Iris di Kolibris

Jean-Claude Tardif
traduzione di Stefano Serri
Le Chat D’Emerson
Il gatto d’Emerson
à Jean-Marc Couvé
a Jean-Marc Couvé
Ses doigts cherchent le tabac mélangé.
Il parle d’un autre; d’un ami poète
qui d’un stylo gravait des épitaphes aux anges.
Dans la pièce une odeur de tabac de virginie,
je revois la baie de Chesapeake
les crêts bleus des Appalaches,
me revint une phrase d’Emerson
qui jamais peut-être ne vit Richmond ni les plantations
«N’allez pas là où le chemin peut mener»
Je m’apprête à la murmurer
mais les mots se perdent dans les arômes blonds,
la fumée s’élève.
Dehors un chat lape du lait trop froid,
la bruine y larme.
Derrière la vitre, à gestes mesurés,
deux femmes parlent du quotidien comme on parle
de la mort ;
mouche dans le lait !
« Allez là où il n’y a pas de chemin et laissez une trace»
me murmure encore d’Emerson dont la voix s’efface
derrière les volutes bleutées,
je me demande où cela nous mènerait.
Lui tape, lentement, sa pipe sur le cendrier
Le sue dita cercano tabacco misto.
Parla di un altro; di un amico poeta
che incideva epitaffi angelici con una stilo.
Nella stanza sento tabacco della Virginia,
rivedo la baia di Chesapeake
le creste blu degli Appalachi,
ricordo una frase d’Emerson
che forse non vide mai Richmond né le piantagioni
“Non andate dove vi porta la strada”
Mi preparo a mormorarla
ma le parole si perdono tra aromi biondi,
il fumo si alza.
Fuori un gatto lappa latte troppo freddo,
ne lacrima un po’ di brina.
Dietro la finestra, a gesti misurati,
due donne parlano dell’oggi come si parla della morte;
mosca nel latte!
“Andate là dove non c’è strada e lasciate una traccia”
mi mormora ancora Emerson la sua voce sporge
dietro le volute azzurrine,
mi domando dove ciò ci porterà.
Lui batte, lento, la pipa sul posacenere
come quel giorno che avevo scelto le mie parole
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