L 'hybride - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes ...
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«<strong>les</strong> attributs du «féminin» et du «masculin» sont traditionnels, fixeset invariab<strong>les</strong>» (Jasser 2004: 98). Comment ne pas interrogerl’hybridité elle-même dans <strong>les</strong> limites <strong>de</strong> cette figure <strong>de</strong> l’androgyne,comme nous y amènent également <strong>les</strong> conclusions d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la«question <strong>de</strong> l’origine» chez Balzac <strong>de</strong> Nicole Mozet (2002), qui voitdans l’expression métaphorique <strong>de</strong> la bisexualité le «<strong>de</strong>uil dupatriarcat […] et <strong>de</strong> la conception théocratique du mon<strong>de</strong>», etl’assomption d’une dualité, celle <strong>de</strong> la sexuation.L’hybridité semble revenir inlassablement comme figure <strong>de</strong>«transition» qui, si elle exhibe le questionnement <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntitésgénériques, l’exhibe d’une façon telle que ces i<strong>de</strong>ntités peuventégalement s’en trouver renforcées. Fabio Lorenzi-Cioldi a mené enpsychologie sociale <strong>de</strong>s travaux <strong>sur</strong> l’androgynie et remarque queces étu<strong>de</strong>s, d’abord <strong>de</strong>stinés à «apporter une solution aussi stable etdéfinitive que possible à l’assimilation du sexe masculin à l’humainen général (l’androcentrisme), et à la subordination <strong>de</strong>s rô<strong>les</strong> fémininsà ceux <strong>de</strong> l’autre sexe», ten<strong>de</strong>nt à révéler un problème: «loin d’as<strong>sur</strong>erla capitulation <strong>de</strong> plus anciens modè<strong>les</strong> i<strong>de</strong>ntitaires, la figure <strong>de</strong>l’androgyne <strong>les</strong> entretient en son sein» (Lorenzi-Cioldi 1995: 143-144).Par ailleurs, ses recherches concernant l’androgynie commereprésentation <strong>de</strong> la structure sociale démontrent une coïnci<strong>de</strong>ncecertaine entre androgynie et position dominante, et laissent craindrequ’une politique <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> l’androgynie ne se transforme,paradoxalement, en un instrument <strong>de</strong> la domination (Ibid. 150).L’androgyne aurait donc <strong>les</strong> mêmes limites que le neutre etl’universel, pré-construits comme monopo<strong>les</strong> masculins.Dans cette dimension <strong>de</strong> l’hybri<strong>de</strong>, comme dans celle examinéeprécé<strong>de</strong>mment, nous nous heurtons au statisme que présupposel’i<strong>de</strong>ntité, celle <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> genre, selon l’expression <strong>de</strong> J-M. Schaeffer(1989), celle <strong>de</strong>s sexes. Comme la notion <strong>de</strong> métissage, l’hybri<strong>de</strong> seraitune notion paradoxale, puisqu’elle présuppose ce qu’elle prétenddépasser; cependant, comme l’observe J-L. Bonniol à propos dumétissage, elle peut également contribuer à affirmer, contre le mythed’une différence originaire, celui d’une indistinction originaire(Bonniol 2001: 23).L’hybri<strong>de</strong> <strong>de</strong>viendrait ainsi un élément <strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong>déconstruction en accord avec le féminisme postmo<strong>de</strong>rne et la théoriequeer, dérivée <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> brouillage et <strong>de</strong>s positions <strong>de</strong> JudithButler, selon <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’i<strong>de</strong>ntité est un effet, c’est à dire qu’elle estproduite ou générée, ce qui signifie qu’elle n’est ni fatalementdéterminée, ni complètement artificielle ou arbitraire. Cette48