télécharger au format PDF - Archives de l'Adrar des Ifoghas

LES REGIONS DE PARCOURS.
perdus. Je n'étais pas du tout résigné à périr cette
nuit-là et en pareilles conditions, aussi déclarai-je
aussitôt d'une voix assurée « que nous ne courrions
aucun danger immédiat si nous savions ne
pas perdre la tête, et continuer à résister de toutes
nos forces, car je possédais un précieux gris-gris
(talisman), qui m'avait toujours sauvé des plus
graves périls ». Mon ordonnance confirma mon dire,
assurant que je devais avoir en effet, un puissant
gris-gris, car il m'avait vu, depuis un an, me tirer
sans encombre de situations assez critiques. Il
n'en fallut pas davantage pour donner à mes superstitieux
compagnons un courage surhumain. Ils
redoublèrent d'efforts, d'énergie si bien que nous
finîmes par accoster la rive, où du moins nous ne
risquions pas d'être noyés. Cet incident en me confirmant
les avantages du gris-gris protecteur pour
qui sait s'en servir à propos, me fit connaître le
Niger, les dangers de sa navigation, et me corrigea
de voyager sur ce fleuve, pendant les nuits d'hiver-
nage.
Les crues du Niger recouvrent des régions
vastes comme des provinces, sur lesquelles poussent
merveilleusement, après le retrait des eaux, tabac,
coton, mil, blé et riz, donnant deux superbes
récoltes en une même année. Tous les quatre ou cinq
ans, les crues sont plus fortes, couvrant ainsi une
surface double. Chaque sept ou huit ans, le Niger
(147)