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Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

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désirs intenses, immenses, merveilleux <strong>de</strong> possession, <strong>de</strong>s haines farouches fondées sur sapeur, <strong>de</strong>s jalousies déchirantes. La manifestation, l’expression <strong>de</strong> ces émotions lui vautpresque toujours un : « Tu ne dois pas », « Tu ne <strong>de</strong>vrais pas » ou : « Ce n’est pas bien. »Il est probable que lorsque le petit enfant a voulu exprimer <strong>la</strong> terreur ou le désespoirsuscités par son drame initial, cette expression (cris, sanglots, violence, rage) n’a faitqu’aggraver sa situation. Il <strong>com</strong>prend confusément que plus il veut regagner ce qu' il aperdu ou effacer ce qu’il a subi, plus le mal augmente. Au lieu d’exprimer, repousser au<strong>de</strong>horsce qui l’opprime, il apprend <strong>de</strong> lui­même à réprimer. Pour l’enfant, être lui­même,naturel, c’est manifester sa souffrance. Si ce<strong>la</strong> ne lui est pas possible, s’il ressentconfusément qu’il ne doit pas exprimer librement, qu’il ne doit pas être spontané, il sentdu même coup qu’il ne peut pas, qu’il ne doit pas être lui­même. C’est <strong>la</strong> pire tragédie quipuisse arriver à un être humain. L’enfant va <strong>de</strong>meurer infantile, mais il ne sera plusjamais « pareil à un petit enfant » au sens que le Christ donnait à ces mots. Le besoinprimordial d’être soi­même <strong>de</strong>meure dans l’inconscient. Non seulement il y a conflitentre le conscient et l’inconscient mais l’inconscient lui­même est un conflit entrel’expression et <strong>la</strong> répression, le désir <strong>de</strong> manifester et <strong>la</strong> peur — ou même <strong>la</strong> terreur — <strong>de</strong>manifester, le désir d’être soi­même et <strong>la</strong> peur d’être soi­même, et cette situation va durertoute <strong>la</strong> vie. Plonger dans son inconscient, c’est souvent <strong>de</strong>venir le témoin <strong>de</strong> ce <strong>com</strong>batdéchirant, <strong>de</strong> cette « dualitéEnsuite cette tendance est renforcée par les menaces ou les injonctions <strong>de</strong>s éducateurset leurs appels au bien. Des réactions inévitables, normales, sont attribuées à Satan,considérées <strong>com</strong>me honteuses. On ne se préoccupe pas <strong>de</strong> savoir quelle peut bien en être<strong>la</strong> source cachée. On les juge et on apprend à l’enfant à les juger, à se refuser lui­même aulieu <strong>de</strong> se <strong>com</strong>prendre lui­même. En même temps, on lui propose un idéal absolumentinaccessible et que ceux qui le lui imposent savent très bien n’avoir pas réalisé euxmêmes.Si bien que le mental <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s enfants est déchiré par cette contradiction:« Je dois » et « Je ne peux pas », situation éminemment douloureuse qui est naturellementréprimée elle aussi et <strong>com</strong>pensée par une nouvelle acrobatie <strong>de</strong> ce même mental. Unenfant ne <strong>de</strong>vrait jamais éprouver: « Je n’ai pas pu »mais, au contraire: «J’ai pu ceci»,même si ce n'est qu’un petit peu. L’expression négative est toujours fausse, car elle faitintervenir <strong>la</strong> <strong>com</strong>paraison avec « un autre » qui, lui, aurait pu. L’enfant perçoit qu’il auraitdû être cet autre, que cet autre est lui­même tel qu’il <strong>de</strong>vrait être. Or, notoirement, cen’est pas lui. Par là, <strong>la</strong> prétendue éducation crée seulement <strong>la</strong> division, alors que l’unitéou le non­dualisme est toujours et partout <strong>la</strong> vérité. L’attitu<strong>de</strong> positive: « J’ai pu jusque­là» préserve chez l’enfant le sentiment d’être lui­même. C’est <strong>la</strong> promesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissanceet du progrès. Le pire crime que puisse <strong>com</strong>mettre un éducateur c’est <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r àl’enfant d’être un autre que lui­même. Seul est fort celui qui est lui­même.Peu à peu le fossé entre <strong>la</strong> vérité et le mental, le cœur et <strong>la</strong> tête, <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur et <strong>la</strong>surface, moi­même et une caricature <strong>de</strong> moi­même, s’é<strong>la</strong>rgit et s’approfondit jusqu’à cequ’il n’y ait plus aucune <strong>com</strong>munication consciente possible. Le boulot <strong>de</strong>s éducateurs estterminé. Il n’y a plus qu’à rajouter une petite touche <strong>de</strong> temps en temps. A l’âge <strong>de</strong> cinqou six ans, <strong>la</strong> partie est jouée. Le reste n’est plus que du figno<strong>la</strong>ge. Voilà un enfant bienélevé, un adolescent révolté; un adulte névrosé, un être humain aliéné, <strong>de</strong>venu un autre

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