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L 'hybride - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes ...

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panoplie <strong>de</strong> morceaux <strong>de</strong> la patrie : il s’agit <strong>de</strong> disques, <strong>de</strong> livres, unposter <strong>de</strong> Fi<strong>de</strong>l Castro, un drapeau cubain, une photo <strong>de</strong> José Martí,une collection <strong>de</strong> monnaies et <strong>de</strong> billets cubains. Enfin, <strong>de</strong>s vestigesd’un hétérogène inventaire <strong>de</strong> la cubanité, auquel le personnageincorpore <strong>de</strong>s objets et <strong>de</strong>s figures jusqu’alors absentes du panthéonofficiel <strong>de</strong> la nation, tels que l’écrivain José Lezama Lima, auquelcette nouvelle rend tacitement hommage. Toutefois, comme toutinventaire, celui que Paz dresse dans «El lobo, el bosque y el hombrenuevo», même s’il aspire à l’amplitu<strong>de</strong> et au renouveau, continued’être rigi<strong>de</strong>, insuffisant et irréel, car il n’existe pas <strong>de</strong> panthéonnational, il n’y a pas d’inventaire définitif.Leonardo Padura : La novela <strong>de</strong> mi vidaL’image <strong>de</strong> l’exilé meurtri n’est pas une invention récente dans lalittérature cubaine. Elle <strong>sur</strong>git sans doute au XIXe siècle, avec la figuredu poète José María Heredia (1803-1839), qui incarne l’image duCubain contraint d’abandonner l’île, souffrant <strong>de</strong> nostalgie dans l’exil.En 2002, le romancier Leonardo Padura fait d’Heredia un <strong>de</strong>sprotagonistes <strong>de</strong> son récent opus : La novela <strong>de</strong> mi vida. À la tragédie<strong>de</strong> l’exil, Padura ajoute <strong>de</strong>s réflexions <strong>sur</strong> la définition <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntitéet <strong>de</strong> l’appartenance nationale. Car, n’ayant vécu que pendant sixans à Cuba, José María Heredia fait le choix <strong>de</strong> se considérer commeCubain alors qu’il aurait pu aussi se considérer comme unDominicain, d’où étaient originaires ses parents, ou bien comme unMexicain, pays dans lequel le poète résida plus longtemps– 16 ans –et où il participa activement à la vie politique et culturelle. Le choixnational d’Heredia nourrit et anime le roman <strong>de</strong> Leonardo Padura,qui s’efforce <strong>de</strong> retracer un type énigmatique <strong>de</strong> cubanité, construiteà partir <strong>de</strong> l’absence et du désarroi. C’est sans doute la même cubanitéqu’on trouve dans un autre protagoniste <strong>de</strong> La novela <strong>de</strong> mi vida,Fernando Terry, sorte d’alter ego contemporain <strong>de</strong> José María Heredia.Fernando Terry est contraint lui aussi d’abandonner Cuba en 1980,par le port <strong>de</strong> Mariel. Également, il souffre d’une intense nostalgie et<strong>de</strong> désarroi. Son exil est par ailleurs marqué par le soupçon <strong>de</strong> latrahison, car l’idée que l’un <strong>de</strong> ses amis l’avait dénoncé à la policesecrète ne l’avait jamais quitté. Mais Leonardo Padura raconte leretour, pour quelques semaines, <strong>de</strong> Fernando Terry, à la fin <strong>de</strong>s années1990. C’était un moment à la fois souhaité et redouté. D’une part,Terry savait, dès son départ, qu’un bref retour était indispensable,afin <strong>de</strong> soigner ses b<strong>les</strong><strong>sur</strong>es et <strong>de</strong> se libérer <strong>de</strong> la vertigineuse198

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