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Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

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« miséreuxL’horreur <strong>de</strong>s banlieues <strong>de</strong> Calcutta ou <strong>de</strong> Bombay n’est en rien une conséquence <strong>de</strong>sconceptions hindoues qui fondaient <strong>la</strong> vie sur le vil<strong>la</strong>ge et nullement surl’industrialisation, <strong>la</strong> concentration urbaine et <strong>la</strong> création d’un sous­prolétariatdéshumanisé. Le même hindouisme a engendré autrefois, et pendant <strong>de</strong>s siècles, unesociété florissante qui faisait l’admiration <strong>de</strong>s voyageurs étrangers.Cette société produit <strong>de</strong>s adultes heureux parce qu’elle produit <strong>de</strong>s mères. Dès que <strong>de</strong>sépoux ont un enfant, ils ne sont plus d’abord mari et femme mais d’abord père et mère.La vie du couple est jalonnée <strong>de</strong> cultes, rites, cérémonies qui lui donnent une gran<strong>de</strong>ursupra­humaine. L’homme et <strong>la</strong> femme acceptent sans réticence le changement inévitable,le vieillissement. Tout le mon<strong>de</strong> s’adresse à l’épouse en l’appe<strong>la</strong>nt non pas « madame »mais « mère ». Et que ces mères sont belles! Libérées <strong>de</strong> <strong>la</strong> tyrannie <strong>de</strong> <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> (le sari<strong>de</strong>meure pareil à lui­même à travers les années) et du coiffeur (elles soignent ellesmêmes,avec <strong>de</strong>s huiles végétales, leurs longues chevelures noires), le visage sans ri<strong>de</strong>s,sereines, rayonnantes, elles sont <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong>. Comblées par leurs époux,conscientes <strong>de</strong> leur fonction dans <strong>la</strong> société, elles attirent à elles les hommages et <strong>la</strong>vénération que justifient leur dignité et leur noblesse. <strong>Les</strong> amis <strong>de</strong> leurs grands filsviennent leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r leur bénédiction. Certains, spontanément, s’inclinent <strong>de</strong>vant ellespour toucher <strong>la</strong> poussière <strong>de</strong> leurs pieds. J’ai souvent, bien souvent éprouvé ce sentiment<strong>de</strong> profond respect pour <strong>de</strong>s femmes, <strong>de</strong>s « mères », encore jeunes, <strong>de</strong> <strong>la</strong> société indiennequi vit toujours à l'ancienne mo<strong>de</strong>, pour <strong>de</strong>s femmes « non émancipées ».Lorsqu’un homme s’incline <strong>de</strong>vant une femme pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> le bénir, n’est­cepas aussi f<strong>la</strong>tteur pour celle­ci que s’il se contentait <strong>de</strong> penser: « Tiens, je me l’enverraisbien, celle­là, si je pouvais... »?La plupart <strong>de</strong>s adultes, quelles que soient leur réussite professionnelle et leur positiondans <strong>la</strong> vie, expriment à travers un corps et un cerveau <strong>de</strong> quarante ou cinquante ans <strong>de</strong>sémotions <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois ans. Ceci explique, entre autres, un trait caractéristique <strong>de</strong> notrecivilisation contemporaine : l’incapacité <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes à vieillirconvenablement. L’Occi<strong>de</strong>nt est ivre <strong>de</strong> jeunesse, hanté par l’adolescence et il a perdu unpersonnage essentiel, celui du vieux sage, celui du patriarche. Le mot persanpir quidésigne les maîtres soufis en Iran et en Afghanistan, signifie tout simplement vieux. Cettefolie <strong>de</strong> jeunesse traduit un attachement au corps physique, une limitation à <strong>la</strong> consciencedéfinie par le corps tout à fait anormale et même tragique.Celui qui veut croître normalement doit dénouer cette fixation émotionnelle infantile,revivre ses <strong>de</strong>ux ans ou ses <strong>de</strong>ux mois, assumer et <strong>com</strong>prendre ce qu’il n’avait pu nisupporter ni résoudre, et refaire le chemin manqué vers l’âge adulte.Ce chemin va <strong>com</strong>porter trois étapes. C’est d’abord <strong>la</strong> libération <strong>de</strong> l’émotion réprimée<strong>de</strong>puis tant d’années et qui, après s’être tellement manifestée <strong>de</strong> façon détournée, vas’exprimer directement. Elle entraîne avec elle le retour à <strong>la</strong> conscience du souvenir*

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