Agone n° 18-19 - pdf (1090 Ko) - Atheles
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LE POINT DE VUE DE QUELQUE PART. AVANT-PROPOS<br />
Sur ce moment d’histoire si proche (mais si lointain à tant d’égards),<br />
à lire ce témoignage si particulier (héritier du siècle dernier vivant<br />
pleinement celui-ci), le jeune lecteur ne sera pas surpris d’apprendre<br />
qu’un « saltimbanque comme Roger Garaudy » publiait déjà « livre<br />
sur livre en recopiant ceux des autres », tandis que Jacques Vergès<br />
faisait déjà peser le doute sur les causes les moins douteuses… Où<br />
l’on voit se tisser les amitiés et les inimitiés de grands et de moins<br />
grands noms propres : sentiments d’admiration pour Paul Teitgen<br />
parmi quelques grands commis de l’État et Jean-Pierre Vernant parmi<br />
de nombreux universitaires ; sentiments de haine pour Guy Mollet<br />
rivalisant avec ceux éprouvés pour Maurice Papon. L’auteur se<br />
raconte en racontant les glorieux débuts de Lindon et de Maspero,<br />
éditeurs de tant de livres urgents et censurés en un temps où il fallut<br />
qu’un militaire reprenne le pouvoir à la Gauche, « ce grand cadavre à<br />
la renverse, où les vers se sont mis », pour que cesse la guerre<br />
d’Algérie. Et passe l’ombre de Jean-Paul Sartre soutenant le travail du<br />
jeune historien engagé : « D’abord, il faut répandre les faits. Non<br />
seulement répandre les faits que nous connaissons mais encore, et<br />
c’est ça le plus difficile, et c’est pourquoi le livre de Vidal-Naquet est<br />
si intéressant, il faut dans des circonstances souvent difficiles,<br />
lorsqu’ils ont été volontairement et sciemment brouillés en Algérie, les<br />
établir, les rétablir par des méthodes d’historien 1 ».<br />
C’est la continuité qui convint. Et si, aujourd’hui, Pierre Vidal-<br />
Naquet s’élève contre certains « intellectuels négatifs » pour le blancseing<br />
qu’ils offrent aux militaires algériens dans leur « règlement » de<br />
la guerre civile 2 , tout cela s’inscrit dans un ensemble déjà ancien : un<br />
« effort de moralisation de la vie politique et intellectuelle » qui l’avait<br />
déjà fait s’opposer au club, alors naissant, de ces « nouveauxphilosophes<br />
» devenus depuis simplement médiatiques 3 .<br />
1. Commentaire de L’Affaire Audin cité dans le chapitre 3.<br />
2. Cf. les deux articles, écris avec François Gèze pour Le Monde, « L’Algérie et<br />
les intellectuels français », 4 février <strong>19</strong>98 & « L’Algérie de Bernard-Henri<br />
Lévy », 5 mars <strong>19</strong>88.<br />
3. On trouvera dans le chapitre 12 de ces Mémoires un commentaire aussi<br />
délicieux qu’édifiant du Testament de Dieu de Bernard Henri-Lévy (Grasset,