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L 'hybride - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes ...

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leur mission dans cette ville : perpétuer le rêve, nourrir l’utopie dansla pierre, <strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> colonnes séculaires, parmi la poussière. C’est lemessage du <strong>de</strong>rnier paragraphe <strong>de</strong> Los palacios distantes :Luego vieron la ciudad que emergía <strong>de</strong> las sombras como otrasombra o como una reliquia. ¿Crees que nos necesite?, preguntóella […] Ahora nos toca a nosotros, respondió él convencido. Y,en efecto, a sus pies, dormida aún bajo la lluvia, se hubiera dichoque La Habana era la única ciudad <strong>de</strong>l mundo preparada paraacogerlos. También parecía la única superviviente <strong>de</strong> cuatrolargos siglos <strong>de</strong> fracasos, plagas y <strong>de</strong>rrumbes. 14Pedro Juan Gutiérrez : Trilogía Sucia <strong>de</strong> La Habanaet Animal TropicalNous finissons avec la prose <strong>de</strong> Pedro Juan Gutiérrez, qui sembleêtre aux antipo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’œuvre d’Abilio Estévez, dans le sens où sonauteur est incapable <strong>de</strong> concevoir aucun futur pour ses personnages.Il s’agit généralement du Cubain indigent <strong>de</strong>s quartiers marginaux<strong>de</strong> la ville, sombrant dans la délinquance, la prostitution, la violence,l’alcool, <strong>les</strong> drogues. Ici, nous sommes loin d’une pensée utopiqueou d’un esprit humaniste dans <strong>les</strong>quels l’homme puisse êtrereprésenté comme maître <strong>de</strong> son <strong>de</strong>stin. Bien au contraire, il s’agit<strong>de</strong>s marginaux, <strong>de</strong>s êtres qui errent à la lisière même <strong>de</strong> la société etqui ne gar<strong>de</strong>nt aucun espoir d’y rentrer. Cependant, Pedro JuanGutiérrez n’échappe pas non plus à «l’envoûtement» insulaire. Mêmeces marginaux <strong>de</strong>meurent attachés à leur île, volontairement ouinvolontairement.Dans <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Trilogía sucia <strong>de</strong> La Habana, livre publié en1998, l’idée du départ apparaît maintes fois. Il y a un personnage,Carlitos, que l’auteur baptise comme, «le Fils du Chaos» et qui vientconfirmer la théorie <strong>de</strong> la patrie en tant que maladie mortelle,esquissée dans Tuyo es el reino par la Comtesse-aux-pieds-nus. Parceque Carlitos, qui «fuyant l’enfer», c’est-à-dire la vie difficile à Cuba,réussit à s’exiler aux États-Unis et trouve son «american dream», estaccablé <strong>de</strong> nostalgie, appelle tous <strong>les</strong> jours sa famille à La Havane,ne s’adapte pas à la vie à Miami, il ne dort pas. Gutiérrez conclut queCarlitos «llevaba <strong>de</strong>ntro el <strong>de</strong>sespero <strong>de</strong>l caos. Su corazón permanecía cercadopor los barrotes». 15C’est pourtant dans le roman Animal tropical, publié en 2000, quecette perception <strong>de</strong> l’exil est exposée plus clairement. Dans ce livre,203

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