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REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

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241 La dernière partie.<br />

LA DERNIÈRE PARTIE<br />

Par John C. Harrison<br />

J’écrivis cette histoire à l’âge de vingt-quatre ans. C’était le début d’une période<br />

difficile pour moi, ne sachant pas trop bien qui j’étais ni ce que je pensais sur un tas<br />

de choses. Malgré ces incertitudes, j’avais le pressentiment de commencer à<br />

comprendre quelque chose au sujet de ma parole et de ce qui se cachait derrière<br />

cette difficulté à m’exprimer. Un soir, je décidai d’écrire une histoire qui mettrait en<br />

relief certaines de mes constatations (de mes états d’âme). En voici le résultat. Bien<br />

que les événements soient fictifs, les sentiments, eux, n’en sont pas moins réels. JCH<br />

[Ce texte de John est très intéressant à lire. En effet, nos sentiments/émotions et<br />

nos croyances sont d’importantes constituantes de notre Hexagone. Dans ce texte,<br />

John a voulu mettre en relief les états d’âme d’un jeune homme de 24 ans aux prises<br />

avec un problème de bégaiement. Je me suis permis de souligner des passages avec<br />

lesquels nous nous identifierons aisément. (Et dire que j’ai failli ne pas le traduire !)<br />

RP]<br />

Alors que Robert marchait sur le trottoir, il savait qu’il s’approchait du parc en<br />

entendant les cris et les rires discordants et inégaux des garçons. C’était un vendredi.<br />

L’école venait à peine de se terminer qu’il ressentait déjà cette liberté et cette<br />

euphorie d’une fin de semaine tant attendue, finalement arrivée. Il se sentait aussi<br />

libre que cette brise qui caressait ses bras et son front tout en déformant ses longs<br />

cheveux blonds en un fouillis confus. Personne pour lui prendre son temps ou lui<br />

donner des ordres. C’était ça, le luxe de la vie.<br />

Il déambulait sur le trottoir fendu et inégal, marchant prudemment sur les feuilles<br />

brunes et desséchées, formant une centaine de pièces délicates. C’était la fin de<br />

l’automne, déjà passé le temps où les arbres présentaient leur spectacle haut en<br />

couleurs. L’automne, c’est le temps pour mourir. Tout meurt en automne. Les arbres<br />

deviennent les squelettes d’une magnificence passée. La beauté éphémère des champs<br />

diminuait lentement au fur et à mesure que les longues herbes jaunissaient, se fanant<br />

en une maussade décadence. Les nations de criquets et de sauterelles qui le<br />

charmèrent tout l’été avec leur gazouillis sec et rythmique étaient ou bien mortes, ou<br />

retirées dans le sol durci, il ne le savait trop. Il subsistait pourtant une beauté malgré<br />

cette inévitable mort de la nature. C’était un deuil suave et profond qui ne manquait<br />

jamais de l’émouvoir lorsqu’il marchait, seul, l’automne.<br />

Tout au long de la rue, devant chaque maison de cette banlieue, les feuilles<br />

s’empilaient en hauteur ou étaient éparpillées en tas, lorsqu’elles ne se transformaient<br />

pas en fumée ou, la brise soufflant, s’envolaient dans les airs comme des flammes<br />

hésitantes. La fumée était odorante, presqu’aromatique pour Robert, car elle sentait le<br />

bois et le plein air.

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