télécharger au format PDF - Archives de l'Adrar des Ifoghas

ORGANISATION ET MOEURS DES TRIBUS.
dédommagement de ses peines, une vache et les
vêtements de celui qui n'est plus. Puis, comme tous
les Touareg sont convaincus que la mort n'est jamais
naturelle, mais due à quelque sorcellerie
(maléfice ou sort jeté), le camp est levé et le groupe
va s'installer ailleurs, loin de l'endroit néfaste où
décéda l'un de ses membres.
Erwin de Bary, qui parcourut en 1876 et 1877
la région de l'Aïr, y rencontra les ruines d'anciens
tombeaux, dont l'intérieur comprenait deux chambres
cuboïdes, faites de dalles de pierre et dans lesquelles,
d'après leurs dimensions restreintes, les
cadavres devaient être accroupis. Les Touareg qu'il
questionna, lui affirmèrent que leurs pères avaient
pratiqué ce mode de sépulture, jusqu'à l'époque
de leur conversion à l'Islam. Je n'ai rien retrouvé
de pareil au Soudan, et les indigènes que j'ai interrogés
à ce sujet ignoraient de quoi je voulais
leur parler.
Quand un Targui rencontre une tombe, il s'en
détourne avec soin. Le nom d'un individu décédé
n'est jamais prononcé. D'ailleurs, la répulsion
craintive du Targui pour tout ce qui concerne la
mort est si grande que, pareil aux Romains, il
ne dit pas de quelqu'un : « Il est mort ! » mais
emploie une périphrase.
Le fait suivant montre bien la gêne extraordinaire
qu'éprouvent les Touareg au souvenir des
. . (57)