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L 'hybride - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes ...

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l’objet perdu, <strong>de</strong> refuser sa perte en l’incorporant dans l’i<strong>de</strong>ntificationperformée. Et, plus généralement, si lorsque nous «agissons» notregenre nous ne sommes pas en train <strong>de</strong> désavouer une perte dontnous sommes incapab<strong>les</strong> <strong>de</strong> faire le <strong>de</strong>uil : «la performance du genreallégorise le fantasme incorporatif <strong>de</strong> la mélancolie où un objet estincorporé ou accepté <strong>de</strong> façon fantasmatique comme moyen <strong>de</strong>refuser <strong>de</strong> l’abandonner» 35 .Le drag ne s’oppose donc pas à l’hétérosexualité, au contraire, ilen est l’allégorie. C’est une allégorie qui fonctionne par hyperbole,faisant ressortir la figure qui lui est opposée : la litote <strong>de</strong> laperformativité hétérosexuelle. En exacerbant la mostration théâtraledu genre, le drag signale <strong>les</strong> normes dissimulées sous formed’ordinaire hétérosexuel.Nous le sommes tous, mais encore?Le drag donc, dans cette optique, allégorise ou expose <strong>de</strong> manièreexemplaire – mais il n’en est pas le seul exemple – <strong>les</strong> «pratiquespsychiques et performatives ordinaires au moyen <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> <strong>les</strong>genres hétérosexualisés se forment grâce à la renonciation <strong>de</strong> lapossibilité <strong>de</strong> l’homosexualité» 36 . L’exclusion du domaine <strong>de</strong>s possib<strong>les</strong><strong>de</strong>s objets d’amour <strong>de</strong> même genre produit ainsi <strong>de</strong>ux champs : celui<strong>de</strong>s objets hétérosexuels, que l’on «peut» aimer, et celui <strong>de</strong>s objetsqu’il serait impossible d’aimer :Le drag allégorise ainsi la mélancolie hétérosexuelle, mélancoliedans laquelle un genre masculin se forme à partir du refus <strong>de</strong>faire le <strong>de</strong>uil du masculin comme possibilité d’amour ; un genreféminin se forme (est incorporé, assumé) par le fantasmeincorporatif où le féminin est exclu comme objet possibled’amour, une exclusion sans <strong>de</strong>uil mais «conservée» parl’amplification <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification féminine elle-même. En cesens, le mélancolique <strong>les</strong>bien le plus «vrai» est la femmestrictement hétéro [straight], et le mélancolique gay mâle le plus«vrai» est l’homme strictement hétéro. 37L’hétérosexuel mâle, toujours selon l’hypothèse <strong>de</strong> Butler, «<strong>de</strong>vient(mime, cite, s’approprie, assume) l’homme qu’il n’a «jamais» aimé etdont il n’a jamais fait le <strong>de</strong>uil ; la femme hétérosexuelle <strong>de</strong>vient lafemme qu’elle n’a «jamais» aimée, dont elle n’a jamais fait le <strong>de</strong>uil» 38 .L’absence <strong>de</strong> conventions autorisant l’aveu <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> l’objet31

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