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REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

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242 La dernière partie.<br />

Parfois, les feuilles qui brulaient étaient rassemblées par les jardiniers avec des<br />

bambous ou des râteaux de métal. Ils se tenaient immobiles, tirant une pipe ou fumant<br />

une cigarette aux lèvres en regardant la fumée monter et les flammes battant au gré de<br />

la brise de l’après-midi. Ces jardiniers admiraient le spectacle de cette transformation<br />

hypnotique d’une feuille en cendres et en fumée.<br />

Robert tourna à l’intersection du magasin Mandell’s Candy et approcha du parc.<br />

Bien qu’il ne soit pas aussi large que d’autres parcs municipaux, il était tout de même<br />

adéquat pour une banlieue comme la sienne. On y retrouvait des sentiers sinueux<br />

asphaltés et en gravier, quelques bancs ici et là ainsi que des fontaines en béton qui<br />

gazouillaient sans cesse. Sous les chênes et les érables qui, en été, fournissaient un<br />

ombrage apprécié sur les sentiers, des infirmières en uniforme immaculé prenaient<br />

soin de petits enfants qui couraient rapidement, tout en émettant des petits sons<br />

stridents. Des femmes âgées étaient assises sur des bancs, regardant la mort d’une<br />

autre interminable année dont le nombre exact était plutôt vague ou, simplement,<br />

oublié. Une section du parc était ouverte avec, à l’une de ses extrémités, un terrain de<br />

baseball avec un pare-balles. Robert fit le tout du parc jusqu’à s’approcher<br />

suffisamment pour regarder par-dessus la haie et voir ce qui s’y passait. Il vit un<br />

groupe de garçons former des équipes. Impatients, ils attendaient d’être choisis par<br />

une équipe. C’était un honneur que d’être choisi parmi les premiers; Robert constata<br />

l’air déçu des derniers qui restaient alors qu’on les choisissait à contrecœur. Une fois<br />

les équipes complètes, le capitaine lança une pièce de monnaie afin de déterminer<br />

laquelle allait être au marbre en premier.<br />

Robert longea discrètement la haie et monta dans les gradins en bois. Ces gradins<br />

étaient vieux et défraichis; ils avaient vu se succéder plusieurs années de neige, de<br />

soleil et de pluie printanières. Il sauta d’un niveau à l’autre, faisant attention de ne pas<br />

se cogner les genoux ou les orteils sur les planches fendues. Il monta jusqu’au niveau<br />

le plus élevé et s’installa pour regarder la partie.<br />

Il trouvait agréable d’être seul dans les gradins, si haut, regardant une partie de<br />

baseball par un doux après-midi d’automne. Il venait parfois les fins de semaine<br />

regarder une partie; mais les gradins étaient alors bondés de monde criant et se<br />

poussant les uns les autres. Ce n’était pas pareil. Pour le moment, la partie avait une<br />

qualité pittoresque, exotique, comme l’image d’une carte-postale.<br />

De l’endroit où il se trouvait, il pouvait embrasser du regard le parc dans son<br />

ensemble, avec ses arbres dénudés et les gens qui y déambulaient lentement. À<br />

l’extérieur du parc, les voitures se déplaçaient lentement dans la rue. Le soleil<br />

d’après-midi étant bas dans le ciel, chaque garçon projetait une ombre qui, du point<br />

de vue de Robert, semblait plus que le double de sa propre taille.<br />

Monty Cafasso était celui dont l’ombre était la plus longue. Robert l’avait connu<br />

à l’école. Il était un grand gaillard, trop grand pour la huitième année qu’il avait<br />

coulée. Il avait un corps assez bien bâti et des cheveux sombres et droits qu’il<br />

empêchait, d’un mouvement rapide de la tête, d’obstruer sa vision. Ce que Monty

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