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Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

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l’ego, une <strong>de</strong>s meilleures attrapes <strong>de</strong> maya. C’est un piège subtil mais très réel qui permet<strong>de</strong> prendre un certain recul, et, à partir <strong>de</strong> là, d’accepter ou <strong>de</strong> ne pas accepter. Dansl’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> soi on peut très bien utiliser cette position <strong>de</strong> témoin non pour voir ce qui estmais pour l’empêcher <strong>de</strong> se manifester, parce que c’est un <strong>de</strong>s nombreux traits <strong>de</strong> soimêmequi ne p<strong>la</strong>isent pas à l’ego. L’ego fait semb<strong>la</strong>nt d’être déjà libre et <strong>de</strong> pouvoir dire« Ça je suis d’accord, ça je ne suis pas d’accord », <strong>com</strong>me celui qui s’accroche à <strong>la</strong> riveou à une branche fait semb<strong>la</strong>nt d’être le maître du torrent. La manifestation est arrêtéealors que cette manifestation était <strong>la</strong> chance, l’échantillon qui eût permis <strong>de</strong> remonter à <strong>la</strong>source. Il ne sert à rien d’interrompre prématurément le cours <strong>de</strong>s expressions et <strong>de</strong>smanifestations <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie en nous, il faut au contraire les vivre, vivre cette vie, notre vie. Ilne sert à rien <strong>de</strong> couper chaque été les fruits d’un arbre si nous ne voulons plus <strong>de</strong> cesfruits, ils repousseront au printemps prochain. Il faut déraciner l’arbre. Tous les exercices<strong>de</strong> position <strong>de</strong> témoin et <strong>de</strong> division <strong>de</strong> l’attention sont traîtres : on prend ses distances eton ne voit plus rien. Pour voir <strong>com</strong>ment une chose est faite il faut <strong>la</strong> regar<strong>de</strong>r et pour <strong>la</strong>regar<strong>de</strong>r il faut mettre le nez <strong>de</strong>dans. Ce<strong>la</strong> s’appelle <strong>la</strong> science. Parce que les p<strong>la</strong>nètes sontloin, on utilise <strong>de</strong>s télescopes pour les rapprocher. Quand il s’agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>soi, on ne prend pas ses distances nous ne pouvons connaître qu’en étant (je n’ai pas dit:en étant emporté malgré soi). On prend du recul après, pour confronter, apprécier, tirer <strong>la</strong>leçon <strong>de</strong> l’événement, aller du particulier au général.La position <strong>de</strong> témoin ne dure jamais qu’un temps, parce qu’elle va à l’encontre dumouvement naturel <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. Tôt ou tard — très vite — vous lâchez <strong>la</strong> branche et vousvoilà <strong>de</strong> nouveau emporté, ba<strong>la</strong>yé. Jusqu’à <strong>la</strong> prochaine fois. Et ainsi <strong>de</strong> suite, jour aprèsjour ou même heure après heure. La division <strong>de</strong> l’attention, <strong>la</strong> distinction : moi et monémotion ou moi et l’événement, n’est jamais juste car elle crée un dualisme et <strong>la</strong> vérité esttoujours, en toutes circonstances, non duelle.D’où vient cette conception d’une position <strong>de</strong> témoin? Car il y a en effet <strong>de</strong> nombreuxtextes <strong>de</strong>s enseignements traditionnels qui justifient ce retrait ou cette dissociation. Cen’est pas <strong>de</strong> sa peur qu’il faut se distinguer, c’est <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur qui fait tourner ledos à <strong>la</strong> peur. Ce n’est pas <strong>de</strong> sa souffrance qu’il faut se désolidariser, c’est du refus <strong>de</strong> <strong>la</strong>souffrance qui fait dire non à <strong>la</strong> souffrance. Il faut se détacher du non à ce qui est, pourdire oui à ce qui est. Il y a un mot sanscrit célèbre qui signifie très exactement <strong>la</strong> joiequ’on a lorsqu’on est dans le vrai, lorsqu’on adhère au vrai sur tous les p<strong>la</strong>ns : c’estananda. Ananda, qu’on traduit généralement par « béatitu<strong>de</strong> », relève encore <strong>de</strong> <strong>la</strong>manifestation. Le brahman ou le sage est au­<strong>de</strong>là même d’ananda, au p<strong>la</strong>n d’amrit quiveut dire immortalité mais qui signifie aussi <strong>la</strong> Béatitu<strong>de</strong> Suprême. Ananda c’est <strong>la</strong>conscience (chit) <strong>de</strong> ce qui est (sat), c’est pourquoi l’essence <strong>de</strong> <strong>la</strong> manifestation est ditesatchidananda en un seul mot.Il existe aussi <strong>de</strong>s exercices qui vont directement à l'encontre du courant <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, quiconstituent bien un refus. Mais ce sont justement <strong>de</strong>s exercices, c’est­à­dire <strong>de</strong>spréparations. Ils ont leur justification mais ils sont à <strong>la</strong> voie ce que <strong>de</strong>s mouvements pourassouplir les chevilles pratiqués en gymnase sont au ski sur <strong>la</strong> neige.Par contre, lorsque l’émotion a disparu parce qu’elle a été acceptée sans réserve et

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