profon<strong>de</strong> vérité intérieure tombe. La muraille entre le conscient et l’inconscient s’allègejusqu’à <strong>de</strong>venir un voile transparent qui vous permet <strong>de</strong> <strong>com</strong>prendre ce que vous voulezvraiment. Car il y a <strong>de</strong>ux voix qui appellent en vous, celle qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Dieu, ou le Soi,ou l’Infini et <strong>la</strong> voix qui réc<strong>la</strong>me mon p<strong>la</strong>isir, ma satisfaction, l’ac<strong>com</strong>plissement <strong>de</strong> mesdésirs, ma plénitu<strong>de</strong> sexuelle, <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> l’ego. Je veux <strong>la</strong> vérité. Mais je veux aussi enmême temps être considéré, approuvé, aimé. Le maître sait parfaitement <strong>com</strong>ment ces<strong>de</strong>ux voix appellent en ceux qui l’approchent. Le disciple doit apprendre à les reconnaîtreen lui et à savoir ce qu’il veut. Tant qu’on s’imagine ne vouloir que <strong>la</strong> libération, on estdans le mensonge. Si on veut uniquement, <strong>com</strong>plètement, absolument <strong>la</strong> libération, celleciest là immédiatement, en un instant, et elle est là tout entière et pour toujours. Tant quele disciple n’a pas reconnu qu’il veut mille choses parmi lesquelles, entre autres, <strong>la</strong>libération, il <strong>de</strong>meure dans le mensonge et l’irréel et il ne peut pas <strong>com</strong>mencer à guérir.Le maître va gui<strong>de</strong>r le disciple dans le dépouillement.On ne peut <strong>com</strong>mencer à guérir d’une ma<strong>la</strong>die qu’en sachant <strong>de</strong> quoi on souffre. Lemaître voit dans quelle mesure <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> libération et le désir <strong>de</strong> pratiquer <strong>la</strong>sadhana sont purs ou s’ils sont une <strong>com</strong>pensation aux inci<strong>de</strong>nts et aux drames <strong>de</strong>l’existence : je ne réussis pas dans mon métier, je ne gagne pas assez d’argent, mon marim’a quittée, j’ai perdu un enfant,... et je suis malheureux. Il voit aussi dans quelle mesurecette ambition spirituelle est l’expression d’une névrose et d’une recherche inconscienteet infantile <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère ou du père ou encore <strong>la</strong> réaction à un traumatisme refoulé dupremier âge autour duquel s’est organisée toute l’existence. Souvent le sadhaka doitd’abord réussir dans <strong>la</strong> vie et constater si le désir <strong>de</strong> <strong>la</strong> libération subsiste encore. Lemaître le met aussi en mesure d’exprimer ce qui est en lui et qui n’a jamais pu semanifester que <strong>de</strong> façon détournée et mensongère, lui permet <strong>de</strong> s’accepter luimême.En même temps, ces difficultés, ces frustrations, ces tragédies sont une bénédiction, ledébut <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie, parce qu’elles poussent l’homme à chercher autre chose que <strong>la</strong>satisfaction <strong>de</strong>s désirs. Peu à peu, le maître met le disciple à même <strong>de</strong> voir ses désirs, leurforce, leurs fluctuations, leurs transformations, leurs détours et surtout <strong>de</strong> voir que,finalement, aucun désir ne peut être satisfait et que les désirs le maintiennent seulementexilé du Soi, <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix et <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité. Le maître va donc gui<strong>de</strong>r le disciple dans le champconstamment mouvant <strong>de</strong> ses désirs. Que fautil faire pour qu’ils diminuent puis qu’ilsdisparaissent?La voie morale du « non » — j’ai envie <strong>de</strong> ce<strong>la</strong> et je refuse cette envie — conduit à <strong>la</strong>frustration. La voie anarchique du « oui » pour éviter cette frustration mène à <strong>la</strong> licenceactuelle dans tous les domaines (notamment <strong>la</strong> sexualité) et nullement à <strong>la</strong> <strong>sagesse</strong>. Sousun contrôle strict, en connaissance <strong>de</strong> cause, pour certains disciples, dans le cadre d’uneascèse d’ensemble, l’hyper consommation momentanée peut conduire à <strong>la</strong> liberté. C’estun <strong>de</strong>s principes du tantrisme. Mais c’est un chemin périlleux. La voie <strong>la</strong> plus sûre est lecontrôle et l’acceptation disciplinée. Le désir luimême n’est pas réprimé ou refusé, maistoujours reconnu sans juger. Métaphysiquement, il n’y a ni bien ni mal. Ce n’est qu’auniveau social, dans les re<strong>la</strong>tions avec les autres, que les <strong>com</strong>portements produisent <strong>la</strong>souffrance ou <strong>la</strong> joie pour notre prochain. Le maître ai<strong>de</strong> le disciple à reconnaître sesdésirs et à reconnaître s’il doit y cé<strong>de</strong>r ou y renoncer. Ce désir correspondil aujourd’hui à
une nécessité, <strong>com</strong>me <strong>de</strong> manger, ou à un luxe, <strong>com</strong>me <strong>de</strong> manger telle nourritureparticulière ? Qu’estce qui m’est nécessaire maintenant, à l’étape <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie où je metrouve, <strong>la</strong> voie que je suis pas à pas?Parce que, le plus souvent, les Occi<strong>de</strong>ntaux ne connaissent que le mo<strong>de</strong> d’instruction<strong>de</strong> nos lycées ou collèges, beaucoup se représentent difficilement l’enseignement donnépar un maître à un disciple et supposent que le maître transmet à son élève <strong>de</strong>s idées, <strong>de</strong>sdoctrines, <strong>de</strong>s théories, <strong>com</strong>me nous pouvons en lire dans les livres. Mais le maîtren’ajoute pas <strong>de</strong>s cadres intellectuels ou <strong>de</strong>s concepts nouveaux à tous ceux qui nousen<strong>com</strong>brent déjà et il ne propose pas une foi nouvelle. Au contraire, il ai<strong>de</strong> le disciple à selibérer <strong>de</strong> toutes les conceptions du mental afin qu’il puisse retrouver peu à peu <strong>la</strong>spontanéité. Le « bagage intellectuel » nous maintient à <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> manifestation. Lavie à <strong>la</strong> surface est certainement un <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong>s temps. <strong>Les</strong> gens veulent toujours <strong>de</strong>nouvelles théories encore plus somptueuses que les précé<strong>de</strong>ntes et qui leur évitentl’indispensable effort vers <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur. Qui, aujourd’hui, au cours d’un repas, estcapable d’être entièrement dans l’acte <strong>de</strong> manger, percevoir le goût, mastiquer, avaler ?La bouche mange mais le mental poursuit ses associations d’idées ou regar<strong>de</strong> à <strong>la</strong>télévision les hommes mourir au Rwanda, danser à Rio, se battre à Saïgon, tout ce<strong>la</strong> pèlemêle.Combien <strong>de</strong> candidats yogis veulent qu’on leur enseigne <strong>la</strong> « concentration » maisn’ont pas <strong>la</strong> moindre intention <strong>de</strong> se concentrer dans toutes les petites actions <strong>de</strong> <strong>la</strong>journée. Quand le sage mange, il mange et quand le sage marche, il marche. Quand ilécoute, il écoute et quand il parle, il parle.Le sage peut donner à ses visiteurs et il ne fait que ce<strong>la</strong> du matin au soir. Mais lemaître et son disciple ont un chemin à parcourir ensemble. La plupart <strong>de</strong>s candidats à <strong>la</strong>libération envisagent leur re<strong>la</strong>tion avec le maître en termes <strong>de</strong> donner et recevoir. Dansleur conception infantile, le maître donne et le disciple reçoit. C’est mon maître. Il va medonner sa bénédiction, sa grâce, sa paix, son silence. Il va me donner <strong>la</strong> libération, à moi,parce que je <strong>la</strong> veux. Le maître a certains pouvoirs que je n’ai pas et il doit mettre cespouvoirs au service <strong>de</strong> mon ego. Puisque lui, il a conquis cette perfection par ses efforts,ses sacrifices, sa mort à luimême, sa transformation, il doit maintenant me <strong>la</strong> donnerparce que je ne suis pas heureux et que je veux être heureux.Certes, le désir d’être heureux est le plus normal et le plus légitime. Être heureux ou nepas être heureux, voilà <strong>la</strong> question. Mais qu’estce que le bonheur et <strong>com</strong>ment s’acquiertil? On reçoit à <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> ce que l’on donne. Le disciple donne et il reçoit. Et lemeilleur don que l’on puisse faire, c’est celui <strong>de</strong> soimême. Je suis son disciple. À ceuxqu’il considère <strong>com</strong>me étant encore <strong>de</strong>s enfants parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font,le sage donne. A ceux qui veulent <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s adultes, le maître <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Donnezmoivos mensonges, vos haines, vos peurs, vos désespoirs, vos contradictions. Donnezmoivotre agressivité, votre rancune, votre orgueil, votre peine. « Déchargezvous sur moi <strong>de</strong>votre far<strong>de</strong>au et je vous sou<strong>la</strong>gerai. » Encore fautil que le disciple accepte <strong>de</strong> sedécharger <strong>de</strong> son far<strong>de</strong>au. Mais, pendant longtemps, il s’y cramponne <strong>de</strong> toutes sesforces. Il est <strong>de</strong>venu son far<strong>de</strong>au. Il ne se conçoit plus que <strong>com</strong>me le far<strong>de</strong>au en question.Ce même far<strong>de</strong>au a <strong>la</strong> ruse (maya) <strong>de</strong> se présenter aussi sous <strong>de</strong>s aspects fascinantssuccès, p<strong>la</strong>isir, supériorité sur les autres, bril<strong>la</strong>nte intelligence, amour. On m’aime, je suis
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que je sois dans cette profession e
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mon épouse. » « Je l’ai accept
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peut pas envisager. Et, pourtant, c
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toutes choses. » Quel homme ? L’