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REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

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394 Un cheminement pour sortir du bégaiement.<br />

Le jour suivant, je pris la direction vers cet hôpital où j’avais reçu mon traitement lorsque<br />

j’étais en huitième. Quelques personnes rencontrées alors y étaient toujours, dont le directeur de<br />

la clinique. Également sur place cette journée-là, le professeur Asa Berlin en visite de<br />

l’Université d’État de Pennsylvanie. Il me parla d’un jeune professeur nouvellement débarqué à<br />

la clinique universitaire. Eugene Cooper venait d’être nommé professeur-adjoint et dirigeait un<br />

programme intensif en résidence appelé le <strong>Programme</strong> Thérapeutique pour Adultes s’adressant à<br />

des personnes comme moi qui bégayaient. Notre rencontre allait constituer un des événements<br />

majeurs de ma vie. Je ne le savais pas à ce moment-là, mais Gene allait devenir mon mentor<br />

professionnel.<br />

J’ai obtenu le financement du Service d’Administration de la Réhabilitation et je devais<br />

épuiser presque toutes mes maigres économies. J’ai participé, pendant deux semestres successifs,<br />

au programme de l’Université d’État de Pennsylvanie et j’ai assez bien réussi. Eugene et les<br />

autres cliniciens du programme étaient sur la même longueur d’ondes à propos de la nature et de<br />

la direction à prendre pour le traitement. J'ai appris ce que le bégaiement était et n’était pas.<br />

L’expérience du bégaiement perdait de son mystère. Je commençais à me désensibiliser au<br />

bégaiement et à devenir plus confiant au sujet de mon élocution. Plus important encore, ce<br />

traitement m’aida à comprendre que j'avais le choix : je n’avais plus à être impuissant lorsque je<br />

bégayais. Je commençais à percevoir les relations de cause à effet entre le bégaiement et ma<br />

réaction aux situations. Je comprenais que les mots que j’avais évités en étaient devenus plus<br />

puissants. Par contre, en choisissant de ne pas éviter ces mots, même si je bégayais en les<br />

prononçant, ils deviendraient alors moins menaçants. Je commençai à réaliser que je pouvais<br />

parfois me maintenir dans une situation en résistant à des forces inamicales telles que les<br />

réactions de mes interlocuteurs et la pression du temps. J’acceptais aussi les aspects<br />

humoristiques de mon élocution et de ma situation.<br />

Une fois le programme terminé, je retournai chez moi où j’avais un boulot temporaire pour<br />

l’été. Il est difficile de retourner chez soi, dans cet environnement où on a connu tant d’échec de<br />

la fluence. 178 Je me souviens avoir évité des endroits, des personnes, des mots et des sons. J’étais<br />

loin d’être libéré. Je me souviens aussi de la pression que je m’imposais à maintenir ma fluence<br />

lorsque je parlais avec des gens qui savaient que j’avais participé à un programme. Mes<br />

expériences avec la thérapie m’exposèrent à une carrière dont je ne savais pas qu’elle existait. À<br />

l’automne de la même année, je retournai à l’Université d’État de la Pennsylvanie afin<br />

d’entreprendre le programme de deux ans menant à la maîtrise en pathologie de la parole<br />

(orthophonie).<br />

Après mes cours à L’Université d’État de Pennsylvanie, j’ai travaillé pendant deux ans<br />

comme orthophoniste dans le réseau scolaire public en banlieue de Philadelphie. J'ai aussi suivi<br />

des cours à l’Université d’État du Michigan. Pendant tout ce temps, mon élocution demeura<br />

raisonnablement fluide. Mais je continuais encore à ressentir plusieurs craintes reliées au<br />

bégaiement. Je savais que les changements cognitifs et attitudinaux nécessaires au succès<br />

n’avaient pas encore rattrapé ma facilité à utiliser les techniques comportementales, les deux<br />

étant nécessaires afin d’atteindre la fluence. Cela allait prendre encore quinze ans avant que j’aie<br />

178 Ajout du traducteur : le Dr. Charles Van Riper avait déclaré que lorsqu’une personne qui bégaie retourne dans<br />

son ancien milieu (probablement suite à une thérapie), même les meubles semblent bégayer.

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