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L 'hybride - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes ...

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ashkénaze, je fais apparaître ceux <strong>de</strong> Rosa Nissán, qui parlent <strong>de</strong> laculture judéo-espagnole.Une question <strong>de</strong> générations – Enfants ou petits-enfants <strong>de</strong> famil<strong>les</strong>juives arrivées dans <strong>les</strong> années vingt, tous ces écrivains sont <strong>de</strong>nationalité mexicaine, leur langue «maternelle», donc leur langue <strong>de</strong>création est l’espagnol. Intégrés socialement, exerçant <strong>de</strong>sresponsabilités professionnel<strong>les</strong> dans <strong>de</strong>s domaines divers 1 , sauf RosaNissán venue tardivement à l’écriture, ils s’étaient déjà fait connaîtreen tant que journalistes, dramaturges, juristes, avant la publication<strong>de</strong>s romans dont nous allons parler. Et voilà qu’en 1981 Margo Glantz 2publie Las genealogías. «Todos, seamos nob<strong>les</strong> o no, tenemos nuestrasgenealogías. Yo <strong>de</strong>sciendo <strong>de</strong>l Génesis, no por soberbia sino pornecesidad. Mis padres nacieron en una Ucrania judía» 3 . Dans ladécennie qui va suivre, comme un écho à Glantz, coup <strong>sur</strong> coupparaissent <strong>de</strong>s romans qui font émerger dans <strong>les</strong> lettres mexicainesla mémoire juive <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux générations antérieures. «Rehagomentalmente mis genealogías, recapitulo, es hora <strong>de</strong> dar<strong>les</strong> un punto».Ce point final, Glantz le met délibérément, significativement <strong>sur</strong> laplage d’Acapulco – qui n’était pas encore la plage populaire, voirepopulacière qu’elle est <strong>de</strong>venue aujourd’hui –, en compagnie <strong>de</strong> safille «convertida en una Lolita cualquiera». Glantz est alors unecinquantenaire, à la vie professionnelle réussie, au profil d’empereurromain – dit-elle –, enrobée, certes, mais il y a toujours pire, la preuve :«Pasa una mujer madura, por no <strong>de</strong>cir otra cosa, gordísima y en bikinimorado, las carnes le cuelgan con <strong>de</strong>sgracia, y a su lado un señor conlos pechos más caídos que los míos».Même si nous avons l’impression d’être loin <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong>judéité, il n’en <strong>de</strong>meure pas moins que Margo Glantz a ouvert lechemin à la parole <strong>de</strong> la fémininité juive libérée, en osant concluretranquillement <strong>de</strong>s généalogies censées renvoyer à la lignée du roiDavid, par <strong>de</strong>s constatations hédonistes : «El mar sigue bañándome,<strong>de</strong>jándome un sabor salado en la boca y arena en los ojos y el traje ;orino, feliz, me siento parte <strong>de</strong>l mar, estoy en el origen, me asumo enél y las olas lamen mis muslos (¡Qué padre! <strong>de</strong>cirlo así,tranquilamente, cursimente, por fin algo vivo y salado me lame losmuslos)». «Por fin». Au bout <strong>de</strong> cinq mille sept cents ans et <strong>de</strong>spoussières, elle ose dire son plaisir d’être femme et d’avoir du plaisir.Ce qui ne l’empêche pas <strong>de</strong> se sentir juive, sinon pourquoi auraitelleécrit Las genealogías? Mónica Braun, dans une étu<strong>de</strong> intitulée«Cultura judía en México» (Viceversa, n°39, agosto, 1996), s’interroge<strong>sur</strong> ce caractère si particulier du judaïsme. «¿Por qué un judío que160

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