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LES TOUAREG.
qui secouait l'embarcation plus fortement que de
coutume. Je constatai que le ciel se couvrait rapidement
de nuages et que le vent s'élevait. Il nous
fut d'abord favorable ; aussi les laptots, voulant en
profiter, hissèrent la voile. Je les laissai faire, les
sachant bons matelots et ayant de plus l'habitude
de n'user de mon autorité que dans les choses que
je connais très bien. Ce n'était pas le cas, je suis un
médiocre navigateur! Brusquement l'orage éclata,
arrachant la voile de la pirogue et nous surprenant
assez loin des rives. Courbés sur leurs avirons, les
laptots ramaient vigoureusement, cherchant à nous
mener au bord, mais la tempête contrariait leurs
efforts. De hautes vagues soulevaient notre embarcation,
dans laquelle entraient parfois d'énormes
paquets d'eau, que mon ordonnance, mon cuisinier
et moi-même, nous efforcions en vain d'épuiser, à
l'aide de calebasses. Chacun, se rendant compte du
péril couru, donnait toute son ardeur et ses forces.
La nuit profondément noire, opaque, sinistre, s'illuminait
par intermittences de furtifs éclairs, dont
la lueur nous permettait cependant d'apercevoir la
terre à une centaine de mètres devant nous. Malgré
nos efforts incessants, nous n'avancions pas ou à
peine, car la tourmente nous repoussait du rivage
protecteur. Il y avait longtemps que nous luttions
en vain, nous semblait-il, lorsqu'un des laptots se
laissa aller découragé, déclarant que nous étions
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