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L 'hybride - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes ...

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qui le plus souvent ne s’i<strong>de</strong>ntifient pas au mouvement ou préconisentune gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> formes naturalistes. Signalons que peu d’entreeux sont <strong>de</strong>s théoriciens ou même se préoccupent pour <strong>de</strong>s questions<strong>de</strong> concepts. Dans la majorité <strong>de</strong>s cas, chacun utilise unedénomination différente qui en fin <strong>de</strong> compte reflète la perplexitéface à une possible communauté littéraire : «Les confrères du maître<strong>de</strong> Médan, par exemple, répugnaient à accepter le mot ‘naturalisme’,si cher à Zola. Edmond <strong>de</strong> Goncourt préférait ‘naturisme’ ; Huysmansen venait à favoriser ‘intimisme’ ; Maupassant, au moins dans sonessai ‘Le Roman’, se réfèrent aux ‘Réalistes’ qu’il veut rebaptiser‘Illusionnistes’ 5 .»Les écrits d’Émile Zola ne sont guère plus précis. Si le romancierabor<strong>de</strong> très souvent le problème du naturalisme et <strong>de</strong> sescaractéristiques, il rejette toute position définitive ou forme <strong>de</strong>responsabilité : «On fait <strong>de</strong> moi une caricature grotesque, en meprésentant comme un pontife, comme un chef d’école. Nous n’avonspas <strong>de</strong> religion, donc personne ne pontifie chez nous. Quant à notreécole, elle est trop large pour qu’elle obéisse à un chef 6 .»En aucun cas il ne veut assumer le rôle <strong>de</strong> gui<strong>de</strong> ni n’admetl’existence d’une structure formelle accueillant le naturalisme. Il penseavoir <strong>de</strong> nombreux prédécesseurs plus méritants que lui, répandusà travers d’autres contrées : «Mon Dieu! oui, je n’ai rien inventé, pasmême le mot naturalisme, qui se trouve dans Montaigne, avec le sensque nous lui donnons aujourd’hui. On l’emploie en Russie <strong>de</strong>puistrente ans, on le trouve dans vingt critiques en France, etparticulièrement chez M. Taine 7 .» À aucun moment, il ne désireassumer la paternité du naturalisme que beaucoup veulent luiattribuer et récuse ainsi l’honorable titre <strong>de</strong> fondateur. Il s’interrogeaussi <strong>sur</strong> le terme même <strong>de</strong> naturalisme qui lui semble peu adapté àson écriture : «Oui, c’est vrai que je me moque, comme vous, <strong>de</strong> cemot ‘Naturalisme’ 8 .»À ce propos, il est à noter que <strong>de</strong> nombreux essayistes et historiens<strong>de</strong> la littérature réévaluent la situation d’Émile Zola et du naturalisme.Yves Chevrel prend quelque distance avec le «maître» et se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> :«Dans quelle me<strong>sur</strong>e naturaliste et personnalité <strong>de</strong> Zola se recouvrentils?»9Beaucoup d’entre eux constatent que d’autres écrivains, bien avantle romancier, ont largement participé à l’élaboration du naturalismeet jugent qu’Émile Zola n’est pas un véritable innovateur. Ils le voientplutôt comme une sorte <strong>de</strong> rassembleur d’idées et <strong>de</strong> concepts, «unlieu géographique où viennent s’inscrire <strong>les</strong> tendances <strong>de</strong> toute une120

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