Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com
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piliers <strong>de</strong> l’égoïsme, <strong>de</strong> l’in<strong>com</strong>préhension et <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance.Ayant moi-même reçu une éducation fondée sur l’opposition du bien et du mal et sur<strong>la</strong> division <strong>de</strong> l’humanité entre les bons et les méchants, je sais pertinemment <strong>com</strong>bien ceque j’écris là peut paraître choquant àun Européen ou à un chrétien.L’ang<strong>la</strong>is, <strong>la</strong>ngue dans <strong>la</strong>quelle j’ai entendu les enseignements orientaux que j’aireconnus pour vrais, utilise les seuls mots good et bad pour « bien » et « mal » et pour «bon » et « mauvais », ce qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à un Français une particulière rigueur dans sonapproche.En soi, ou métaphysiquement par<strong>la</strong>nt, tout fait est neutre et ne <strong>de</strong>vient bon ou mauvaisqu’en fonction <strong>de</strong> celui qui l’envisage. C’est le mental qui projette sur les faits sespropres conceptions et les qualifie intrinsèquement <strong>de</strong> bons ou mauvais, <strong>com</strong>me si <strong>la</strong>même chose était toujours bonne ou toujours mauvaise, pour tout le mon<strong>de</strong>, en tout lieu, àtout moment et en toute circonstance. Le bien et le mal sont, au contraire, <strong>de</strong>s notionsaussi dépendantes et re<strong>la</strong>tives que tous les autres phénomènes.Une première distinction doit être établie selon que les faits considérés <strong>com</strong>me le bienet le mal sont <strong>de</strong>s événements naturels ou <strong>de</strong>s actions humaines.Le soleil, le feu, <strong>la</strong> pluie sont neutres. « Le soleil brille sur les bons <strong>com</strong>me sur lesméchants. » Certains s’en servent pour attraper <strong>la</strong> tuberculose dans leur frénésie <strong>de</strong>vouloir brunir. Le feu cuit les aliments <strong>de</strong> l’un et brûle grièvement <strong>la</strong> main d’un autre. Lamême pluie jugée bonne par un agriculteur est qualifiée <strong>de</strong> mauvaise par un campeur. Unproverbe français dit: « Ce qui fait le bonheur <strong>de</strong>s uns fait le malheur <strong>de</strong>s autres. »En ce qui concerne les catastrophes naturelles : tremblements <strong>de</strong> terre, inondations,incendies spontanés, s’ils nous paraissent échapper à toute possibilité d’interventionhumaine, nous les reconnaissons <strong>com</strong>me inévitables. En soi ils ne relèvent d’aucuneintention que nous puissions considérer <strong>com</strong>me méchante. Afin <strong>de</strong> pouvoir attribuer cetteintention à quelqu’un, à une volonté individuelle, les hommes ont conçu les dieuxanthropomorphiques ou même un Dieu personnel que l’on rend directement responsable<strong>de</strong> ces ca<strong>la</strong>mités. Pour continuer à Le considérer <strong>com</strong>me « juste et bon », il faut s’ingénierà découvrir <strong>de</strong> quels crimes humains ces fléaux sont le châtiment ou quel bienfait indirectils apportent à leurs victimes.Si les malheurs qui s’opposent à nos désirs ou lèsent nos intérêts sont <strong>de</strong>s initiativeshumaines, celles-ci sont immédiatement décrétées mauvaises, considérées <strong>com</strong>me le mal.Mais là encore les appréciations <strong>de</strong>meurent subjectives.Tant que les buts <strong>de</strong>s hommes seront re<strong>la</strong>tifs, les notions <strong>de</strong> bien et <strong>de</strong> mal seront toutaussi re<strong>la</strong>tives. Pendant <strong>la</strong> Révolution russe le bien n’était pas le même pour les soviets etpour les moines orthodoxes ; dans <strong>la</strong> polémique sur l’avortement, le bien n’est pas lemême pour les mé<strong>de</strong>cins catholiques et pour les sympathisants <strong>de</strong> « l’émancipationféminine » ; à l’intérieur du marxisme, le bien n’est pas le même pour les maoïstes etpour les membres du Parti <strong>com</strong>muniste français ; à l’intérieur du catholicisme romain,pour les intégristes et pour le clergé progressiste. Je pourrais, vous pourriez, multiplier les