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L'HISTOIRE.
trop lâches pour mourir les armes à la main, ils se
laissaient périr de faim, refusant de préparer des récoltes
qu'ils ne pouvaient recueillir, et se contentant
d'herbes ou de racines qui croissent spontanément
dans la brousse, en attendant, stupidement résignés,
la captivité ou la mort. Cette inertie des victimes
menaçait, en se prolongeant, d'amener la
ruine de leurs bourreaux. Par suite de leur insouciance,
du désordre anarchique de leur organisation,
ils étaient en effet incapables d'agir en véritables
propriétaires d'esclaves, d'obliger les Songhay
s à un travail régulier et de recueillir méthodiquement
les produits. Aussi, la situation devenait
précaire sans qu'ils y trouvassent d'autre remède
que celui de guerroyer les uns contre les autres.
Les tribus nobles étaient occupées à piller les
plus faibles des tribus vassales et à les réduire à
l'atroce misère des Songhay, lorsque les Français
occupèrent Tombouctou (5 décembre 1893). Les
inimitiés et les haines contractées au cours de ces
luttes intestines ne s'effacèrent point devant l'ennemi
commun qui vint ainsi assez facilement à bout
de ses redoutables adversaires divisés. La Ville
mystérieuse, aux légendaires richesses, fut enlevée
par un de ces audacieux et invraisemblables coups
de main dont les Français sont coutuniiers, à la
grande gêne des historiens qui craignent, en les
contant, de passer pour de fantaisistes romanciers.
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