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REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

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256 Un long parcours.<br />

À cause de cette appréhension cancéreuse et parce que j'ai atteint un certain niveau de succès<br />

en tant qu'orateur dans un Club Toastmasters de Villes Jumelles, j'ai rédigé, au printemps<br />

dernier, un discours sur les calamités de l'année 1968 avec l'intention expresse de le lire devant<br />

mes anciens collègues de collège. Mais pour cela, il me fallait affronter non pas un mais deux<br />

démons. Ces démons, la peur et l'incertitude, prenaient une forme humaine sous les traits de ces<br />

innocentes personnes assises devant moi. Ces démons avaient élu domicile dans les régions<br />

refoulées de mon psychique depuis vingt-quatre ans...depuis ce tout premier jour où, ensemble,<br />

mes démons et moi, avions passés les portes du Collège La Salle. Mes démons étaient des amis<br />

qui, de façon trop assidue, avaient déformé la vérité sur mon bégaiement avec autant de ténacité<br />

que moi. Pour rompre avec ce passé... un passé criblé de honte et de culpabilité pour n'avoir<br />

jamais fait la paix avec mon bégaiement...et pour accepter cette personne que je vois tous<br />

les matins dans le miroir, il me fallait franchir ces vingt-cinq pieds, reconnaissant pour la<br />

première fois devant mes anciens camarades de classe, vingt ans après, que je bégayais et<br />

poursuivre mon chemin. Il fallait que je me débarrasse de tous ces fantômes, de ces démons,<br />

de ces souvenirs pénibles et de ces auto-récriminations. Et il me fallait le faire maintenant !<br />

Le front tout en sueur, les genoux tremblant comme des portes battantes et mon Arrid Extra<br />

Sec dépassé par les événements, je débutai par une déclaration à l'emporte-pièce : "Comme<br />

chacun de vous le sait," tout en regardant chaque paire d'yeux dans la pièce, "j'ai bégayé toute ma<br />

vie. Lorsque nous étions ensemble à La Salle, plusieurs de mes camarades, et probablement<br />

certains d'entre vous, croyaient que je ne pourrais jamais prendre la parole en public, que je<br />

devais oublier cela. Pendant des années...bien plus que je ne voulais me l'admettre...je l'ai cru<br />

aussi. Pourtant, en mai dernier, j'ai prononcé le discours que je vais prononcer ici aujourd'hui et<br />

pour lequel je retournai à la maison avec un trophée. Peut-être pensez-vous que je les avais<br />

trompés ?"<br />

Bien que les applaudissements furent foudroyants, ce n'était rien comparé à l'ovation dont je<br />

fis l'objet une fois mon discours terminé. Avec quelques larmes dans l'assistance...et une ou deux<br />

coulant sur mes joues, je retournai à ma chaise pliante, inconscient de tout sauf de la réalisation<br />

que je venais d'exhumer, d'affronter et d'exorciser le fantôme le plus influent, le plus tenace de<br />

toute ma vie.<br />

Ca m'a pris tout ce temps pour me remettre des émotions que je ressentis ce soir-là, et encore<br />

plus pour les exprimer sur papier. Ces sentiments de fierté, de libération et d'accomplissement<br />

qui ont alors vu le jour se sont certes, depuis, apaisés avec les réalités de la vie quotidienne; mais<br />

l'impact qu'ils ont laissé dans mon esprit demeurera probablement toujours présent. Tout compte<br />

fait, l'effet le plus réel, la vraie découverte de ce 13 août, est celle qui m'a pris le plus de temps et<br />

qui m'a demandé le plus d'efforts à reconnaître. C'est le fait que mon bégaiement importait peu à<br />

ces gens... et à la plupart des autres personnes !<br />

Arrêtez-vous un instant et réfléchissez attentivement à cette affirmation. Nul doute, cette<br />

vérité s'applique à chacun de vous ! Bien souvent, notre perception des autres par rapport à notre<br />

bégaiement est sans fondement. À cause de cela, nous passons trop souvent à côté d'occasions

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