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REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

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392 Un cheminement pour sortir du bégaiement.<br />

1950 était des films muets sur lesquels on m’avait enregistré avec mes frères et sœurs plissant<br />

nos yeux éblouis par des ampoules aussi grandes que celles d’un stade et qui équipaient les<br />

caméras de cette époque. Bien que je ne puisse me rappeler d’événements spécifiques, je suis<br />

certain que, vers la fin de mon éducation primaire, je bégayais et qu’il est probable que mon<br />

comportement d’évitement avait déjà atteint un certain niveau. Vers la fin du collège, mon statut<br />

en tant que personne qui bégaie était indéniable. À partir de ce moment, plusieurs de mes choix<br />

allaient être dictés par la réalité, tout autant que par la possibilité, de bégayer. Il y avait plusieurs<br />

situations redoutées et embarrassantes, dont certaines associées aux demandes de feedback<br />

verbal en classe, spécialement les exposés oraux. Bien que j’aie été très heureux et que j’aie<br />

connu un raisonnable succès pendant mes années au collège et au Lycée, j’avais souvent<br />

l’impression d’être au bord d’un précipice en planifiant soigneusement mes mots pour éviter de<br />

tomber du bord de la fluence à l’abîme du bégaiement.<br />

Ayant tout de même survécu à ces années comme PQB, j’étais souvent frustré et parfois en<br />

colère par mon incapacité à découvrir ce qui pour moi comportait un potentiel supérieur. Je me<br />

souciais souvent de mon élocution et je ne me permettais pas de dire quelque chose sans scruter<br />

d’avance ce que j’allais dire, à la recherche des mots craints. Des années plus tard j’allais réaliser<br />

que j’avais eu des choses à dire mais que je n’avais pas eu le courage d’essayer de les dire. À<br />

cause de cette crainte du bégaiement, je refusais même de considérer la possibilité de participer à<br />

certaines conversations ou activités telles que les exposés oraux ou les pièces de théâtre<br />

scolaires. Mais peut-être encore plus fondamental, je réalisais que j’avais eu des idées dont je<br />

n’avais même pas soupçonné l’existence. C’était comme d’écrire quelque chose sans savoir ce<br />

que vous pensez avant de pouvoir le visualiser à l’écran. Et ces idées généraient d’autres pensées<br />

qu’autrement vous n’auriez pas eues. Parce que je m’efforçais tellement de fuir mon bégaiement<br />

en évitant des situations et en substituant des mots, je ne me permettais même pas, bien souvent,<br />

de découvrir ce que je pensais vraiment, pensées qui n’eurent donc aucune chance de s’épanouir.<br />

Je me suis aventuré, à quelques reprises, à suivre des thérapies au début et vers la fin de mes<br />

années de collège. À cette époque, les orthophonistes n’étaient pas disponibles dans bien des<br />

écoles. Pendant ma huitième, j’ai suivi une thérapie à l’hôpital local. Les cliniciens étaient<br />

bienveillants et connaissaient, de toute évidence, le bégaiement. Cependant, je ne crois pas qu’ils<br />

savaient grand chose de ce que c’est que de vivre avec le bégaiement ou même de ce que c’était<br />

que d’être une personne qui bégaie. Ou s’ils le savaient, ils n’ont jamais été capables de me<br />

communiquer cette connaissance, cette empathie. Ils m’ont donné des travaux à effectuer et dont<br />

je ne me rappelle même pas. Je ne crois pas qu’on m’ait demandé de bégayer volontairement, un<br />

acte contre lequel, j’en suis persuadé, je me serais rebellé. Je me rappelle qu’ils m’avaient<br />

demandé de poser de légères actions d’affirmation telles que de parler à des étrangers et de faire<br />

des appels téléphoniques. Et je me souviens que, peu importe ce qu’on me demandait de faire, je<br />

ne pratiquais pas, pas plus d’ailleurs que je pratiquais mon piano entre deux leçons. Mon<br />

élocution ne devait que très peu changer et je cessai de me rendre aux thérapies après quelques<br />

mois. De toute manière, le temps était venu d’aller au Lycée.<br />

Malgré l’opinion du conseiller d’orientation du collège selon qui « Je ne serais pas un sujet<br />

apte à suivre un cursus universitaire», j’ai tout de même tenté ma chance à une école de ma ville<br />

de Pennsylvanie. Le College Lycoming était, et est toujours, un « petit collège chrétien ». Non<br />

pas que les étudiants y étaient tous petits ; c’est juste qu’il ne comptait, et qu’il ne compte

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