Agone n° 18-19 - pdf (1090 Ko) - Atheles
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LA QUESTON DU MAXIMUM<br />
pourquoi cette tendance critique s’épanouit davantage au sein d’autres<br />
champs scientifiques (sociologie, anthropologie, histoire ou encore<br />
géopolitique). Relativement au champ économique, énoncer certaines<br />
vérités sur l’économie – c’est-à-dire sur le capitalisme – signifie ainsi<br />
d’autant moins être dans le « vrai » que les médias vulgarisent<br />
unilatéralement et massivement le « vrai » de l’ordre dominant : les<br />
préceptes et recettes du néolibéralisme.<br />
Rétrospectivement, on peut noter que ces deux tendances (« positive » et<br />
« critique ») sont issues des luttes intellectuelles et politiques de la fin du<br />
XIX e et du début du XX e siècles, lorsque se posait encore le problème de<br />
l’institution de la société de marché. Mais, une fois la réponse donnée, par<br />
la force autant que par la conviction – et dans les sociétés occidentales, une<br />
réponse socialement acceptable a été apportée par les Colombes plus que<br />
par les Faucons –, la question n’était plus celle d’un choix de société, mais<br />
celle de l’administration de l’organisation sociale adoptée. Deux périodes,<br />
donc : celle de l’institution de la société de marché (correspondant à celle de<br />
l’économie politique) et celle de sa gestion (correspondant à celle de la<br />
science économique). C’est dire qu’une fois le problème idéologique<br />
« réglé », seuls les problèmes de simple gestion apparaissent comme<br />
légitimes (Quel homme politique ne réclame pas d’être reconnu avant tout<br />
comme un bon gestionnaire, pur de toute idéologie, c’est-à-dire de tout<br />
dessein politique ?). Comme l’indiquait Habermas il y a déjà trente ans :<br />
«À la place de l’idéologie du libre-échange, intervient un programme de<br />
remplacement qui est orienté en fonction des conséquences sociales et non<br />
pas de l’institution du marché, mais de l’activité de l’État tendant à<br />
compenser les dysfonctionnements dans la libre circulation des échanges ».<br />
La question n’est, par exemple, plus de savoir si le salariat est<br />
l’organisation la plus souhaitable du travail, mais quelle doit être<br />
l’évolution des salaires pour assurer des débouchés suffisants à une<br />
accumulation régulière du capital, sans en borner la rentabilité. C’est dans<br />
cette optique que se sont développées, lors même de la Seconde Guerre<br />
mondiale, les méthodes de la science économique moderne : la microéconomie<br />
(modélisation des comportements économiques « rationnels »<br />
propres à l’improbable homo œconomicus) et la macro-économie<br />
(comptabilité nationale, modélisation des économies nationales et<br />
économétrie). Au niveau politique, l’efficience – au moins provisoire – de