L 'hybride - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes ...
L 'hybride - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes ...
L 'hybride - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
-Un ensemble <strong>de</strong> rock <strong>sur</strong> la gauche <strong>de</strong> la scène.-Un métronome toujours en marche.-Un magnétophone qui diffuse <strong>de</strong>s dialogues ou <strong>de</strong> la musique.Le livre et la représentation proposent au spectateur/lecteur undéplacement entre le texte, <strong>les</strong> images fixes ou animées, <strong>les</strong> voix, lamusique et <strong>les</strong> sons. Cette multiplication <strong>de</strong>s images a pour effet <strong>de</strong>perdre le spectateur/lecteur, elle traduit une «volonté labyrinthique 18<strong>de</strong> noyer la réalité et d’engager le spectateur vers l’exploration <strong>de</strong>ces zones incertaines qui projettent leurs ombres <strong>sur</strong> <strong>les</strong>personnages...» 19 En effet, le spectateur/lecteur est un peu perdu, ildoute <strong>de</strong> ce qu’il voit <strong>sur</strong> scène et s’interroge <strong>sur</strong> la véritable i<strong>de</strong>ntité<strong>de</strong>s personnages.Il se produit <strong>sur</strong> la scène une interaction, un système d’échangesentre <strong>les</strong> images et le langage, à travers <strong>les</strong> différentes voix, et àl’intérieur <strong>de</strong> ce système le thème du regard et du double <strong>de</strong>viennentcentraux. Nous remarquons dans Abolición la profusion <strong>de</strong>s référencesau regard : «Me ve <strong>de</strong> reojo» (p.20), «Me observa un momento, ahurtadillas» (p. 22), «Lo veo <strong>de</strong> reojo» (p. 22).La question <strong>de</strong> la perception est thématisée par le fait que Normaperd régulièrement son verre <strong>de</strong> contact et la thématique du doubleest abordée avec l’assimilation du personnage <strong>de</strong> Norma à son amieCarmen : «...a veces me da la impresión <strong>de</strong> que Carmen sí es yo, o mi yo <strong>de</strong>a <strong>de</strong>veras, y que yo soy el yo falso» (p. 39).Il apparaît finalement que cette profusion d’images, <strong>de</strong> sons et <strong>de</strong>voix a paradoxalement pour fonction <strong>de</strong> dire un manque, manque àvoir, manque à dire. La sensation <strong>de</strong> trop-plein, <strong>de</strong> saturation visuelleet auditive que ressent le lecteur/spectateur traduit finalement levi<strong>de</strong>, l’ab<strong>sur</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong> l’existence. Il apparaît que le discours du manqueest caractéristique d’une génération d’écrivains et <strong>de</strong> cinéastes dans<strong>les</strong> années soixante.2. Hybridité <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s.Il me semble qu’une autre marque d’hybridité <strong>de</strong> Abolición estl’utilisation que fait José Agustín <strong>de</strong> co<strong>de</strong>s culturels différents.2.1. Le théâtre épique.Le théâtre épique fournit une esthétique du montage, <strong>de</strong> lacomposition qui met en évi<strong>de</strong>nce la construction et s’oppose ainsi àune esthétique réaliste ou symboliste. J’ai signalé la référence authéâtre épique brechtien dans Abolición en ce qui concerne l’emploi146