REDÉFINIR LE BÉGAIEMENT - The McGuire Programme

420 Le problème avec la fluence mécanique.
de conversation dans tous les groupes de maintien de PQB que j’ai fréquentés sont
justement les peurs et les sentiments qu’éveille le bégaiement.
Dans les années 1980, j’ai suivi le programme de fluency shaping…DEUX
FOIS. C’était à la fois très intense et plutôt dispendieux. La base du programme
consiste à reconstruire la parole en entrainant les étudiants à parler extrêmement
lentement. Par exemple, un mot d’une seule syllabe sera prolongé pendant deux
secondes. Au fur et à mesure de la progression du programme d’une durée de trois
semaines, les syllabes seront raccourcies à une seconde puis à des intervalles d’une
demi-seconde.
Une partie du programme consistait à faire des appels téléphoniques à des
commerces pour poser des questions telles que « Vous êtes ouverts jusqu’à quelle
heure? » Et à la fin du programme, on se rend dans un centre d’achat local afin de
poser aux gens encore plus de questions. Pendant tout ce temps, on doit s’efforcer de
contrôler les cibles qu’on a apprises (respiration profonde et syllabes prolongées).
Bien que parfois "fluide", notre élocution était monotone et avait quelque chose
de mécanique ("robotique"). J’étais pas mal fluide à la fin du programme. On aurait
pu croire à un succès n’eut été la courte durée de cette fluence. Mais la réalité, c’est
que notre monde quotidien s’exprime à un débit pas mal plus rapide, rendant ainsi
encore plus difficile le contrôle des cibles. Même après des pratiques quotidiennes
chez moi, en utilisant une montre-chronomètre pour mesurer la durée des
prolongements de syllabes, je revenais à mes anciennes habitudes.
Je présume que ce sentiment de sécurité et d’isolement découlant du fait de se
retrouver, pendant autant de jours, dans un environnement si propice eut pour effet de
réduire temporairement la peur. Mais mes peurs spécifiques, telles que les appels à
froid à des clients potentiels 207 et les présentations professionnelles, n’attendaient que
mon retour à la maison.
J’ai appris la nature du conflit interne. On peut aussi désigner cela intention
partagée. Cette fois, le coupable c’est la seconde hypothèse (du programme),
hypothèse selon laquelle les PQB aiment parler en utilisant leurs cibles. Cette
élocution prolongée et souvent bourdonnante est loin d’être naturelle. Je crois que
ceux qui bégaient craignent de perdre leur identité en utilisant une élocution
prolongée de façon très évidente. N’est-il pas vrai que les personnes expriment leur
personnalité par la cadence, le ton et le volume de leur voix ? 208 Et parce que les
gens ne veulent pas perdre leur identité, une telle manière robotique de parler leur est
insatisfaisante.
On s’attend à ce que la PQB retourne au travail, dans sa famille et au sein de sa
communauté avec ce parler robotique, comme si de rien n’était. On exige donc de la
part de la PQB un changement d’identité pour le moins drastique. Comme l’un de
mes co-gradués du fluency shaping l’a si bien dit : « Les cibles ne font qu’attirer
encore plus l’attention sur mon élocution ! » Nous, les "shapers", avons fait de notre
mieux pour nous intégrer au programme; mais plusieurs d’entre nous avaient une
207 Jeff travaille dans la vente.
208 Les caractères gras sont du traducteur.