s’agit et <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation possible <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> conscience. Nous sommes tellementinfluencés, intoxiqués, suggestionnés, hypnotisés par le mon<strong>de</strong> dans lequel nous avonsvécu jusqu’à aujourd’hui et qui a, en effet, constitué peu à peu notre être, que <strong>la</strong>découverte d’un autre ordre <strong>de</strong> lois est une longue entreprise au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle — j’enparle en connaissance <strong>de</strong> cause — nous <strong>de</strong>vons parfois « brûler ce que nous avons adoréet adorer ce que nous avons brûlé ». Petit à petit, et ce<strong>la</strong> ne peut se faire que parexpérience individuelle, une nouvelle perception, un sens nouveau s’arment et s’affinenten nous.Aujourd’hui, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s gens ne ressentent même plus <strong>la</strong> différence entre l’artreligieux et l’art sacré et appellent art sacré ce qui n’en est certainement pas. Il ne suffitpas <strong>de</strong> peindre <strong>de</strong>s sujets religieux pour faire <strong>de</strong> l’art sacré, ni <strong>de</strong> dire qu’on a bâti uneéglise pour avoir bâti une église. N’importe qui, selon ses propres émotions et opinionsindividuelles, peut concevoir et faire construire un lieu <strong>de</strong> culte qui ne répond plus à uneseule <strong>de</strong>s lois objectives <strong>de</strong> l’art sacré. Pour faire <strong>de</strong> l’art sacré, il n’y a que <strong>de</strong>ux voies :être soimême parfaitement libéré <strong>de</strong> tous ses conditionnements, autrement dit être unsage, ou suivre rigoureusement les canons prescrits par les sages.Si l’art est <strong>la</strong> <strong>com</strong>pensation <strong>de</strong> <strong>la</strong> névrose, si l’artiste exprime <strong>de</strong>s émotions infantilesréprimées, si l’artiste est « endormi », ses œuvres d’art ne conduiront pas à l’éveil mêmes’il les intitule « temple », « salle <strong>de</strong> méditation », ou « musique sacrée », « oratorio », «messe » ou « crucifixion » ou « manda<strong>la</strong> ». Le véritable sens <strong>de</strong> l’art conscient a disparu.La société humaine est un vaste champ <strong>de</strong> bataille où sont confrontés les ténèbres et <strong>la</strong>lumière, l’irréel et le réel, l’invoîution et l’évolution, le mensonge et <strong>la</strong> vérité, <strong>la</strong>souffrance et <strong>la</strong> sérénité. <strong>Les</strong> émotions individuelles sont les alliées toutespuissantes <strong>de</strong>l’aveuglement. Tout art fondé sur les émotions <strong>de</strong> l’artiste excite et nourrit celles <strong>de</strong>sspectateurs ou auditeurs et, du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’éveil, agit <strong>com</strong>me un hypnotique. « <strong>Les</strong>aveugles conduisent les aveugles », disait le Christ. <strong>Les</strong> endormis bercent les endormis.Je sais le drame personnel que ceci a représenté pour un certain nombre <strong>de</strong> peintres,musiciens, écrivains, à <strong>com</strong>mencer par moi. Tôt ou tard le moment d’un choix vienttoujours — si l’engagement sur <strong>la</strong> voie n’est pas un rêve <strong>de</strong> plus.Au contraire, dans une civilisation traditionnelle, ce n’est pas seulement le lieu <strong>de</strong>culte ou le rite qui expriment le sacré, mais toute l’existence dans ses moindres détails<strong>de</strong>puis <strong>la</strong> cuisine à <strong>la</strong> façon <strong>de</strong> se coucher, en passant par les jeux et les fêtes, le travail etle métier, <strong>la</strong> sexualité et les différentes sciences. Il subsiste en Orient <strong>de</strong>s restes <strong>de</strong>civilisation traditionnelle en conformité avec les lois universelles : <strong>de</strong> <strong>la</strong> vraie musique,<strong>de</strong>s vraies fêtes, un ordre, une harmonie, une justesse, un cadre et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> viequi permettent <strong>la</strong> croissance intérieure et <strong>la</strong> liberté intérieure au lieu <strong>de</strong> les interdire.<strong>Les</strong> émotions et sensations ordinaires sont liées au p<strong>la</strong>n physique, c’estàdire au p<strong>la</strong>nle plus grossier, où les limitations et conditionnements individuels se font le pluslour<strong>de</strong>ment sentir. Tant que ces émotions et sensations se manifestent, elles ne <strong>la</strong>issentaucune p<strong>la</strong>ce aux perceptions et expériences d’un niveau supérieur. En soi ces états <strong>de</strong>conscience ordinaires ne sont pas critiquables, si ce n’est qu’ils impliquent leur opposé :ma<strong>la</strong>ise, peine, souffrance. Pour les susciter ou les intensifier, les gens s’agitent à
longueur <strong>de</strong> journée et dépensent beaucoup d’argent. Mais ce sont eux qui nous frustrent<strong>de</strong>s sentiments et <strong>de</strong>s bonheurs supérieurs. Tout le mon<strong>de</strong> a connu exceptionnellement<strong>de</strong>s moments « divins ». Leur souvenir est inoubliable. Pour que ceuxci <strong>de</strong>viennent peu àpeu l’essentiel <strong>de</strong> nos existences, nous <strong>de</strong>vons donner en échange les satisfactionshabituelles auxquelles nous nous cramponnons. Nous ne pourrons abandonner cellescique Si nous <strong>com</strong>prenons tout ce qu’elles nous font perdre. <strong>Les</strong> joies médiocres ne sontjamais le chemin <strong>de</strong>s joies spirituelles. Elles en sont, au contraire, l’obstacle principal.Quiconque a <strong>com</strong>pris qu’il était responsable <strong>de</strong> son <strong>de</strong>stin, <strong>de</strong> son progrès personnel,<strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation <strong>de</strong> son être, cherche à mettre tous les atouts dans son jeu, à réunir lesconditions les plus favorables. Mais <strong>la</strong> meilleure bonne volonté ne suffit pas. Commentcelui qui dort peutil s’éveiller luimême ? Quelle expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> Connaissancel’ignorance estelle capable <strong>de</strong> concevoir? Nous <strong>de</strong>vons d’abord être convaincus qu’àchaque secon<strong>de</strong> ce que nous percevons ou faisons contribue à constituer notre être. Si,d’un côté, je lutte pour grandir et me transformer et que, d’un autre, je me soumets à <strong>de</strong>sinfluences qui me maintiennent au niveau ordinaire, physique, <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, je ne peux pasaccé<strong>de</strong>r aux p<strong>la</strong>ns ou aux états supérieurs <strong>de</strong> l’être. Sur <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> g<strong>la</strong>nds tombés àterre <strong>com</strong>bien donneront un chêne? Sur <strong>de</strong>s milliers d’êtres humains pourvus d’un corpsmortel <strong>com</strong>bien <strong>de</strong>viendront <strong>de</strong>s hommes véritables, <strong>de</strong>s sages, qui ont transcendé lecorps physique et vivent sur un p<strong>la</strong>n infiniment plus subtil ou raffiné ? Nous sommes plus<strong>com</strong>pétents pour raffiner du pétrole que pour nous raffiner nousmêmes.C’est dans l’enseignement Gurdjieff puis en Orient que j’ai appris à percevoir <strong>la</strong>différence profon<strong>de</strong> — plus même : fondamentale, radicale — qu’il y a entre <strong>de</strong>s cadres<strong>de</strong> vie, <strong>de</strong>s décors, <strong>de</strong>s harmonies visuelles, <strong>de</strong>s musiques, <strong>de</strong>s gestes ou <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>sfaçons <strong>de</strong> parler ou <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cer sa voix, etc., qui peuvent paraître <strong>com</strong>parables ou du mêmeordre mais qui, au contraire, répon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>ux ordres <strong>de</strong> lois absolument différents celui<strong>de</strong> l’illusion et celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> conscience.Lors <strong>de</strong> mon second séjour en Afghanistan en 1960, après <strong>la</strong> traversée du KohIBabapar <strong>la</strong> « route du centre », nous sommes arrivés à Tchecht. J’étais ac<strong>com</strong>pagné par un ami<strong>de</strong> Kaboul qui ne partageait pas mes intérêts spirituels et avec qui j ‘avais renoncé à parler<strong>de</strong>s soufis et <strong>de</strong>s tariqas (confréries). Comme nous marchions tranquillement je fusfrappé par un arbre autour duquel se trouvait une petite p<strong>la</strong>teforme et je ressentis uneimpression très intense, d’une qualité que je connaissais déjà. Une porte venait <strong>de</strong>s’ouvrir sur cet autre mon<strong>de</strong> à <strong>la</strong> réalisation duquel je me suis consacré. Ma convictionétait si forte que je <strong>de</strong>mandai à mon <strong>com</strong>pagnon <strong>de</strong> s’informer si on savait quoi que cesoit <strong>de</strong> particulier sur cet arbre et ce lieu. Après enquête, il m’apprit qu’un maître souficélèbre y recevait autrefois ses disciples et ses visiteurs. A ce moment j’ignorais queTchecht s’appelle en fait TchechtISharifi, c’estàdire Tchecht <strong>la</strong> ville sacrée.Sept ans plus tard, alors que les portes du taçawuf s'ouvraient enfin <strong>de</strong>vant moi, avecun autre ami, un autre frère musulman, en pénétrant dans un édifice dé<strong>la</strong>bré qui n’abritaitque <strong>de</strong>s oiseaux et dont l’état déplorable ne <strong>la</strong>issait <strong>de</strong>viner aucune architectureparticulière, je ressentis <strong>la</strong> même certitu<strong>de</strong>. Effectivement ce local avait été le lieu <strong>de</strong>*
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vers une simplification de plus en
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toutes choses. » Quel homme ? L’