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L 'hybride - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes ...

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sera toujours explicitée par l’imaginaire arachnéen <strong>de</strong> la «bonne»mère: «Maintenant je n’étais plus séparé d’elle ; <strong>les</strong> barrières étaienttombées, un fil délicieux nous réunissait» (Proust, 1954, 37), quelqueslignes auparavant le narrateur proustien compare la grand-mère -qui n’est qu’une mère, en grand 4 -, à un insecte: «la révolution <strong>de</strong> sapromena<strong>de</strong> la ramenait périodiquement, comme un insecte, en face<strong>de</strong>s lumières du petit salon» (Proust, 1954, 15). «La araña, hijo mío,que es, entre todos los anima<strong>les</strong>, el que más agudizado presenta elinstinto <strong>de</strong> maternidad» (Cela, 1969, 96) ou <strong>de</strong> la «mauvaise mère» :«dans ce réseau, dans cette toile gluante que sa mère, pour le protéger,avait dévidée autour <strong>de</strong> lui pendant un <strong>de</strong>mi-siècle, il se débattait,grosse mouche prise» (Mauriac, 1923, 111). Le symbolisme <strong>de</strong>l’araignée comme l’animal en soi, n’est pas univoque.L’araignée licencieuseLe primat du féminin arachnéen trouble à ce point <strong>les</strong> poètes queVictor Hugo traite mâle l’arachni<strong>de</strong> par un tour <strong>de</strong> licence poétique:«L’araignée est un gueux» nous dit-il dans <strong>les</strong> Contemplations. Lamaléfique phalène a maintes fois subi le même sort sous sa plumeainsi que sous celle <strong>de</strong> Musset ou <strong>de</strong> Colette.L’araignée silencieuseLa théorie actuelle du texte se détourne du texte-voile et chercheà percevoir le tissu dans sa texture, dans l’entrelacs <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s,<strong>de</strong>s formu<strong>les</strong>, <strong>de</strong>s signifiants, au sein duquel le sujet se place etse défait, telle une araignée qui se dissoudrait elle-même danssa toile. L’amateur <strong>de</strong> néologismes pourrait donc définir lathéorie du texte comme une «hyphologie» (hyphos, c’est le tissu,le voile et la toile d’araignée). (Barthes, 1973, 370).Le texte rejoint le tissu étymologique. L’araignée, vient au bout <strong>de</strong>cette toile qu’est Le baiser…: «Vos sos la mujer araña, que atrapa a loshombres en su tela» (Puig, 1979b, 265) sont <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> dites parValentín à Molina vingt pages avant la fin du roman, après qu'ilsaient échangé le baiser d’adieu. Le titre s’éclaire enfin après <strong>les</strong>nombreux avatars d’une femme panthère, zombi, fatale…. La femmen’est pas où on l’attend. Ici, la femme est un homme, un homme quijoue à la mère.Mais l’araignée ambivalente n’est peut-être pas non plus là où on228

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