REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

Mon désespoir face au bégaiement me motiva à chercher le "trésor
caché,» la magie de l’expression spontanée. Un soir, complètement
désemparée, je commençai à écrire tout ce qui se laissait écrire, faisant
fi de mon juge d’Éditeur Interne si critique. C’est ainsi que je découvris
en moi un pouvoir dont j’ignorais jusqu’alors l’existence…un pouvoir
qui m’ébahit, dont je n’aurais jamais osé rêver et qui devait
révolutionner ma parole. C’est ainsi que je découvris cette réalité que,
dans les obscures profondeurs de mon esprit subliminal, se trouvait un
fleuve coulant, limpide, un fleuve "fluide," et que ce fleuve fluide était
mon expression spontanée (à la fois quoi dire et comment le dire). Mais
il y avait une attrape. Je ne pouvais posséder ce fleuve. Ni le contrôler.
Pas question non plus d’en forcer le cours. Cette force se trouvait en
moi, me faisait respirer et parlait pour moi.
Tel était le secret. Et s’il m’arrivait d’oublier ce secret pour
recommencer à "essayer" de parler ou de "commander" ce fleuve
fluide ou que je "poussais" les mots à sortir, ma fluence disparaissait.
Je garde toujours à l’esprit cette vision limpide, bien en vie et réelle :
que la parole est un fleuve fluide qu’on ne peut contrôler ni par la
pensée, ni par l’effort, ni par la planification, ni par essai et encore
moins le pousser ou le forcer. La parole ne constitue pas une
performance. Ni une bête sauvage que je dois apprivoiser. La parole est
un fleuve. Rien d’autre. Ce n’est que plusieurs années plus tard que, en
lisant un livre écrit par John Harrison, REDÉFINIR LE
BÉGAIEMENT, je compris enfin ce qui se produisait avec ma parole.
Ruth Mead