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LA VIE EN COMMUN.
des captives, qui font cette corvée. Elles emmènent
les ânes du groupe et emportent toutes les peaux
de bouc disponibles. Parfois, étant à la chasse ou
en excursion, on entend assez loin un brouhaha de
voix qui, en se rapprochant, permet de distinguer
des rires qui fusent clairs et perlent joyeux. Puis,
tout à coup, au détour d'un sentier débouche une
théorie de bourriquets chargés d'outrés et de •
filles à peu près nues. L'Européen, délicieusement
surpris, contemple émerveillé le charme des visages
confus, la fermeté superbe des jeunes poitrines, le
pur dessin des bras et des jambes, l'évasement
harmonieux des hanches, la petitesse des pieds!
Ravi, extasié, il croit être en plein rêve d'art, parmi
les chefs-d'oeuvre de la peinture et de la sculpture,
animés, vivifiés par le feu d'un nouveau Prométhée!
Mais son extase est de peu de durée. Car sa présence
a, hélas ! glacé les rires et durci les visages. .
Même après une courte hésitation, toutes ces jeunes
beautés, telles de souples nymphes des bois, ayant
sauté de leurs montures, se sont enfuies dans les
taillis, légères, gracieuses, en abandonnant bourriquets
et peaux de boucs à l'étranger importun.
Celui-ci, troublé, éperonne son cheval et part, au
galop, dans une direction opposée, se sentant haï,
parce qu'il représente les conquérants détestés !...
La dure existence que mènent les Touareg, l'insuffisance
d'abri des tentes, la dissolution des
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