24.06.2013 Views

REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

255 Un long parcours.<br />

UN LONG PARCOURS<br />

Par JAMES P. O'HARE<br />

[Il y a plusieurs années, je visionnai un film sur le shérif d'une petite ville de l'Ouest<br />

américain qui refusait d'affronter des tueurs à gage. Il s'agit du film "High Noon". Ce film m'a<br />

transmis un puissant message : pour vaincre une peur, vous ne devez pas l'éviter. La seule façon<br />

de vaincre est de se tenir debout et de dire : "Me voici. Allons-y." Cette attitude est sans aucun<br />

doute importante pour quiconque s'efforce de composer avec le bégaiement. Au cours des ans, le<br />

"Letting GO", Newsletter de la NSA, a publié des articles qui, en plus de constituer de véritables<br />

sources d'inspirations, reflètent cette attitude. Cette expérience vécue par James P. O'Hare est<br />

un des meilleurs - John C. Harrison.]<br />

La distance était de vingt pieds. De la chaise pliante à l'estrade de fortune recouverte d'une<br />

teinture subissant, année après année, les effets de mains moites. Chaque pied parcouru me<br />

semblait, en réalité, un kilomètre sans fin et tortueux.<br />

Lorsque je me levai pour me diriger vers le podium en passant devant une centaine de<br />

visages remplis de curiosité, j'étais frémissant et confus. Obsédé par les premiers mots que je<br />

prononcerais dans quelques secondes, j'étais accompagné par les fantômes de mes innombrables<br />

humiliations, frustrations et larmes. Bien que muets et apparaissant aussi vite que les battements<br />

de mon cœur, ces fantômes se faisaient l'écho de ces émotions que j'avais souvent ressenties<br />

depuis presque quatre décennies de commentaires remplis de compassion ("Mon Dieu ! Ce<br />

pauvre garçon s'exprime très difficilement !") ; d'indifférence ("Qu'est-ce qui ne va pas avec<br />

celui-là ?") et d'insultes ("Aller, dis-le Porky Pig !"). Oui, la distance était de vingt pieds.<br />

Pourtant, il m'a fallu vingt quatre ans avant de la franchir. Le parcours fut très long et ses effets<br />

prendront du temps, beaucoup de temps à s'estomper. Par une soirée chaude et humide, je me tins<br />

debout, bien droit... bien que, depuis, il m’est encore arrivé de me courber.<br />

C'était le 13 août 1988 par une température on ne peut plus saisonnière d'un été<br />

"oppressivement" chaud, sans autre événement spécial prévu. Au Knights of Columbus Hall, à<br />

l'extrémité est des Cedar Rapids, dans l'Iowa, la classe de 1968 du Collège La Salle se réunissait<br />

pour célébrer vingt ans d'accomplissements, de revers, de gloire et de déceptions. Les<br />

compléments habituels à de tels événements - le souper, l'apéritif et la danse - allaient se<br />

compléter par un événement que la plupart ignoraient. J'allais prononcer, après le souper, un<br />

discours devant mes anciens camarades de classe...des camarades qui savaient fort bien que<br />

j'avais bégayé pendant toutes ces années d'études, il y a bien longtemps...et qui savaient que je<br />

bégayais toujours. Bien que j'allais bientôt découvrir que ma disfluence n'avait jamais été<br />

importante pour eux, c'était pourtant la chose la plus importante pour moi, m'ayant laissé une<br />

peur permanente et rongeante basée sur le sentiment qu'ils ne m'avaient jamais pris au sérieux,<br />

que j'avais été "le curieux garçon à part les autres" ou le "pauvre type" qui ne pouvait s'exprimer.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!