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LES TOUAREG.
Ainsi, un humain veut-il manger d'un mets, dormir
sur une natte, boire à une outre, sur lesquels un
djin a jeté son dévolu, il est immédiatement frappé
de mort.
L'existence serait impossible ou fort précaire,
dans ces infortunés pays, où un djin invisible
peut toujours être attablé au plat à entamer, si les
Touareg ne possédaient un mot magique : « Bissimilaï
» dont l'articulation annihile immédiatement
les mauvaises intentions ou le pouvoir des génies,
en les obligeant à la fuite 1. Aussi, à tout propos,
avant de boire, de manger, de s'asseoir, de dormir,
enfin, avant de commencer quoi que ce soit, les
Touareg prononcent-ils le fatidique bissimilaï.
Grâce à cette précaution, les accidents mortels
sont assez rares. Car, bien entendu, les attaques
d'apoplexie, les ruptures d'anévrisme, les chutes
mortelles de cheval ou de chameau, tous les cas
enfin de mort subite ou rapide, sont attribués à la
vengeance de quelque djin; et le récit de l'événement,
commenté et grossi par la peur, augmente
encore la terreur qu'inspirent les fantastiques lutins.
Ces esprits sont particulièrement désagréables
pendant la nuit, car ils vont souvent s'installer non
loin des campements, pour y forger et retremper
1. Toutes lespopulationsnigériennespossèdent,plus ou moins
enracinée,cette croyancesuperstitieuseaux djins et à l'efficacité
du bissimilaï.
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