kâma et rep
- Page 228 and 229:
que je sois dans cette profession e
- Page 230 and 231:
mon épouse. » « Je l’ai accept
- Page 232 and 233:
distinction peut paraître, au prem
- Page 234 and 235:
souffrance. Or ceci n’est que le
- Page 236 and 237:
peut pas envisager. Et, pourtant, c
- Page 238 and 239:
de la psychologie mais la Réalité
- Page 240:
toutes choses. » Quel homme ? L’