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LES TOUAREG.
je fus tout près je me trouvais en présence du sergent
F..., l'un des sous-officiers européens du poste,
qui, couchant dehors à cause de la température
élevée, avait été plus vite rendu. C'était un de ces
excellents soldats, débrouillards, énergiques, à
l'âme trempée comme l'armée coloniale en possède
beaucoup. A sa vue, je ne pus retenir un éclat de.
rire; car, si j'étais moi, en tenue peu régulière de
service ou de combat, lui l'était moins encore; en
effet seules des bottes indigènes le vêtaient, et combien
insuffisamment ! D'une main, il tenait un photophore,
et de l'autre son Lebel. Les rayons de la
lumière se jouaient, allant de la barbe longue, hir-
sute, au rouge crû des bottes 1, revenant aux replis
du ventre, à la poitrine velue, produisant l'effet
comique qui avait déterminé mon hilarité.
de s'excuser, alléguant sa précipitation.
F... tenta
•— Mais,
mon brave sergent, vous êtes en tenue, puisque
vous avez votre fusil ! Voyons ce qu'il y a.
Rassurés par notre présence, les bergers et les
tirailleurs les plus courageux arrivaient peu à peu;
nous
deux
apprîmes que deux lions venaient
de nos animaux, et l'on apercevait
d'enlever
sur le sol,
les traces produites par le traînage. Ayant suivi
leur direction, nous trouvâmes, à environ cent cinquante
mètres, deux des plus belles génisses éten-
1. Lesbottesque fabriquentles indigènessont en cuir de mouton,
teint en rouge. La paire se vendenviron cinq francs.
(170).