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Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

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condamné à l’agitation perpétuelle.Hors <strong>de</strong> ces moments <strong>de</strong> plénitu<strong>de</strong>, l’homme ressent toujours un ma<strong>la</strong>ise, le besoin <strong>de</strong>quelque chose. Cette insatisfaction est <strong>la</strong> nature même <strong>de</strong> l’homme vivant dansl’ignorance. Et cette insatisfaction cherche toujours une <strong>com</strong>pensation. On dit que telle outelle activité d’un homme ou d’une femme est une <strong>com</strong>pensation à sa <strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur, à sonincapacité aux étu<strong>de</strong>s, à sa situation professionnelle subalterne, à ses déceptionsamoureuses, à sa faiblesse physique, à sa petite taille. En vérité c’est toute <strong>la</strong> vie d’unhomme qui est une <strong>com</strong>pensation, une <strong>com</strong>pensation au fait qu’il n’est pas un être réalisé,un libéré, un sage. Il lui faut tout le temps <strong>com</strong>bler un vi<strong>de</strong>, agir, « faire quelque chose »pour pallier son inquiétu<strong>de</strong>, sa souffrance <strong>de</strong> n’être pas infini et illimité.Restez assis, immobile, sans rien faire, éprouvant seulement : « Je suis et tout est bien.» Combien <strong>de</strong> temps, honnêtement, pouvez-vous ressentir cette perfection ? Il manquequelque chose, n’importe quoi. Et l’homme va agir sans qu’aucune nécessité extérieure lelui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Il va retourner se faire prendre au jeu <strong>de</strong> l’action et <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction, pour sapropre satisfaction. L’un ouvre un journal, un autre va boire ou manger quelque chosesans avoir faim ni soif, une autre donne un coup <strong>de</strong> téléphone qui ne s’impose nullement.Selon <strong>la</strong> tragique expression, il faut tuer le temps. Tout ce que fait l’homme ordinaire,tout, il le fait parce que c’est lui qui a besoin <strong>de</strong> le faire. Tout ce que fait le sage, tout, il lefait, au contraire, parce qu'une nécessité impersonnelle, qui n’a pas sa source en lui, le lui<strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Il répond librement. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s quelques impératifs physiologiques, le sagepeut rester indéfiniment en apparente inactivité — aussi apparemment inactif dans cemon<strong>de</strong> que nous le serons tous, après nous être tant agités, lorsque nous serons morts. Iln’est pas contraint d’agir. Ses actions sont <strong>de</strong>s réponses à une nécessité <strong>de</strong> <strong>la</strong>manifestation, autrement dit à une nécessité cosmique, même si ce mot paraît biensolennel pour les humbles besoins <strong>de</strong>s autres auxquels le sage pourvoit dans sa<strong>com</strong>passion sans limites.Le sage est un homme qui a résolu son problème fondamental : <strong>la</strong> prétention à êtreabsolument.L’homme ordinaire se croit in<strong>com</strong>plet. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> toujours quelque chose à ce qu’ilressent <strong>com</strong>me extérieur à lui, autre que lui. Il attend, il es<strong>com</strong>pte, il espère. Sa paix, sajoie ne peuvent être que dépendantes. Mais <strong>la</strong> vie nous offre le miel sur un tranchant <strong>de</strong>rasoir et chaque espoir d’absolu investi sur quelque chose ou quelqu’un se sol<strong>de</strong> par unesouffrance. La véritable Espérance, celle dont parle le Nouveau Testament, ne naît quequand sont morts tous les espoirs. Le disciple apprend que toute attente individuelle estcondamnée à <strong>la</strong> déception : l’autre n’est pas moi et il est changeant. Personne ne peut<strong>com</strong>plètement <strong>com</strong>pter sur personne. Par cette approche négative s’ouvre le chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong>non-dépendance et <strong>de</strong> <strong>la</strong> plénitu<strong>de</strong>. Celui qui voit vraiment et toujours le re<strong>la</strong>tif <strong>com</strong>mere<strong>la</strong>tif ne peut plus s’i<strong>de</strong>ntifier. L’indépendance est libre du temps (ka<strong>la</strong>) car elle esttoujours vraie, libre <strong>de</strong> l’espace (<strong>de</strong>sha) car elle est vraie partout, libre <strong>de</strong> <strong>la</strong> causalité(kârana et kârya) car elle est vraie en toutes circonstances.Que toutes les actions d’un homme ordinaire soient <strong>de</strong>s <strong>com</strong>pensations au fait qu’iln’est pas « réalisé », au fait qu’il y a lui et le reste du mon<strong>de</strong>, bien peu d’hommes peuvent

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