REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

507 L’odyssée d’Andrew.
Merci pour votre temps John. Je pourrais continuer toute la journée. Peut-être devrais-je
mettre mes réflexions par écrit.
Je vous révèle cependant toutes mes pensées.
Take care.
Andrew Rees
John,
Je viens de réaliser que je suis déjà un locuteur fluide. Je suis comme toute autre personne
fluide. Plus besoin de lutter ; et lorsqu’une lutte se manifeste, je sais pourquoi. Quelle
merveilleuse sensation. Si je bloque, c’est que je considère le mot comme une performance. Mais
il ne doit pas être une performance. Je ne devrais pas lutter pour parler. C’est du moins ce que je
me dis, ainsi que le fait que le mot sur lequel je risque de bloquer n’est que cela, un mot. Je
commence à cesser de lutter et à voir le mot pour ce qu’il est.
Au sujet des connexions, je réalise que la lutte pour la fluence est justement ce qui me rend
disfluent. Je m’accroche à cette image à laquelle les autres s’attendent – un locuteur fluide -
lorsque je communique avec eux. Ils ne s’attendent pas à quelqu’un qui bégaie.
Je suis une personne fluide et autonome. Par conséquent, je suis comme eux. Alors je me dis
que je ne dois pas lutter pour parler comme eux. Cela me rappelle votre analogie avec le golf.
Merci pour cela; c’était magique, cette sensation totale du laisser-aller.
Je côtois cette sensation (laisser-aller) mais elle se manifeste par vagues. Je m’exerce à m’en
rappeler et à l’internaliser davantage. Je commence à me considérer comme quelqu’un qui,
parfois, bégaie, plutôt que (d’être) un bègue. Vous savez quoi? Le monde était pour moi différent
aujourd’hui.
Maintenant que j’en suis conscient, je m’efforce d’empêcher que le mode performance
s’installe. Et ce n’est qu’un début. Dès que vous vous dites : « Eh. Je me débrouille fort bien, » le
stress et l’instinct de performance refont surface. À ce stade, ils ne sont qu’instincts jusqu’à ce
que je les inverse. Ça m’a pris six ans pour les internaliser. Alors, ça prendra du temps pour les
en déloger. J’ai apprécié être moi-même aujourd’hui, pour faire changement. Et grâce à chaque
nouvelle connexion qui prend le relais et qui parle pour moi, j’apprends à m’aimer davantage.
Bien que j’en sois encore au stade préliminaire, je comprends mieux ce processus. Quelle
sensation que de ne plus avoir à lutter. Six ans à penser que je doive lutter pour parler, cela a été
long. L’ironie, c’est que j’ai toujours été un locuteur fluide; deux "moi" subsistaient donc en
parallèle.
Je réalise que c’est encore un autre long courriel, John; mais je ressens le besoin de vous
exprimer ce que je ressens. Probable que vous vous identifiez avec ce que je viens d’écrire.
Prenez soin de vous. Merci pour votre temps.