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Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

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<strong>Les</strong> œuvres d’art <strong>de</strong> n’importe quel niveau sont appréciées par le public qui se trouve àce même niveau, pourvu que l’artiste soit sincère à ce niveau-là. <strong>Les</strong> critères <strong>de</strong> beau et <strong>de</strong><strong>la</strong>id sont aussi flous et subjectifs que les critères <strong>de</strong> bien et <strong>de</strong> mal. Ce qu’un hommetrouve beau, un autre le trouve <strong>la</strong>id ; ce qu’un homme pense insipi<strong>de</strong> à une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> savie, il le considère <strong>com</strong>me remarquable àune autre ; ce qu’une époque a estimé ravissant,une autre le qualifie d’affreux; ce qu’une culture juge esthétique, une autre le déc<strong>la</strong>reeffroyable. La musique c<strong>la</strong>ssique chinoise ou hindoue a aujourd’hui droit <strong>de</strong> cité enOcci<strong>de</strong>nt. Au XIXe siècle, Berlioz, qui en avait entendu à Londres, <strong>la</strong> <strong>com</strong>parait à <strong>de</strong>smiaulements <strong>de</strong> chat, « mais attention, précisait-il, <strong>de</strong> chat à qui une arête serait restée entravers <strong>de</strong> <strong>la</strong> gorge ».<strong>Les</strong> chansons <strong>de</strong> Tino Rossi ou Edith Piaf n’auraient pas eu leur immense succès sielles ne correspondaient pas à un certain niveau <strong>de</strong> sensibilité du public français au milieudu xxe siècle. <strong>Les</strong> œuvres <strong>de</strong> Schumann correspon<strong>de</strong>nt à une autre sensibilité. Maispersonne n’a le droit <strong>de</strong> décréter que les Amours du poète sont plus « beaux »que PetitPapa Noël ou l’Hymne à l’Amour. Par contre, <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong> musique et <strong>de</strong> chant,<strong>la</strong>quelle est <strong>la</strong> plus proche <strong>de</strong> l’unité, <strong>de</strong> l’absence d’émotions, <strong>de</strong> <strong>la</strong> plénitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> <strong>la</strong> nonséparation,<strong>de</strong> l’indépendance, <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté, <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix, <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>com</strong>préhension, etc. ? Cesformes musicales expriment-elles le but <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et le chemin vers ce but ? Toutes <strong>de</strong>uxsont l’expression d’émotions subjectives et sont goûtées par ceux dont les émotionsindividuelles correspon<strong>de</strong>nt à celles <strong>de</strong>s <strong>com</strong>positeurs et <strong>de</strong>s interprètes.fig. 2L’art est apprécié à travers les émotions, les goûts, les névroses individuelles oucollectives, les mo<strong>de</strong>s, le jeu <strong>de</strong> l’action et <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction. Tout est dépendant,conditionné, re<strong>la</strong>tif et il n’y a, en vérité, ni beau, ni <strong>la</strong>id : il y a ce que chacun aime etn’aime pas. Mais il y a, dans tous les arts, <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> réalité, <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong>proximité ou d’éloignement par rapport au « Centre », au but <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. Ces niveaux, eux,ont une valeur objective. Le sage, qui est arrivé au bout du chemin, peut <strong>com</strong>prendre tousles niveaux. <strong>Les</strong> autres hommes ne <strong>com</strong>prennent pas : ils sont attirés ou ils ne le sont pas.Le chercheur <strong>de</strong> vérité reconnaît peu à peu les œuvres d’art qui lui parlent <strong>de</strong> son but ouqui lui en montrent le chemin.Je reprendrai le diagramme <strong>de</strong>s cercles concentriques dont le centre représentel’Absolu ou le but <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie.<strong>Les</strong> fractions correspon<strong>de</strong>nt aux diverses activités humaines. Une représentera l’artconsidéré <strong>com</strong>me digne <strong>de</strong> ce nom par les c<strong>la</strong>sses sociales supérieures d’une sociétédonnée, l’art sophistiqué ou raffiné. Une autre figure l’art popu<strong>la</strong>ire, dit vulgaire, décrié<strong>com</strong>me art « pour les midinettes » ou « pour les concierges ». Ce qu’un milieu socialtrouve beau, un autre le juge <strong>la</strong>id. Aux yeux <strong>de</strong>s gens éduqués, ce qui rentre dans <strong>la</strong>première catégorie (A) est considéré <strong>com</strong>me beau : « excellent », « remarquable », « trèsréussi » ; dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième catégorie (B) <strong>com</strong>me <strong>la</strong>id: « épouvantable », « inécoutable »,« irregardable ». Mais il se peut parfaitement qu’une œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> catégorie B exprime <strong>de</strong>sémotions beaucoup moins égoïstes qu’une œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> catégorie A et se situe donc à unniveau beaucoup plus proche du Centre.

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