REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

580 L’odyssée d’Andrew.
Cela fait maintenant dix-huit mois que je n’ai pas bloqué, ce qui est tout un soulagement.
Mais je n’étais tellement pas préparé pour tout ce que la vie sans blocage me réservait. En me
faisant de nouveaux amis, ma vie sociale prit de l’ampleur. L’expérience se compare à quelqu’un
qui se lèverait d’un fauteuil roulant pour recommencer à marcher !!
Composer avec la vie sans blocages est presque aussi difficile que lorsque je bloquais mes
émotions. J’aime bien visionner des films. La "Liste de Schindler" me fait toujours pleurer.
Lorsque quelque chose de négatif m’arrive, je regarde ce film, libérant ainsi les émotions qui
furent déclenchées pendant la journée ou la semaine. Des situations comme, par exemple,
quelqu’un qui s’est moqué de mon bégaiement ou a fait preuve d’impatience en m’écoutant.
J’utilise donc ce film pour me connecter aux émotions négatives ressenties à cause du
bégaiement. Je projette ainsi mes émotions et mes perceptions négatives au travers de cette
horrible histoire que fut l’holocauste, RESSENTANT VRAIMENT la sensation de pleurer et de
connecter avec cela.
Et puis je me suis intéressé au rire. J’ai donc acheté des DVD des Marx Brothers et je me
suis amusé à rire à gorge déployée ! Je n’avais pas vraiment ri depuis des années; le fait de
ressentir ce que ça fait m’a vraiment aidé !! Mes blocages m’ayant rendu tellement insensible
à presque tout ce que la vie avait à m’offrir, il m’apparut important de franchir des étapes en
me permettant d’au moins rire et pleurer. C’était un premier pas.
Je commence à distinguer certaines pièces du casse-tête. Un jour, on rejeta ma candidature
pour un emploi. Et parce que je ne me permettais pas de ressentir ce rejet, ma parole, pendant les
deux semaines qui suivirent, fut épouvantable, jusqu’à ce que je prenne contact avec ce que je
retenais (la COLÈRE). Je me rendis immédiatement au gymnase et je frappai comme un diable
sur le pauvre boxing bag. Puis j’écrivis à la compagnie une lettre plutôt affirmative (pas
agressive) demandant pourquoi on m’avait refusé ce travail.
Je m’étais déjà fait à l’idée que ce rejet s’expliquait par mon élocution. Comme toute autre
chose qui se produisait quotidiennement, tout ce qui arrivait de positif ou de négatif découlait de
ma parole. J’avais adopté l’habitude de me récompenser lorsque j’avais été fluide et d’être
réellement sévère envers moi-même lorsque j’avais connu des difficultés à m’exprimer. Mais
comme je ne bloquais plus depuis un certain temps, je ne me récompense plus pour avoir été
fluide, ce qui est signe de véritable progrès.
J’ai également observé que les autres (ceux qui ne bégaient pas) ne se souciaient pas de ma
parole, eux aussi ayant leur lot de difficultés au quotidien. D’accord, cela en fait rire quelquesuns
; mais ce n’est pas aussi important pour eux que ça l’est pour moi. J'ai atteint le stade où je
parle tout en me permettant de ressentir la panique et en mettant la peur de côté, un peu comme
si la panique n’était qu’une distraction (lire l’entrevue de John Harrison avec Jack Menear dans
le livre de John). 316 J’ai constaté qu’en faisant cela, je réduisais la peur et je ne bloquais pas.
Plusieurs personnes sont insatisfaites des thérapies; peut-être oublient-elles que pour venir à bout
du bégaiement, il faut d’abord comprendre la dynamique de ce qui se passe. Or, toutes les
informations à ce sujet se retrouvent dans le livre de John Harrison.
316 L’entrevue se trouve à la page 339.