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LES TOUAREG.
décédés, même de leur famille. En 1903, le commandant
du territoire militaire de Tombouctou
convoqua à Bamba l'amenokal des Aouellivniden,
nommé Fiéroune. 11vint, accompagné d'une nombreuse
escorte. L'interprète du cercle de Bamba,
pour faire l'empressé et entrer en conversation,
s'enquit des nouvelles d'un Aouellimiden influent,
dont quelques années auparavant il avait fort souvent
entendu parler. Cette question eut l'air de
gêner, d'irriter même les Touareg présents, qui ne
répondirent point tout d'abord. L'interprète, se
méprenant sur leur silence, allait insister lorsqu'il
s'aperçut qu'un jeune guerrier pleurait silencieusement.
Il en demanda la raison : « Tu as eu la
maladresse, répondit l'amenokal d'un ton colère, de
nous rappeler le père de ce garçon, mort depuis
deux ans. Avant l'arrivée des Français, son fils
t'eût tué pour venger l'injure que tu lui as faite ;
maintenant, il est obligé, par peur des blancs, de se
taire et en pleure de rage. » L'interprète, s'excusa
du mieux qu'il put, objectant son ignorance des
moeurs touareg, mais sans parvenir à effacer complètement
la mauvaise impression qu'il avait causée.
Les Touareg qu'impressionne si désagréablement
le souvenir des morts, se plaignent d'avoir fréquemment,
lorsqu'ils dorment, des rêves dans lesquels
ils revoient des individus décédés depuis plus
ou moins longtemps. Ils redoutent fort ces songes,
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