» à plusieurs <strong>de</strong>viennent ou re<strong>de</strong>viennent peu à peu à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, c’est par le mécanismeinévitable <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>com</strong>pensation ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction. Chacun, aujourd’hui, étouffe tellement et<strong>de</strong> plus en plus dans l’étroite prison <strong>de</strong> son ego que le besoin s’impose d’un éc<strong>la</strong>tement,d’une impersonnalisation. Dans l’orgie collective il n’y a plus ni toi ni moi mais l’énergievitale spontanée s’exprimant sans contrôle du mental, ni référence individuelle. Il enrésulte un sentiment d’é<strong>la</strong>rgissement et <strong>de</strong> dépassement, <strong>de</strong> grandiose, qui a aussi — je necherche pas du tout à choquer — quelque chose <strong>de</strong> religieux, <strong>de</strong> « lumineuxBien entendu, chaque manifestation <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité doit être appréciée dans soncontexte. <strong>Les</strong> actes d’un homme mené par ses désirs et ses refus et les actes d’un hommeengage sur <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> conscience, selon un enseignement vali<strong>de</strong> et véridique, n’aurontjamais le même sens. Certains êtres ont un but permanent et définitif, l’Éveil, <strong>la</strong>Réalisation. <strong>Les</strong> autres sont entraînés par <strong>de</strong>s émotions plus ou moins durables, <strong>de</strong>sinstincts et <strong>de</strong>s pulsions.L’acte sexuel peut donc être dissocié du mariage sans attirer pour autant <strong>la</strong>condamnation. Mais <strong>la</strong> voie normale passe par l’amour durable entre un homme et unefemme, l’amour conjugal. L’amour est en luimême un aspect <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie : croîtreensemble, progresser l’un par l’autre. Malheureusement un amour conjugal réussi est,aujourd’hui, très rare. Si cet ac<strong>com</strong>plissement est possible, il n’est pas probable. Tous lesmariages ne sont pas <strong>de</strong>s échecs mais bien peu ont une valeur suprahumaine et ontapporté tout ce qu’au fond d’euxmêmes l’homme et <strong>la</strong> femme en attendaient.Il n'y a sexualité parfaite que dans l’amour parfait, celui auquel rien ne manque, celuiqui nous engage et nous anime entièrement, sans aucune frustration ou insatisfaction surquelque p<strong>la</strong>n que ce soit. La re<strong>la</strong>tion conjugale, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre l’époux et l’épouse est <strong>la</strong>plus <strong>com</strong>plète et <strong>la</strong> plus riche. Une femme <strong>de</strong>vrait être pour son mari tout ce que l’hommeattend <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme. Un époux <strong>de</strong>vrait être pour son épouse tout ce que <strong>la</strong> femme attend<strong>de</strong>s hommes. L’épouse doit être à <strong>la</strong> fois une maîtresse, une sœur, une mère, une fille, uneamie, une infirmière, une associée et un juge ; l’époux, un amant, un frère, un père, unfils, un ami, un infirmier, un associé et un juge. Toutes les re<strong>la</strong>tions possibles entre unhomme et toutes les femmes, entre une femme et tous les hommes, sont réunies — ou<strong>de</strong>vraient l’être — dans le couple. Le meilleur critère pour savoir si l’on s’aime et si onpeut va<strong>la</strong>blement se marier est <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r honnêtement si toutes ces conditions sontremplies. Sinon l’homme gar<strong>de</strong>ra toujours quelque part en lui <strong>la</strong> nostalgie <strong>de</strong> <strong>la</strong> maîtressepassionnée, possédant les attributs érotiques qui l’attirent le plus subjectivement et le plusintimement; <strong>la</strong> nostalgie <strong>de</strong> <strong>la</strong> femmecamara<strong>de</strong> avec qui on peut être <strong>com</strong>plice, parler,rire, partager ; <strong>de</strong> <strong>la</strong> femmemère qui sait servir, réconforter, consoler, rassurer; <strong>de</strong> <strong>la</strong>femmefille qu’il puisse protéger, gui<strong>de</strong>r, enseigner, à qui il puisse faire découvrir lemon<strong>de</strong> et ses richesses ; <strong>de</strong> <strong>la</strong> femmesœur, qui partage ses rêves, dont il sent qu’elle etlui ont <strong>de</strong>s affinités profon<strong>de</strong>s, font partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> même famille, qui lui donne <strong>la</strong> tendressepaisible et l’affection ; <strong>de</strong> <strong>la</strong> femmeassociée, qui <strong>com</strong>prend ses problèmesprofessionnels, l’ai<strong>de</strong> et partage ses activités ; <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme qui soigne, qui panse, quisecourt; <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme en qui il a confiance pour l’ai<strong>de</strong>r à progresser, pour l’ai<strong>de</strong>r à se voir*
tel qu’il est, pour lui dire luci<strong>de</strong>ment : « C’est ainsi » ou : « Ce n’est pas ainsi. » Si une <strong>de</strong>ces femmes manque en <strong>la</strong> sienne, ou bien il <strong>la</strong> cherchera consciemment ailleurs, ou bien ilniera, refoulera son regret et il <strong>la</strong> cherchera inconsciemment ailleurs. Il reprochera à sonépouse <strong>de</strong> ne pas être aussi cellelà et son don à elle dans l’union sexuelle ne sera jamaisparfait. Inversement, il en est exactement <strong>de</strong> même en ce que <strong>la</strong> femme doit trouver chezson mari.Il semble qu’aucune femme et aucun homme ne soit assez <strong>com</strong>plet pour assumertoutes ces tâches (dharma). En fait, un conjoint les ac<strong>com</strong>plira d’autant mieux qu’il estplus libre intérieurement et son partenaire le ressentira d’autant mieux qu’il est luimêmeaussi plus libre <strong>de</strong> sa subjectivité et <strong>de</strong> son mental. L’époux et l’épouse doivent remplirl’un pour l’autre ces différentes fonctions. Mais cellesci <strong>de</strong>vraient être impersonnelles :<strong>la</strong> mère, <strong>la</strong> sœur, <strong>la</strong> fille. Plus le conjoint attend inconsciemment une certaine mèreparticulière, une certaine sœur, une certaine fille, moins il y a <strong>de</strong> chance, en effet, que sonattente soit satisfaite.La loi du mariage est <strong>la</strong> loi générale <strong>de</strong> l’être et <strong>de</strong> l’avoir : je suis un mari, et non pas :j’ai une femme. Ou encore : je suis son mari, et non pas : c’est mon épouse. Seulspeuvent obéir à cette loi <strong>de</strong>s êtres libres et adultes. Tant que : « je t’aime » signifie «aimemoi », aucun mariage heureux et durable n’est possible. Une exigence infantile estcondamnée à être déçue.L’époux est en droit d’espérer que sa femme soit une épouse, <strong>la</strong> femme est en droitd’espérer que son mari soit un époux. Ici intervient avec une virulence particulière le faitdramatique que nous ne voyons pas l’autre tel qu’il est mais à travers nos fixationsinconscientes et nos préjugés. Notre conjoint luimême, qui estil? Quelle est <strong>la</strong> vérité <strong>de</strong>luimême ? Où est l’apparence et où est l’essence? Chacun attend un certain mari ou unecertaine femme dont il porte déjà inconsciemment l’image en lui, <strong>com</strong>me un metteur enscène qui cherche à distribuer un rôle dans une pièce. Le personnage existe, il faut trouvercelui ou celle qui le remplira : un rôle particulier et non plus une fonction. Le mental, lesémotions, les projections <strong>de</strong> l’inconscient s’en donnent à cœur joie et c’est l’extrêmeconfusion, l’aveuglement, le mensonge et, bien entendu, <strong>la</strong> souffrance. L’homme vasouvent rechercher dans <strong>la</strong> femme <strong>la</strong> mère bénie <strong>de</strong> ses premiers mois dont le souvenirimpérissable <strong>de</strong>meure enfoui dans son cœur. Ou bien il va être attiré par <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong>l’existence, <strong>de</strong> <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> l’être, qu’il a reniés en lui : un homme austère passera sontemps à refouler, accepter, refouler son extrême intérêt pour les femmes sensuelles et<strong>la</strong>scives. Ou encore, il s’i<strong>de</strong>ntifie directement à <strong>la</strong> femme, en ce qu’elle est ou en cequ’elle a ce qu’il aurait voulu être ou avoir : un homme <strong>la</strong>id se sentira beau <strong>de</strong> <strong>la</strong> beautéqui couche avec lui, un homme qui regrette <strong>de</strong> ne pas exercer un métier aimera unefemme qui a réussi dans cette profession. Or cette i<strong>de</strong>ntification est exactement lecontraire <strong>de</strong> l’union ou <strong>de</strong> l’unité (oneness) et <strong>la</strong> rend impossible par le voile ou l’écranqu’elle maintient entre l’amant et celle qu’il aime.Ce que je viens <strong>de</strong> dire pour l’homme est naturellement vrai aussi pour <strong>la</strong> femme. Enrègle générale <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu’a eue le fils avec sa mère et <strong>la</strong> fille avec son père exerce uneinfluence prépondérante. Beaucoup d’hommes cherchent leur mère (et non <strong>la</strong> mère) chez
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